Vous êtes ici

Abo

Foire de Chaindon

Quel que soit le temps, la Foire de Chaindon, c’est toujours un succès garanti!

Capricieuse, la météo avait prévu une méchante parenthèse pluvieuse pile poil pour le lundi matin le plus attendu du monde agricole de presque tout le pays, mais sans parvenir à entacher la bonne humeur ambiante.

Sur le champ de foire, au milieu des chevaux, les parapluies des visiteurs s’ouvraient comme autant de colchiques à la fin de l’été. Par bonheur les températures restaient presque raisonnables. Stéphane Gerber

Blaise Droz

On nous l’avait dit et répété. A la Foire de Chaindon 2016, il n’y aura pas moins de 560 forains et marchands de tous poils, un record! Une fois encore le fameux premier lundi de septembre aura tenu toutes ses promesses... Sauf peut-être celle d’une météo radieuse. On pourra acheter tout et son contraire, même de la saucisse sèche et du fromage, même des veaux, des vaches des cochons et peut-être carrément des couvées?

C’est donc le cœur léger et la tête nue qu’on a commencé à arpenter les rues de Reconvilier chevillées de monde comme il se doit mais sous une pluie terriblement mouillée. «Pas de souci, pensions-nous, avec tous ces marchands venus des quatre coins du pays on trouvera bien moyen d’acheter un parapluie!»

Méticuleusement, on a donc parcouru tous les stands. Chez BKW, se côtoyaient plein d’invités issus du monde politique. Habitués à laisser passer les orages sans se mouiller, ils n’avaient pas la moindre ombrelle dans leur escarcelle.

Un p’tit coin de Roumanie
Un mauvais début mais pas trop grave. puisqu’un pourfendeur de décideurs se tenait non loin de là. Daniel Schaer vendait pour la bonne cause des paniers en osier et des balais de fabrication roumaine garantie. D’authentiques produits d’un terroir oublié, comme on savait les faire chez nous il y a très longtemps.

«Un parapluie? Essaye plutôt un panier, mais il ne sera pas plus étanche que toi, mon ami!», nous a asséné le maître de céans. C’était encore tôt le matin, la pluie tombait dru et il n’était pas question de nous contenter d’une demi-protection.

Dans les rues du village chevillées de monde, les parapluies s’ouvraient comme autant de colchiques à la fin de l’été. Fallait bien que l’on trouve enfin un stand qui en propose à la vente. Las, tous étaient tenus d’une main ferme, aucun d’eux n’était à vendre.

Dans une rue adjacente très fréquentée, il y avait un rayon mercerie. De loin, on y a cru voir un riflard ouvert, mais ce n’était qu’un soutien-gorge à très gros bonnets. Conçu en dentelles de Saint-Gall, l’objet était presque autant percé que les paniers du Proconsul. Inutilisable!
Et soudain, Ted Robert!

A ce moment, le cuir chevelu détrempé, on aurait donné cher pour un p’tit coin de parapluie, quitte à le partager avec la fugace compagne de Tonton Georges. Tiens, à propos de chansons qui ne datent pas d’hier, on a soudain entendu un vieil air connu sourdre entre les murmures de la foule.

C’était Ted Robert en personne! Qui a osé affirmer qu’il n’y aurait aucune personnalité de renom à la Foire 2016? -Z’auriez pas un parapluie à vendre?, avons-nous timidement questionné. Celui qui pendant des décennies a été le souffre-douleur des humoristes de la TSR ne sortait pas couvert mais sa réponse a été empreinte de romantisme:  «La vie au soleil au pays des merveilles voilà une idée...»

C’est vrai qu’au fil des heures les furieuses ondées matinales avaient cédé la place à une météo un tout petit peu plus clémente. Heureusement, parce qu’il fallait bien se rendre à l’évidence qu’à la foire de Chaindon on trouve de tout, sauf peut-être des parapluies. Sans doute le manque d’habitude.

 

Des visiteurs moins matinaux

Michael Bassin

AFFLUENCE Si la pluie n’a pas eu trop d’effets sur le nombre de visiteurs, elle a par contre modifié leurs habitudes. «Les gens sont venus plus tard», relevait hier Ervin Grünenwald, président de la manifestation.

A 8h30 du matin –alors que c’est la cohue en temps normal–, il était en effet aisé de se déplacer dans les rues de Reconvilier hier. Il a fallu attendre 10h30-11h pour voir les colonnes de voitures et des trains remplis. Normal puisque les prévisions météo annonçaient du temps sec pour l’après-midi...

Mais bien malin celui qui peut dire avec précision combien de personnes ont afflué à la Foire de Chaindon hier. En l’absence de tickets d’entrées, il faut s’en remettre aux estimations. «Les visiteurs de l’après-midi ont permis de lisser la fréquentation moyenne du début de matinée. Si bien que la cuvée 2016 est similaire à celle de 2015», indique Ervin Grünenwald. Bref, entre 45 000 et 50 000 personnes ont passé par Reconvilier entre dimanche et hier.

