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Mairie de La Neuveville (3)

La carte de la surprise

L’UDC Anton Gutmann se voit bien jouer l’élément perturbateur dans la course à la barre de l’exécutif. Et s’il mène bien son embarcation, pourquoi pas endosser le rôle de capitaine...

Anton Gutmann, toujours affublé de son chapeau de marin, espère créer la surprise en devenant le capitaine de l’exécutif. SGO

Par Sébastien Goetschmann

C’est au club-house de la Bordée de Tribord qu’Anton Gutmann, qui a toujours vécu à LaNeuveville et ses alentours, nous a donné rendez-vous. «C’est pour moi le plus beau coin du monde, avec le lac, les bateaux, les Alpes, qui sont visibles en arrière-plan par temps favorable», avoue celui qui a été capitaine – comprenez président – du club de voile neuvevillois durant trois ans.

S’il a décidé de se mettre en course pour le poste de maire, c’est pour secouer un peu le monde politique de la ville, très majoritairement centre-gauche, dans laquelle il a grandi. «L’objectif premier du parti est de retrouver au moins un siège au Conseil général et pourquoi pas au Conseil municipal. Ensuite, pour le poste de maire, nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise, comme le prouve la situation que nous vivons aujourd’hui.»

 

Evaluer ses forces
Plus petit parti à s’être mis en lice, avec quatre candidats au Conseil général et trois au Conseil municipal, l’UDC a tardé avant de sortir du bois. «Nous n’avons pas les mêmes moyens humains que nos adversaires politiques, d’autant plus avec la défection d’Anne-Caroline Graber, qui était naturellement pressentie sur notre liste, mais qui n’a tout simplement pas le temps. Nous devons alors jouer sur l’effet de surprise pour attirer l’attention.»

Ceci n’explique qu’en partie le dépôt de liste très tardif du parti agrarien. Une autre partie de l’explication est à chercher du côté d’une alliance manquée avec le PLR, bien implanté à La Neuveville. «Nous nous sommes manifestés un peu à la dernière minute et les libéraux-radicaux n’ont pas voulu de cette entente», avoue Tony Gutmann.

N’aurait-il dès lors pas fallu s’effacer et soutenir la campagne PLR afin de ne pas diviser les voix à la droite de l’échiquier? «C’est peut-être un risque, mais relativement minime puisqu’il y aura un deuxième tour. Et puis cela permettra d’évaluer la force de l’UDC. En ville, nous avons plutôt mauvaise réputation parce que nous osons aborder les sujets tabous et nous n’avons pas peur d’annoncer les mauvaises nouvelles. Mais il ne faut pas tirer sur le messager!»

 

Favoriser le tourisme
En ce qui concerne les sujets tabous et la réputation de «bad boys» et «bad girls» des agrariens, nous y reviendront. A l’instar des autres candidats à la mairie, le patron d’une entreprise de transports et d’entreposage de bateaux, mentionne le plan d’aménagement des places de la Gare et du Marché comme dossier primordial.

«Il doit s’agir du cinquième projet étudié, et il est grand temps que cela aboutisse. Nous avons besoin de davantage de places de parc pour accueillir les touristes. Je suis persuadé qu’il faut miser sur le tourisme local et régional à l’avenir.»

La construction d’un tunnel CFF à double voie, à Chavannes, est également un dossier qui tient tout particulièrement à cœur de l’homme de 63ans. «Cela me touche tout particulièrement, puisque c’est là que j’ai passé mon enfance. Il faudra être persévérant, car les travaux, qui devraient commencer l’an prochain, dureront certainement entre cinq et dix ans. C’est un défi pour LaNeuveville que je serai prêt à relever.»

«Dans le cas peu probable où Moutier choisirait de rejoindre la République et canton du Jura», poursuit-il ironiquement, «je me battrai aussi pour qu’une partie de l’administration revienne à La Neuveville.»

Au niveau politique, dont il a une certaine expérience en ayant siégé durant huit ans au Conseil général et en faisant partie de plusieurs comités, comme la commission scolaire ou le syndicat des eaux de Douanne-Daucher, Gléresse, La Neuveville, Tony Gutmann estime que l’UDC est populaire, dans le sens de proche des préoccupations de la population, et qu’elle a une place à prendre dans le paysage politique neuvevillois.

