PS et Verts ont les dents longues

Par Philippe Oudot

Comme en 2011 et en 2015, le PS et Les Verts montent ensemble au front en vue des élections au Conseil des Etats. Face à la presse, ils ont lancé hier à Berne leur campagne commune «Ensemble pour le canton de Berne». Une campagne dans laquelle les deux partis vont investir 39000fr. Coprésidente du PS et députée, Mirjam Veglio a souligné que «nous avons besoin d’une force de gauche expérimentée, capable de consensus et progressiste au Conseil des Etats. Hans Stöckli et Regula Rytz forment un duo idéal pour défendre une Suisse sociale, écologique et performante.»

Au vu des problèmes actuels – réchauffement climatique, avenir de l’AVS, niveau des primes d’assurance maladie, relations avec l’UE, entre autres –, les deux formations estiment avoir des chances de placer leurs deux champions à la Chambre haute. Pour la coprésidente du PS, «ce sont deux personnalités très solides, reconnues et appréciées de la population, qui sont toutes deux au bénéfice d’une grande expérience politique et connaissent bien les préoccupations des habitants de ce canton. Ils forment un duo idéal!»

Complémentaires
Coprésidente des Verts et également députée, Natalie Imboden a mis en évidence la complémentarité des deux candidats, insistant sur la capacité de Regula Rytz de convaincre au-delà des limites de son parti et de forger des alliances durables. Elle l’a montré tout au long de sa carrière, notamment en tant que directrice des Travaux publics et des transports de la ville fédérale, a insisté Natalie Imboden.

Rappelant que les femmes sont encore largement sous-représentées à la Chambre haute, l’élection de Regula Rytz serait un pas en avant pour plus d’égalité en politique: «Elle est la candidate parfaite pour devenir la première conseillère aux Etats verte!»

Le feu sacré
«Si je suis réélu, c’est avec la même passion et la même joie que je poursuivrai mon engagement pour défendre les intérêts du canton et de sa population. Je veux continuer à lutter pour une Suisse équitable, solidaire et forte en Europe et dans le monde», a martelé Hans Stöckli.

Il entend ainsi soutenir et promouvoir toutes les mesures en faveur de la protection du climat et de la biodiversité. Dans ce contexte, il plaide pour la mise en œuvre de la stratégie énergétique et pour une loi efficace sur le CO² telle que proposée par la commission ad hoc du Conseil des Etats dont il est membre. En matière d’égalité, il a dit soutenir la parité des genres en toutes circonstances.

Celui qui, s’il est réélu, deviendra le 15e Bernois à présider la Chambre haute s’est dit en faveur d’un système de santé de qualité à prix accessible: «Les primes doivent rester abordables pour tous, voilà pourquoi je participe aussi à la collecte de signatures pour l’initiative d’allégement des primes». Ases yeux, la maîtrise des coûts passe notamment par un meilleur travail de prévention dans tous les domaines.

Parmi les dossiers chauds de la prochaine législature, l’ancien maire de Bienne a cité le dossier de la prévoyance vieillesse – AVS, AI et 2e pilier – «pour que ces institutions restent abordables et sûres financièrement pour les générations futures.»

Une Suisse forte
Pour permettre à la Suisse de rester dans l’élite mondiale en termes de compétitivité et d’innovation, Hans Stöckli entend favoriser tous les efforts en faveur d’une économie durable en veillant à lui offrir les conditions-cadres nécessaires. Cela passe notamment par la réalisation d’infrastructures comme le parc d’innovation de Bienne. Enfin le conseiller aux Etats va continuer à s’engager pour renforcer la voie bilatérale avec l’UE. Dans ce contexte, il s’oppose avec force à l’initiative de résiliation de l’UDC et plaide pour un accord-cadre avec l’UE «une fois qu’auront notamment été résolues les questions de protection des travailleurs ou le règlement des litiges». Et pour renforcer la place de la Suisse dans le monde, il soutient les efforts de la Suisse pour obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU pour les années 2023-2024.

Pas de recettes simples
Pour sa part, Regula Rytz a souligné que pour répondre aux nombreux défis qui attendent les élus ces quatre prochaines années – crise climatique, cohésion sociale, économie durable ou politique étrangère –, «Hans Stöckli et moi-même avons les armes nécessaires pour mener à bien cette tâche. Nous avons tous deux une expérience de l’exécutif et connaissons la mécanique complexe de la politique fédérale, nous sommes connectés à un vaste réseau d’organisations et somme capables de collaborer loyalement avec d’autres partis. Et c’est exactement ce en quoi consiste le travail au sein du Conseil des Etats.»

Engagée depuis 30 ans en politique, celle qui préside le parti au niveau national considère que le Parlement fera face à trois gros défis ces quatre prochaines années. Il va falloir engager des réformes pour un climat sain et un environnement intact en concrétisant l’Accord de Paris. Elle entend aussi s’engager pour trouver des solutions viables avec les paysans pour en finir avec les pesticides et la surfertilisation qui détruisent la biodiversité.

Dans le domaine social, Regula Rytz veut s’engager «pour des solutions qui permettent à ceux qui ont de petits et moyens revenus de vivre librement et dignement jusqu’à un âge avancé». Elle va aussi se battre pour faire avancer l’égalité entre hommes et femmes. Quant à l’économie, elle a constaté que les partis bourgeois en avaient une vision étriquée – intérêt des entreprises, baisses d’impôts et de la bureaucratie –, «mais la prospérité économique va bien plus loin et comprend la formation, le pouvoir d’achat des salariés et un écosystème sain».