ANIMAUX Sur le champ de foire, les organisateurs ont comptabilisé 100 chevaux, 96 bovins et 40 moutons et chèvres. Des chiffres très légèrement inférieurs à ceux de 2015, «mais qui restent dans la moyenne», selon le président. Sans oublier que de nombreux petits animaux garnissaient également la foire. Quant aux forains, ils étaient 560 inscrits, et quasiment tous sont venus à Reconvilier. «Un record!», rappelle le conseiller municipal.

SÉCURITÉ Au chapitre de la sécurité, aucun événement significatif n’est remonté jusqu’au président. Si ce n’est que des individus ont essayé de dérober deux génératrices de la PC dimanche soir. Heureusement, leur tentative s’est soldée par un échec.

FINANCES Question gros sous, il fallait débourser 8 fr. pour le parking cette année, au lieu des 5 fr. en vigueur depuis 1995. Une augmentation qui a certes interpellé quelques automobilistes, mais qui n’a pas généré un tollé de protestations selon Ervin Grünenwald.

Et le président de rappeler que cette décision fait partie d’un paquet de mesures ayant pour objectif de réduire le découvert de Chaindon, qui se situe chaque année entre 35 000 et 40 000 francs pour la commune. L’an prochain, ce sont les tarifs des mètres carrés loués aux exposants de machines et les mètres linéaires loués aux forains qui seront adaptés. En 2018, le parking devrait passer à 10 fr.

S’agissant du résultat financier de cette édition 2016, Ervin Grünenwald ne pouvait pas, hier, tirer de conclusion. «Eu égard à la météo, je devrai attendre mardi matin (réd.: ce matin) pour constater l’impact des voitures sur les champs», relevait-il, rappelant que les agriculteurs sont dédommagés en cas de dégâts.

SATISFACTION D’une manière générale, le bilan du président – pour qui c’était une première – est positif. «Ce fut une très bonne cuvée, avec un magnifique cortège le dimanche soir.» A ce propos, Ervin Grünenwald a eu de très bons retours des spectateurs quant au nouvel itinéraire emprunté. «Il faudra juste veiller à bien nous coordonner avec le passage des trains», glisse-t-il.

 

Les bovins entrent dans la banque

Michael Bassin

CONTRÔLES La présence d’animaux à une foire comme celle de Chaindon n’est possible que si elle  est encadrée. Dès lors, plusieurs yeux veillent sur les vaches, moutons et autres poules: non seulement les organisateurs sont responsables de certains contrôles (tant au secteur bétail qu’au secteur petits animaux), mais le Service vétérinaire cantonal apporte également son expertise.

VACHES A Chaindon, toutes les vaches doivent par exemple passer par un point de contrôle situé juste avant le champ de foire. «Chaque bovin y est individuellement enregistré dans la banque de données informatisée du trafic des animaux», explique Tom Gerber, agriculteur, qui officiait hier pour l’organisation à ce fameux «check point».

En fait, chaque vache et chaque propriétaire dispose d’un numéro. Et la foire fonctionne en quelque sorte comme une exploitation journalière. «Ainsi, avec l’historique, on peut exactement savoir où chaque bovin a passé. Cette manière de faire a pour objectif de pouvoir disposer de toutes les données nécessaires si, plus tard, un cas d’épizootie devait être constaté par un agriculteur», indique Tom Gerber.

«D’un côté c’est du travail administratif dont on se passerait, mais il fait sens. C’est quand même lors de telles rencontres que les risques sont les plus grands si l’on pense à de graves épizooties.» Les chevaux, qui ne présentent pas les mêmes risques, ne sont pas soumis au fameux point de contrôle.

CANTON Les organisateurs de la foire travaillent en collaboration avec le Service vétérinaire cantonal. Hier, Nadja Stampbach, vétérinaire officielle mandatée par le canton, était présente à Chaindon. En présence d’un de ses collègues et d’un agent de la police cantonale spécialisé dans les délits impliquant des animaux, elle a parcouru le champ de foire. «Si nous observons des améliorations possibles, nous les signalons.»

A entendre la vétérinaire officielle, peu de problèmes sont constatés à Chaindon. Et s’il y en a, ils sont généralement mineurs. Hier, en première partie de matinée, Nadja Stampbach avait par exemple relevé l’utilisation d’un mauvais licol pour un cheval et des queues de vaches attachées. «Nous l’avons fait savoir, et en une minute c’était réglé», dit-elle. Cela étant, il est tout de même déjà arrivé, par le passé, qu’un animal en mauvaise santé doive quitter le champ de foire.

Cette année, suite à une rencontre qui s’est tenue ce printemps entre le service vétérinaire et les organisateurs de la foire, décision avait été prise de revoir légèrement le secteur des petits animaux, «afin de leur offrir davantage de place pour que leur stress soit le plus petit possible», note Nadja Stampbach. «Lorsque les animaux sont bien présentés, tout le monde y trouve son compte!», conclut-elle.

Articles correspondant: Région »