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Bienne: élections municipales

Le centre victime de la polarisation

Les partis du centre – PPB, PBD, PDC et les Vert’libéraux – ont fait les frais dimanche des succès de la gauche et de l’alliance UDC/Les Confédérés

Président du Parti bourgeois démocratique, Reto Gugger a vécu les élections de dimanche comme un «tremblement de terre». Anita Vozza

Didier Nieto

Si la composition du Conseil municipal restera identique lors de la prochaine législature, le visage du parlement subira d’importants changements. La gauche (+5 sièges) et l’UDC/Les Confédérés (+3) sont les grands gagnants du scrutin de dimanche. Des victoires acquises au détriment des partis du centre. Les Vert’libéraux ont perdu deux de leurs six fauteuils (voir encadré). Pour l’alliance bourgeoise PPB/PBD/PDC, le constat est encore plus cinglant: quatre de ses six représentants ont été éjectés de l’hémicycle. «C’est un véritable tremblement de terre», réagit Reto Gugger, président du Parti bourgeois démocratique. «Je suis étonné que le renforcement des extrêmes observé au niveau national se réalise de la même manière à l’échelle locale.»

Président du Parti du peuple biennois, Andreas Sutter confirme: «Le centre fait les frais de la polarisation de la politique.» Mais la déroute de dimanche ne le surprend pas, «même si le scénario qui s’est produit est le pire que j’avais imaginé».

«Discrets et modestes»
Cette débâcle illustre les difficultés du centre à se positionner face aux électeurs, estiment les deux politiciens. «La politique consensuelle que nous appliquons est difficile à transmettre. Les médias préfèrent parler d’un scandale que de rapporter une explication plus complexe sur l’équilibre budgétaire par exemple», avance Andreas Sutter. Reto Gugger abonde: «Nous ne donnons pas dans le spectaculaire. Nous ne nous sommes pas emparés de thèmes comme la maison orange ou les subventions à la culture qui font les gros titres de la presse.»

Le centre doit-il donc repenser sa stratégie? «La politique consisterait donc à choisir des sujets uniquement pour qu’on parle de nous? J’en doute», vitupère Reto Gugger. Andreas Sutter tempère: «Je pense que nous nous sommes montrés trop discrets et trop modestes durant la campagne.»
Les deux présidents seront les seuls rescapés de leur parti au Conseil de ville l’année prochaine. Représenté dans l’hémicycle depuis 1980, le PDC a été évincé, puisque son unique ambassadrice – Chantal Donzé– n’a pas été réélue. «Mais le centre aura encore un rôle à jouer au parlement», assure Reto Gugger. «Les extrêmes auront davantage de poids, mais aucun ne détient la majorité. Les partis du centre feront donc la différence.»

Le président du PBD s’attend cependant à davantage de populisme durant les débats. «Je pense que le futur Conseil de ville soulèvera beaucoup de problèmes, mais qu’il ne sera pas efficace pour apporter des solutions.»
Andreas Sutter prédit lui aussi un parlement «à l’équilibre instable». «Chaque voix comptera.»

Vers une fusion du centre?
Reste qu’avec seulement deux élus, l’avenir de l’alliance bourgeoise semble bien sombre. «Nous sommes de retour au niveau d’il y a quatre ans, relativise Reto Gugger. Nous ne disparaîtrons pas. Nous nous battrons pour prouver que les positions centristes sont nécessaires dans le débat.»
Andreas Sutter est moins catégorique quant à l’avenir du PPB, parti né en 2010 suite à la scission de l’UDC. «Je crois que les petits partis ont intérêt à se concentrer. Une fusion est envisageable.»

«Parlement fragmenté»

VERT'LIBERAUX  Le PVL a perdu dimanche deux des six sièges acquis en 2012. «C’est une déception, mais pas une surprise étant donné l’excellent résultat obtenu il y a quatre ans», commente Dennis Briechle. Le président du parti estime lui aussi que le centre a été victime de la polarisation du parlement. «Nous n’avons pas réussi à démontrer que les positions équilibrées étaient une nécessité», analyse-t-il. «Il a, de plus, manqué au PVL un sujet rassembleur cette année, comme l’avait été la pétition sur la place du Joran en 2008 ou l’initiative populaire Publilac en 2012.» Dennis Briechle regrette aussi que la campagne électorale, «pas très animée», n’ait pas été le théâtre de débats sur les grands thèmes actuels: finances, Agglolac, branche Ouest de l’A5... 

Avec le renforcement de la gauche au Conseil de ville, le PVL perdra sa position de pivot. «Mais les sujets ne rassemblent pas systématiquement toute la gauche ou toute la droite. Le parlement est fragmenté. Nous aurons donc un rôle à jouer.» Contrairement à Reto Gugger et Andreas Sutter, Dennis Briechle n’a pas été réélu dimanche. «Je suis déçu bien sûr. Mais je savais que je risquais de perdre mon siège si le parti perdait des voix.» Le candidat malheureux restera-t-il à la tête du PVL? «Je ne peux pas répondre à cette question pour l’instant.»

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