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Tavannes

L’opposant a réussi son blocage

Le centre de santé verra le jour en 2017 dans l’ancien bâtiment Manor, mais sans modifier le bâtiment actuel

Le maire de Tavannes Pierre-André Geiser et le directeur de l’Hôpital du Jura bernois Dominique Sartori ont changé leur stratégie afin de débloquer enfin le dossier du centre de santé entravé par une opposition farouche. Stéphane Gerber

Blaise Droz

«Nous ne pouvions plus attendre. Prendre une décision était absolument nécessaire.» En s’exprimant ainsi, Dominique Sartori, directeur de l’Hôpital du Jura bernois, a clairement annoncé la couleur. Dans le dossier sans fin du centre de santé prévu à l’ancien bâtiment Manor de Tavannes, il n’est plus question de donner du temps au temps. Ce brave dieu Chronos en a déjà pris plus que sa part! Une solution de compromis a donc été adoptée et le centre médical tant attendu verra enfin le jour à mi-2017 normalement.

Pour mémoire, le projet initial consistant à raser l’ancienne Manor afin de reconstruire un bâtiment neuf beaucoup plus volumineux, notamment en hauteur,  s’était heurté à l’opposition farouche d’un particulier que ni le maire de Tavannes, Pierre-André Geiser, ni le directeur de l’HJB, Dominique Sartori n’ont désigné nommément.

Il s’agit bien sûr d’Aldo Piffaretti  qui avait accepté de s’exprimer dans Le Journal du Jura (notre édition du 14 août 2015) pour expliquer sa position. On rappellera qu’il s’opposait, entre autres, à l’érection d’un bâtiment dont la hauteur boucherait la vue de ses locataires du bloc sis de l’autre côté de la route cantonale, ainsi qu’au manque de places de parc qui découlerait de la mise en service du centre médical.

Une reculade

Finalement, afin de ne pas ruiner définitivement le projet, les investisseurs (la caisse de pension de l’HJB) et les promoteurs de cette collaboration de type  public-public (L’HJB et la commune de Tavannes) ont choisi de redimensionner le futur centre médical en le confinant strictement dans l’enveloppe du bâtiment actuel.

Du coup, ils garantissent de manière quasi certaine que cette version verra bel et bien le jour, pour la bonne raison qu’Aldo Piffaretti lui-même se serait déclaré parfaitement d’accord avec la nouvelle mouture du projet. Malgré qu’il ressemble fort à une reculade acceptée de guerre lasse –l’opposant avait encore quelques cordes à son arc–, le nouveau projet restera parfaitement à la hauteur des besoins urgents de la population de Tavannes et des environs.

Toute la partie de plain-pied de l’ancien magasin, qui donne directement sur la route principale, offre une surface de 450 m² et répondra aux besoins de la médecine de premier recours encore mieux que dans l’ancien projet. «Deux à trois médecins généralistes pourront y pratiquer et il restera de la place disponible pour d’éventuels projets de médecine spécialisée. L’espace de l’étage inférieur, un peu moins grand,  pourra être loué  pour des cabinets paramédicaux, par exemple de la physiothérapie», explique Dominique Sartori.

Quant aux appartements spécialisés et aux autres surfaces prévues initialement  pour être vendues ou louées à d’autres acteurs de la santé ou du social (il a été question de Pro Senectute et de la Croix-Rouge), ils passent malheureusement à la trappe. En revanche, la place de parking sise à l’arrière de l’ancien magasin restera en l’état. Des cases de parcage seront encore disponibles pour les particuliers et l’emplacement le restera également pour la Fête des Saisons et ses guinguettes.

Dominique Sartori a insisté fortement sur la nécessité de doter le village et la région d’un centre médical moderne, bien équipé et adapté aux besoins conjugués des citoyens et des praticiens.  

Cette urgence n’est pas un mythe et le directeur de l’HJB ne manque pas de signaler que les autorités fédérales sont passées à côté de leur sujet, n’ayant rien entrepris pour éviter la pénurie de médecins dont le pire moment est à venir vers 2025, tout spécialement hors des grandes agglomérations.

L’HJB est conscient de ce problème et agit au mieux afin d’y pallier, notamment en participant annuellement à la formation d’une trentaine de jeunes médecins qui découvrent du même coup que la région ne manque ni de charme ni de clientèle. Et il le fait bien sûr aussi en contribuant à la mise sur pied de centres de médecine de premier recours dans les localités du Jura bernois. C’est pourquoi, la volonté de l’HJB n’a pas fléchi dans le dossier tavannois, malgré les difficultés.

L’épilogue, enfin?

C’est à fin 2011 déjà que l’HJB avait approché une première fois la municipalité tavannoise, puis en juin 2013 que l’assemblée municipale avait accepté l’acquisition du bâtiment pour 400 000 fr. Elle avait ensuite voté un autre budget de l’ordre de 180 000 à 190 000 fr. pour sa démolition. C’est après qu’ont commencé les problèmes qui semblent avoir définitivement disparu aujourd’hui.

Alors, un bureau d’architectes a été mandaté pour estimer l’état du bâtiment qui se révèle encore parfaitement sain malgré un début de démolition. L’épilogue d’une trop longue histoire? On est en droit de l’espérer parce que les Tavannois risquent, autrement, de se retrouver face à une sévère pénurie de médecins.

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