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Hôpital neuchâtelois

Nouveau départ pour l’hôpital

Soins aigus en Bas, site neuf en Haut. La Santé trouve un équilibre. Le peuple aura le dernier mot en février 2017

Après s’être écharpés, les députés ont vivement applaudi l’issue des débats. Lucas Vuitel

Luc-Olivier Erard avec l’ATS

Les manœuvres, jugées dilatoires par beaucoup, la veille de l’ouverture de session, n’auront pas eu d’effet notable. Le Grand conseil a adopté hier, avec une confortable majorité, la nouvelle organisation de l’hôpital et les décrets permettant de la financer.

Ainsi, les représentants du Haut du canton n’ont pas réussi à faire barrage. Ils arguaient qu’il fallait étudier la proposition de rachat de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds par la société Patrimonium, annoncée lundi par les Villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle (voir le JDJ du 1er novembre).

Le peuple aura donc le dernier mot:il aura à trancher entre l’initiative populaire demandant «Deux hôpitaux sûrs, autonomes et complémentaires» et le décret du Grand conseil approuvant la réorganisation spatiale de l’HNe.

L’Etat reprend la dette
Dans les faits, la centralisation des soins aigus à Neuchâtel et la construction d’un nouvel hôpital à La Chaux-de-Fonds semblent sur les rails. Le bâtiment à construire sera essentiellement consacré au centre de traitement et de réadaptation cantonal (CTR), mais comprend aussi une policlinique, en principe renforcée par rapport à la situation actuelle.

Si les groupes étaient divisés, les opposants au projet du Conseil d’Etat n’ont pas fait le plein de voix des députés des Montagnes, soit 35 élus sur 115.

Première décision du Grand conseil, hier:libérer HNe de la dette dont elle a hérité à sa naissance.

Par 93 voix contre 15, le plénum a accepté de consacrer 200 millions de francs pour mettre à charge de l’Etat de Neuchâtel près des deux tiers de cette dette.

L’hôpital appartenant au Canton, l’opération est presque «comptable», pourtant son importance est considérable. Car l’évolution de la politique fédérale de financement des soins en a fait un véritable boulet.
«La dette entraîne des difficultés d’accès au marché des capitaux. Et les intérêts gonflent les prestations d’intérêt général versées par le Canton à l’hôpital, donnant l’impression de fausser la concurrence», explique le Conseiller d’Etat Laurent Kurth.

Le décret «de réorganisation», qui entérine les décisions de regroupement des soins aigus et la constitution d’un centre cantonal de réadaptation, passe aussi la rampe à 83 voix contre 26.

Oui au projet et à son financement
Les contours exacts du projet n’étant pas encore fixés, la réalité du déploiement d’une policlinique en son sein donne lieu à de vifs débats.

Ce sont là les stigmates des décisions parlementaires et populaires de 2013 qui n’ont pas été suivies d’effets, faute de financement. Plusieurs députés rappellent que ce sont les promesses faites aux Montagnes, en particulier, qui n’ont pas été honorées.

Théo Bregnard, conseiller communal de La Chaux-de-Fonds, partisan de deux hôpitaux et opposant virulent au projet du Conseil d’Etat, mène la charge. «Nous croyons à un projet plus simple, plus économique.»

Pression des Montagnes
De fait, la pression pluripartisane menée dans les Montagnes semblait avoir été entendue, au moins partiellement, en commission:le projet du Conseil d’Etat est amendé plusieurs fois pour renforcer les garanties que les promesses soient, cette fois, tenues.

Une réalité pour laquelle le gouvernement a montré une certaine compréhension:si certains de ces amendements risquent de «figer un peu l’action de l’hôpital, il faut entendre cette inquiétude». Si bien que même Théo Bregnard a fini par admettre la votation du décret permettant le cautionnement de 240 millions de francs à investir: «Si nous voulons que le CTR ne soit pas une chimère (...) c’est la moins mauvaise solution», a-t-il déclaré.

La tension de la journée s’est cristallisée autour de cet enjeu à 240 millions, étant donné qu’une majorité qualifiée de trois cinquièmes (69 voix) est requise. Finalement, elle sera largement acquise, à 98 voix contre 13.
Deux députés ont manifesté leur mécontentement dans des interventions à la limite du protocole, mais le dossier s’est clos sur une salve d’applaudissement nourrie.

Le vote populaire devrait avoir lieu le 12 février 2017.

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