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Foyer d’éducation

Prêles: les dés sont définitivement jetés

Pas question de l’intégrer à la réflexion sur la rénovation de Wizwil ou d’y privilégier l’insertion professionnelle pour les jeunes bénéficiaires d’une rente AI ou les toxicomanes.

Désormais, les locaux du Foyer d’éducation de Prêles serviront aux requérants d’asile. Archives
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Pierre-Alain Brenzikofer

Le 6 décembre 2015, on s’en souvient, le Conseil exécutif a ordonné la fermeture du Foyer d’éducation de Prêles, en proie à des problèmes de sous-utilisation. Pour ce qui est de sa réaffectation, il entend privilégier un hébergement collectif de requérants d’asile à la Praye, le transfert de l’agriculture dans l’économie privée et l’externalisation d’infrastructures particulières.

Ce qui, visiblement, ne plaît pas à tout le monde.Le Grand Conseil a en effet longuement discuté de deux motions à ce sujet, la première ayant pour but d’intégrer le Foyer d’éducation à la réflexion sur la rénovation de Witzwil, la seconde demandant d’y privilégier l’insertion professionnelle. Toutes deux ont toutefois été balayées par le plénum.

Membre du PBD, le motionnaire Jakob Etter (Treiten) déplorait ainsi qu’on ait dépensé 30 millions pour rénover Prêles «30 millions pour rien. Et on sait que la rénovation de Witzwil coûtera 52 millions. Avec de la bonne volonté, on aurait pu lier les deux projets.Mais le gouvernement n’a pas cette volonté...»

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Comme nous l’avions déjà écrit avant la session, l’exécutif estime que les deux affaires ne sont vraiment pas liées. Hier, Hans-Jürg Käser a rappelé que le canton devait trouver jusqu’en octobre moult lits supplémentaires pour les réfugiés.

Or, à Prêles, on dispose de 100 places. Et si la loi sur l’asile est acceptée ce dimanche, cela signifiera encore des places supplémentaires à dénicher. «Et il n’est pas possible de construire un nouveau centre en un an», a averti le directeur de la Police.

Les Verts libéraux ont jugé ces arguments convaincants, tout comme le PS et les radicaux. Selon Dave von Kaenel (PLR, Villeret), ceux qui disent que le flux de réfugiés va décroître ont tout faux.

Même Pierre Amstutz et Les Verts ont reconnu que Prêles était sous-utilisé dans sa fonction initiale: «Alors, il n’est pas question de procéder à de nouvelles transformations à grands frais. Et le site de la Praye conviendra très bien pour un hébergement collectif, d’autant plus qu’il est situé assez loin des habitations.»

La deuxième motion, déposée notamment par Mathias Müller (UDC, Orvin), Pierre Alain Schnegg (UDC, Champoz) et Patrick Gsteiger (PEV, Eschert) entendait charger le Conseil exécutif de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes bénéficiaires d’une rente AI, voire les personnes toxicodépendantes.

«La situation de Prêles est dramatique. C’est un véritable gâchis, s’est exclamé Patrick Gsteiger. On bénéficiait d’une infrastructure d’insertion professionnelle qui s’était développée au fil des ans. A Prêles, on dispose de gens qualifiés, habitués à travailler avec des jeunes difficiles. Ces jeunes avaient la possibilité d’obtenir un CFC dans 15 domaines différents.»

Pour le libéral-radical Dave vonKaenel, «on continue dans la série ‹on est plus intelligent après qu’avant›. Je rappelle qu’un établissement similaire dans le canton de Vaud a également dû fermer ses portes pour cause d’occupation insuffisante. J’ai un peu l’impression qu’on assiste dans ce dossier au baroud d’honneur de ceux qui veulent éviter les réfugiés sur place...»

L’offre existe
En proposant de repousser cette motion, le gouvernement avait pour sa part expliqué que le canton dispose déjà d’un large éventail de programmes de traitement et d’occupation destinés aux personnes souffrant d’une dépendance: «Il n’y a pas lieu d’étendre cette offre», avait-il martelé.

Quant à la rente AI, elle ne peut être accordée qu’à partir de 18 ans. Accessoirement, c’est l’AI qui est seule compétente en la matière et non le canton.

Message compris par une forte majorité.

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