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Moutier: Faites la liberté

L’histoire pour plaider le «oui»

Plus de 300 personnes ont pris part à la dixième édition de la manifestation Faites la liberté samedi

Les Prévôtois Laurent Coste, Maxime Zuber et François Boillat ont fait un plongeon dans l’histoire de Moutier samedi. Stéphane Gerber
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Catherine Bürki

Traditionnel rendez-vous estival pour le camp autonomiste, la manifestation Faites la liberté a vécu sa dixième édition samedi à Moutier. A quasiment une année du vote communaliste du 18juin 2017, l’événement a attiré bon nombre de visiteurs.
Cœur de l’événement, la partie politique a rassemblé plus de 300 personnes, dont plusieurs personnalités du monde politique régional.

«La fête s’inscrit dans un contexte particulier. A une année du verdict, chacun sent monter en lui une certaine tension», a d’emblée relevé Pierre-André Comte, secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien (MAJ). Après avoir profité de l’édition 2015 pour présenter le comité de campagne «Moutier ville jurassienne», les organisateurs de Faites la liberté ont cette fois-ci choisi d’administrer une piqûre de rappel historique au public, ceci dans le but de démontrer que la destinée des Prévôtois a de tout temps été de rejoindre le Jura.

Destin jurassien

Pour ce faire, trois orateurs ont été invités à plonger dans les méandres du passé. Président du MAJ et directeur du comité «Moutier ville jurassienne», Laurent Coste a d’abord fait état des étapes historiques qui, selon lui, conduisent indéniablement la ville de Moutier au Jura. «Les Prévôtois appartiennent au peuple jurassien, et seules les tricheries bernoises les ont empêchés de construire, avec leurs frères jurassiens, la nouvelle République du canton du Jura», s’est-il exclamé.

Pour illustrer ses propos, il a évoqué divers épisodes, dont ceux des plébiscites d’autodétermination. «Des campagnes haineuses ont été menées par nos adversaires antiséparatistes. Les probernois accusaient les Jurassiens d’origine de ‹fausser l’histoire›, alors qu’il a été établi que la population francophone de Moutier et de son district s’est prononcée en majorité pour le canton du Jura aussi bien le 23 juin 1974 que le 16 mars 1975.»

Arguant que le choix de Moutier lors du «faux plébiscite» de 1975 (lors duquel la ville a refusé de devenir jurassienne) a été «fortement influencé par le versement des fonds occultes de l’Etat bernois», il a souligné que la population jurassienne n’a dès lors cessé de croître électoralement, la majorité autonomiste se renforçant ainsi au sein des autorités prévôtoises. Et d’évoquer, pour corroborer ses propos, la récente élection du PDC Marcel Winistoerfer à la mairie.

Un dialogue inutile?

Dans son exposé, Laurent Coste a encore évoqué le vote consultatif de 1998. «S’il s’est trouvé des Jurassiens opposés au rattachement de Moutier au canton du Jura, ils sont revenus depuis lors à des considérations qui font fi de la fausse ‹unité du Jura bernois›», a-t-il avancé.

Pour étayer ce sujet, parole a alors été donné au second orateur de la journée, l’avocat François Boillat. Faisant à l’époque partie des autonomistes sceptiques à l’idée de voir Moutier rejoindre seule le Jura, ce dernier s’affiche aujourd’hui comme un défenseur du «oui».
Comment expliquer pareil revirement? S’assurant Jurassien dans l’âme, François Boillat a expliqué ne pas avoir accepté de voir, en 1975, son pays se déchirer.

Suite à l’apaisement des violences engendrées par les plébiscites, il dit avoir voulu croire au dialogue instauré à l’époque entre nord et sud – par le biais de l’Assemblée interjurassienne (AIJ) notamment – pour rétablir l’unité de la région. «Le rattachement de la seule ville de Moutier au Jura me semblait alors inconcevable!», se souvient-il.

S’avouant profondément déçu par les résultats des débats de l’AIJ, François Boillat a confié samedi ne plus rien attendre aujourd’hui d’un dialogue entre nord et sud. «Le rapprochement espéré ne s’est pas réalisé, on a fait du surplace», a-t-il déploré. «Dans le canton de Berne, la ville de Moutier n’est rien, alors qu’elle aura une réelle force d’agir dans le Jura. C’est ça qui compte aujourd’hui!», a-t-il conclu.

Pour clore le cycle de conférences, soulignons que la parole a été donnée au maire sortant samedi. Maxime Zuber a fait état des nombreux bienfaits apportés selon lui à la ville par les autorités autonomistes en place depuis plus de 30 ans. «Parce que, depuis 1986, elles doivent démontrer leur capacité à gérer, faire leurs preuves et convaincre, les autorités autonomistes ont redoublé de dynamisme, ont affiché et concrétisé de grandes ambitions pour leur ville et la population.»

En maintenant sa menace de sécession, la ville a, selon lui, échappé à différentes mesures de centralisation appliquées ailleurs par les autorités bernoises. «La rançon séparatiste se traduit par exemple par le renoncement temporaire du canton à envisager la fermeture de l’antenne ORP de Moutier», a-t-il illustré.

Enfin, pour le maire, la cité prévôtoise a pu, du fait qu’elle n’a pas encore levé son indécision politique et identitaire, profiter d’engagements conjoints des deux cantons, notamment au niveau culturel avec le financement d’institutions ou événements  intercantonaux comme Stand’été. Et Maxime Zuber de conclure en affirmant qu’en cas de «non» le 18 juin 2017, la cité prévôtoise perdra son statut actuel et «doit s’attendre à devenir un grand village satellite de Bienne.»

La 10e, une réussite

Belle affluence  10e du nom, l’édition 2016 de Faites la liberté a donné entière satisfaction à ses organisateurs. La partie politique a attiré pas moins de 300 personnes et 500 spectateurs ont pris part à la partie festive. «Nous avons eu plus de monde que prévu. C’est une franche réussite», se réjouissait hier Nicolas Terreaux, président du comité d’organisation. «Organisés en soirée, les spectacles de Jérôme Mouttet, de Duja, et du chanteur québécois Simon Goldin ont eu beaucoup de succès!», se félicitait-il encore.

Une onzième et dernière édition  Quand bien même la manifestation fêtait son 10e anniversaire samedi, Nicolas Terreaux indique ne pas avoir souhaité marquer le coup. «La 11e édition sera celle de l’année du vote communaliste. C’est celle-là que nous voulons mettre en avant», explique-t-il. Agendée au 20 mai2017, celle-ci promet selon lui d’être riche en surprises. «Elle sera également la dernière que nous organiserons sous cette forme», précise le président, sans en dire plus pour l’instant.

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