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projet pilote

Les jeunes sur le lieu du crime

La Ville veut sensibiliser les étudiants au problème du littering.

A Bienne, le littering coûte chaque année environ 800000 francs à la Ville. (Archives)

Christian Kobi

Quoi de mieux pour s’aérer l’esprit que de savourer son repas de midi sur un banc public, dans un parc ou au bord du lac? Chaque jour où la météo le permet, ils sont nombreux, les étudiants ou les employés, à choisir cette option en plein air. Si la majorité d’entre eux ont le réflexe de déposer leurs déchets dans les endroits prévus à cet effet une fois leur repas terminé, certains, de manière consciente ou par étourderie, laissent une trace visible de leur passage: emballages en plastique, vaisselle jetable, canettes...

Afin de lutter contre l’abandon des déchets sur la voie publique – ou littering – et pour sensibiliser les gens à ce phénomène, les Villes de Bienne, Berne et Thoune ont décidé de mettre l’accent sur la prévention en offrant un cours gratuit aux étudiants des écoles moyennes et professionnelles spécialisées durant l’année scolaire 2014/2015. Le projet pilote est mené par la Fondation suisse pour la pratique environnementale (Pusch), qui a été mandatée par les trois villes. Son but? Promouvoir une attitude responsable face aux déchets et aux ressources.

Eviter les stigmatisations

«L’idée de ce cours n’est pas de stigmatiser les jeunes, qui ne sont bien évidemment pas les seuls responsables du littering, mais de les sensibiliser au problème et de leur donner les outils pour le combattre», a précisé Barbara Schwickert hier lors de la conférence de presse visant à présenter le projet à Berne. La directrice des Travaux publics, de l’énergie et de l’environnement de la Ville de Bienne était accompagnée de ses homologues de Berne, Ursula Wyss, et de Thoune, Roman Gimmel. 

Cette forme d’incivilité moderne coûte annuellement entre 150 et 200 millions de francs aux communes helvétiques, selon une étude effectuée en 2011 par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). A Bienne, son coût est estimé à quelque 800000 francs. «Ce problème nous préoccupe depuis longtemps. Par le passé, le Parlement des jeunes de Bienne s’est déjà penché sur la question des déchets et la gestion des ressources. Il est notamment à l’origine de l’installation de poubelles au bord du lac incitant les passants à trier leurs déchets», a tenu à rappeler Barbara Schwickert.

Du travail de terrain

Le cours proposé aux écoles moyennes et professionnelles spécialisées s’intitule «Lieu du crime et éparpillement des déchets». Il s’articule en trois leçons qui seront dispensées par un spécialiste en questions environnementales de la fondation Pusch. Durant ces cours, les étudiants seront amenés à sillonner les villes en qualité de reporters pour rechercher les causes et les répercussions du phénomène de l’éparpillement des déchets. 

Sur la base des observations réalisées dans la rue et des questions posées aux passants, les étudiants mettront en exergue divers aspects en groupes: quelle est la cause de l’éparpillement des déchets? Comment ces déchets sont-ils perçus par les passants? De quelles matières sont-ils et comment peut-on les recycler après leur évacuation correcte? Les enseignements tirés et les propositions de solutions seront ensuite rassemblés sous forme de messages vidéo.

«Nous analyserons ensuite les résultats avec la fondation Push pour voir si ce concept répond à un besoin», détaille Barbara Schwickert, ajoutant que «le littering n’est pas quelque chose de quantifiable, on ne pourra par exemple pas prétendre qu’il y a 20 kg de déchets sauvages en moins grâce à ces cours. C’est plutôt dans le comportement et dans la prise de conscience des gens que nous verrons si cette action porte ses fruits ou non.»

Sur inscription

Écoles Cinq classes se sont jusqu’à présent inscrites pour participer à ce projet, qui est financé à hauteur de 30000 fr. par la Ville de Berne et de 15000 fr. par celles de Bienne et de Thoune. «Nous n’avons malheureusement encore enregistré aucune inscription à Bienne, indique Barbara Schwickert. Nous allons travailler avec le département de la Formation pour promouvoir ce module dans les écoles biennoises, l’expliquer aux professeurs et les encourager à participer.» L’offre est également disponible en français, «une condition indispensable pour que Bienne y participe», précise la conseillère municipale. Le concept pourrait par la suite être introduit dans d’autres communes, qui verseraient alors un montant symbolique pour le coût de développement du module.

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