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Canton de Berne

La prévention passe avant l’autodéfense

La députée demandait que l’Etat s’engage contre la violence, dont l’augmentation concerne notamment les écoles. C’est fait, lui a en quelque sorte répondu l’exécutif.

Anne-Caroline Graber: partiellement entendue par le Conseil exécutif, dont elle espérait sans aucun doute une prise de position plus ferme. S. Gerber

Pierre-Alain Brenzikofer

Renforcer l’offre de cours d’autodéfense et de prévention de la violence à l’école obligatoire? Le Conseil exécutif considère comme réalisée cette demande sous forme de motion d’Anne-Caroline Graber (UDC, La Neuveville).

C’est pour cette raison qu’il proposera au Grand Conseil d’accepter l’intervention, mais justement de la classer en sus comme étant déjà réalisée. Une exception, cependant: le gouvernement suggère d’avaliser, certes sous la forme moins contraignante du postulat, le point stipulant que la Direction de l’instruction publique et les établissements scolaires doivent déterminer à quels degrés scolaires, à quelle fréquence et sous quelles formes ces cours seront offerts.

Mais revenons déjà à l’argumentation d’Anne-Caroline Graber. Selon cette dernière, la violence est une réalité délétère à laquelle beaucoup de personnes sont confrontées. Elle entraîne notamment des coûts sociaux, qui pèsent sur les finances publiques, et aussi un sentiment d’insécurité attentatoire à la cohésion sociale.

Pas suffisant
«Que ce soit à l’école ou dans leur vie privée, beaucoup de jeunes y sont souvent confrontés. Les rackets, les diverses formes de harcèlement, les stigmatisations, les humiliations de toutes sortes, les aversions à l’égard de celles et ceux qui sont différents sont fréquemment accompagnés par des actes de violence physique», plaidait la députée dans l’exposé de ses motifs.

De quoi affirmer que dans le cursus scolaire, certaines dimensions fondamentales de la vie humaine, telle que la protection de son intégrité, voire, dans les cas les plus graves, de sa pérennité, pourraient être davantage prises en compte: «Cela d’autant plus que la violence scolaire est en augmentation dans notre société, martelait-elle. En ce domaine, la prévention est certes louable. Mais à l’évidence, elle ne déploie que des effets limités...»

Anne-Caroline Graber avait alors beau jeu de rappeler que de plus en plus d’établissements scolaires de Suisse alémanique et romande prévoient des cours d’autodéfense dans leurs programmes.

Comme quoi, en plus de la requête acceptée sous forme de postulat et décrite ci-dessus, la politicienne demandait que le gouvernement encourage l’offre de cours d’autodéfense et de prévention de la violence au moins facultatifs à l’école obligatoire, et qu’il entreprenne aussi les démarches nécessaires pour promouvoir l’offre de cours d’autodéfense dans le cursus de la formation des enseignants de sport.

«Le recours par les établissements scolaires à des spécialistes extérieurs sera autorisé», exigeait-elle enfin. Eh bien, comme déjà relevé, le gouvernement considère tout cela comme étant déjà réalisé.

Tout comme il rappelle que cette motion porte sur un domaine ressortissant exclusivement à lui. Dans son argumentation, un peu en guise d’apéro, il révèle déjà que la police cantonale publie sur son site internet différents brochures informatives sur le thème de la prévention, et notamment une intitulée «Les jeunes et la violence, informations et conseils à l’attention des parents et des responsables de l’éducation».

Cela dit, il considère néanmoins que les victimes potentielles doivent trouver une protection à l’école, la violence n’ayant pas lieu d’y être. L’exécutif cite aussi le Plan d’études romand (PER), qui propose de nombreuses possibilités de traiter du sujet. Il note surtout que sur la base des thèmes inscrits dans les plans d’études, de nombreuses écoles proposent aujourd’hui des cours d’autodéfense dans le cadre de l’enseignement du sport au degré secondaire I (trois dernières années).

Toujours est-il que selon le Conseil exécutif, il est plus efficace de mettre en œuvre des mesures visant à prévenir la violence et d’encourager l’aptitude à gérer les conflits chez les enfants et adolescents plutôt que d’organiser des cours d’autodéfense: «Ces derniers suscitent parfois la controverse chez les spécialistes, car il existe le risque d’une utilisation abusive», juge la Berne cantonale.

Elle n’en poursuit pas moins que pour ce qui est de la prévention des agressions, organiser des cours d’autodéfense au degré secondaire I peut aussi se révéler pertinent. D’où la proposition de postulat.

Tout est accompli
Pour ce qui est de l’autodéfense, la formation des profs de sport vise un enseignement orienté sur les valeurs, dans lequel la prévention de la violence prime l’utilisation des moyens de contre-attaque. Le gouvernement estime dès lors que l’encouragement d’offres de cours d’autodéfense dans le cadre de la formation des profs de sport est accompli.

Tout est accompli!

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