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Pas de bec du Smac Festival en 2017

Les organisateurs ont crié victoire trop tôt. La première édition de la manifestation a laissé une ardoise de 100 000 francs. Sale coup aussi pour le Centre culturel régional de Delémont

La première édition du Smac Festival avait attiré environ 5000 personnes sur trois jours. Archives Bist-Roger Meier

Gérard Stegmüller

Les responsables ont-ils eu les yeux plus gros que le ventre? Organisé à la patinoire de Delémont le week-end de Pentecôte 2016, le Smac Festival laisse derrière lui un trou de 100000 francs. Aïe!
Cette première édition plombe également les finances du Centre culturel régional de Delémont (CCRD), qui a fourni le personnel et la logistique.

Des mesures d’économie ont été prises. Le canton et la Ville de Delémont sont appelés à la rescousse. Conséquence directe: une seconde édition n’aura pas lieu en 2017, contrairement à ce qui avait été annoncé.

Budget sous-estimé
Président du CCRD, Olivier Tschopp joue la transparence. «On a sûrement commis des erreurs de jeunesse. Pourtant, nous étions confiants. Les prélocations ont fonctionné. Par la suite, la météo ne nous a pas forcément aidés.»

Près de 5000 personnes ont assisté aux 14 concerts, répartis sur trois jours. La programmation de la commission musicale du CCRD (la Smac) était alléchante, avec notamment Soprano, Carrousel, Charlie Winston, les Innocents, Simple Plan et Elvett. Mais une affluence de quelque 5000 spectateurs ne colle pas avec autant de billets vendus. Environ 900 sont partis gratuitement.

C’est sur la base d’un premier budget de 400000 francs que les organisateurs se sont lancés à la chasse aux sponsors et aux dons.

Mais très vite, ils se sont aperçus que les prévisions n’allaient pas tenir la route. Principalement à cause des cachets des artistes, pas stabilisés au départ. «Nous nous y sommes pris tard», insiste Olivier Tschopp. Le budget s’est finalement arrêté à un demi-million de francs.

Spectacles annulés
Via la Loterie romande (Loro), le canton a versé près de 60000 francs, la Ville de Delémont 30000. Ce sont les deux plus grands contributeurs du Smac Festival, qui a pu s’appuyer sur de nombreux petits sponsors. Mais pas véritablement de gros poissons. Le coût de location de la patinoire s’est élevé à 300 francs.

«Nous étions capables d’absorber un découvert de 40000 à 50000 francs. Mais là...», reprend Olivier Tschopp.

La santé financière du CCRD a été mise à mal. Le centre occupe sept à huit personnes, pas tous à plein temps. Il a besoin d’un million pour boucler une année. La subvention cantonale annuelle est de 100000 francs, fournie par le biais de l’Office cantonal de la culture.

Il a fallu effectuer des coupes claires pour la saison 2017. Certains spectacles ont d’ores et déjà été supprimés, les Notes d’équinoxe gelées. «On doit se débrouiller pour trouver de nouvelles ressources. On va essayer de faire un peu plus de commercial», ajoute le président. Il espère que la venue d’Henri Dès le 5 novembre au Forum Saint-Georges de Delémont (21h) apportera des liquidités.


Car il y a des salaires à sortir. Olivier Tschopp a livré personnellement la mauvaise nouvelle aux autorités du chef-lieu jurassien, au ministre Martial Courtet, ainsi qu’au responsable de l’antenne jurassienne de la Loro, le chancelier Jean-Christophe Kübler.

Eventuellement en 2018
Pas insensible à ces cris du cœur, le Conseil municipal delémontain décidera aujourd’hui sous quelle forme il apportera une aide en cash. Le maire Damien Chappuis communique «qu’elle sera substantielle».

«Il n’est pas envisageable que le canton entre en matière sur une couverture de déficit. J’en ai informé les organisateurs, qui l’ont compris. Nous n’avions pas été sollicités au préalable», souligne Martial Courtet. Du côté de la délégation jurassienne auprès de la Loro, on se réfugie derrière le règlement:après coup, il est impossible d’envisager un nouveau soutien. Point positif: toutes les factures sont payées.

Un trait donc sur une deuxième édition l’an prochain. «Nous n’avons pas les reins assez solides.» Par contre, Olivier Tschopp espère bien remonter quelque chose en 2018. Mais il n’y a absolument rien de concret à ce jour. «On doit également sentir derrière une réelle volonté politique, à partager entre des institutions et des privés. Pour le CCRD seul, c’est impossible. Le potentiel public existe. La demande est bien réelle. La patinoire delémontaine se prête à merveille pour organiser des événements musicaux.»

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