Vous êtes ici

Abo

Tavannes

«Le petit Digger du Jura bernois a fait bonne figure!»

Le projet de déminage en zone urbaine de Digger a terminé au 6e rang du concours international Robotics Awards for Good à Dubaï.

L’équipe de Digger présente à Dubaï était composée de (de g. à dr.) Loïc Rossé, Thomas Dalla Piazza, Jonathan Guerne et Frédéric Guerne. Ici avec le responsable de l’atelier de Caterpillar à Dubaï (au milieu). Photo: Digger

Catherine Bürki

Pas de victoire, mais une belle expérience pour Digger. La bien connue fondation tavannoise spécialiste du déminage était de passage à Dubaï ce week-end à l’occasion du concours international Robotics Awards for Good. Qualifiée pour la finale de cette compétition axée sur l’innovation dans le domaine de la robotique, elle s’est hissée sur la sixième marche du podium avec son projet de déminage en zone urbaine DOME. Un résultat certes honorable, mais pas suffisant pour décrocher le gros lot. A savoir le joli pactole d’un million de dollars réservé au grand vainqueur.

Une réelle fierté
Quand bien même la victoire n’était pas au rendez-vous pour l’équipe de Digger, soulignons que la satisfaction, elle, était de mise ce week-end. Joint par téléphone au terme de la compétition samedi soir, Frédéric Guerne, directeur de la fondation, ne se sentait de loin pas l’âme d’un perdant. «Alors qu’il y avait 1300 candidatures au départ, nous sommes parvenus à faire parti des dix finalistes présents à Dubaï et à nous classer sixième. C’est génial», se réjouissait-il, plein d’enthousiasme. «Nous pouvons être fier. Le petit Digger du Jura bernois a fait bonne figure!»

Si le passage en terre dubaïote n’a pas fait gonfler le porte-monnaie de la fondation, Frédéric Guerne assure ne pas rentrer les mains vides pour autant. «Nous avons pu nouer des liens avec les équipes concurrentes qui venaient pour certaines de prestigieuses universités ou d’importantes entreprises internationales», indique-t-il, avouant aussi avoir pris plaisir à découvrir Dubaï. «Tout y est démesure. Le concours est d’ailleurs financé par le maire de la ville, dont le fils est un passionné de technique.»

Le défi du déminage urbain
Mais surtout, Frédéric Guerne relève que la participation au concours aura eu l’avantage de booster la réalisation du projet DOME. «Afin d’être prêt pour la compétition et nos 15 minutes de démonstration, nous avons dû accélérer le développement. Cela nous a fait gagner plusieurs mois de travail.»

Un gain de temps non négligeable, qui permettra à la fondation d’entamer au plus vite le travail de déminage en zone urbaine, sur les terres dévastées d’Irak et de Syrie. «Jusqu’à présent, nous nous occupions essentiellement de zones rurales», explique le spécialiste. «Nos machines habituelles peuvent déminer des champs et des forêts mais pas des zones bombardées où l’on trouve des blocs de béton à perte de vue et où les mines peuvent être enfouies à plusieurs mètres de profondeur.»

Visant à pallier à ce manque, le projet DOMEprévoit, en bref, l’utilisation de chiens démineurs munis de harnais avec caméras et puces GPS pour détecter les pièges, puis de machines de chantier pour les neutraliser. «L’idée est d’adapter des machines locales à l’aide d’un kit de transformation afin de les rendre aptes à détruire les mines et pilotables à distance grâce à un casque de réalité virtuelle.» Une solution rapide et bon marché qui, comme le relève Frédéric Guerne, évite de mettre la vie du démineur en danger et en sauvera d’autres. «En Irak, des civiles commencent à dégager eux-mêmes les décombres à la main alors que le terrain est truffé d’explosifs de l’Etat Islamique. Il faut que l’on puisse intervenir au plus vite afin d’épargner des vies.»

Bon perdant
S’il convient que le million de dollars en jeu à Dubaï aurait permis d’accélérer encore la mise en service du projet DOME, Frédéric Guerne se montre bon perdant. L’équipe gagnante, qui a développé un projet de prothèses médicales robotisées réalisables à bas prix grâce à une imprimante 3D, méritait selon lui la victoire. «Le concours est très orienté sur l’innovation et récompense les projets de robotique servant au bien de l’humanité», relève-t-il. «Cette prothèse est vraiment innovante. Le résultat du concours tient la route», sourit-il.

Et de préciser que le projet DOME arrive quoi qu’il en soit à bout touchant. «Nous sommes encore à la recherche de fonds mais si tout se passe bien, nous devrions pouvoir lancer un projet pilote en Irak cet été.»

Articles correspondant: Région »