«Comme je le dis régulièrement, je souhaite jouer un rôle d’opposition, car il me semble que les trois partis actuellement représentés au sein de nos autorités sont souvent d’accord entre eux. Proposer une autre voix et dénoncer les problèmes, ce que fait l’UDC depuis longtemps, ne peut être que bénéfique pour améliorer les débats.»

 

Sujets sensibles
S’il estime que la commune se porte bien et que les autorités ont fait du bon travail jusqu’ici, Tony Gutmann s’inquiète pour l’avenir. «Il n’y a pas de grosses tares à relever dans la gestion de la commune, mais de petites choses à améliorer. Cependant, nous étions dans une période relativement calme, ces dernières années, alors qu’une phase bien plus compliquée se profile à l’horizon», avance ce père de deux garçons.

Conscient de la crise sanitaire que nous traversons actuellement, Anton Gutmann se présente donc aussi pour que la droite puisse exprimer une voix forte et avancer des idées différentes de ses opposants. «J’ai grand souci que l’économie périclite, que les petites et moyennes entreprises fassent faillite. C’est pour cela qu’il faut être vigilant et l’UDC a souvent montré qu’elle est prête à prendre des décisions drastiques lorsque c’est nécessaire.»

Pour corroborer ses affirmations, le candidat cite l’exemple d’un conseiller municipal responsable de la sécurité, qui avait réintroduit le couvre-feu pour les mineurs en 2007. «Il s’agissait en fait d’un règlement de police qui n’était tout simplement plus appliqué. Je suis aussi prêt à faire appliquer les lois.

Enfin, pour en terminer avec les thèmes «tabous», prenant l’exemple du voisin français, Anton Gutmann soulève aussi l’inquiétude que suscite l’immigration. «Là aussi, la vigilance est de mise. Les pays alentour sont saturés d’immigration et la Suisse ne peut rester un îlot paradisiaque. Le renforcement des contrôles est indispensable», assure l’homme qui s’est également impliqué pour le Foyer d’éducation de Prêles.

«Je me suis aussi engagé, en tant que citoyen, dans le comité qui a permis d’empêcher le mauvais projet d’installation d’un centre de renvoi pour requérants d’asile déboutés. Nous avons été à l’écoute de la population, qui était contre cette entreprise, comme en attestent les 1400 signatures que nous avions recueillies pour la pétition.» Un autre projet, visant à y intégrer l’école de sport de Macolin est actuellement en réflexion.

 

Une personnalité connue
On l’aura compris, Tony Gutmann ne se place de loin pas en tant que favoris dans cette course à la mairie, mais il se dit optimiste pour une éventuelle surprise. «J’espère obtenir un bon score», assure-t-il. «Les gens me connaissent ici. Ils savent que j’aime cette région et que je m’engage pour la commune.» En effet, le candidat a notamment été caissier du musée et il a participé à la mise sur pied d’une section juniors au sein de club de voile de la Bordée de Tribord.

«A l’image de mon entreprise, je suis quelqu’un de fiable et les gens peuvent venir directement vers moi pour partager leurs préoccupations», avance-t-il encore comme argument en sa faveur. «Même si j’ai naturellement des opposants, je compte sur les citoyens qui ne votent pas forcément pour un parti, mais plutôt pour une personne, à m’aider à prouver que j’ai bien fait de jouer la carte de la surprise.»

 

Hisser la grand-voile
En parlant de sa passion de régater sur les étendues d’eau, Tony Gutmann ne manque pas de tracer des parallèles entre le monde de la voile et le monde politique. «Pour qu’un équipage soit efficace et que l’embarcation puisse atteindre son but, il faut un bon esprit d’équipe, de la rigueur et une bonne vision de l’ensemble du plan d’eau. Ensuite, il faut une bonne préparation pour connaître le terrain et ainsi permettre d’anticiper au mieux ce qu’il va arriver, d’avoir une vision sur l’avenir, de prévoir les bascules de vent. Enfin, chacun membre de l’équipage doit tenir son rôle.»

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