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Son nom, Le Salon de Musique

Le Restaurant de la Raissette va revivre de manière incroyable

La maître d’œuvre et future patronne Anne Chasseur pose au milieu de son chantier. En bas, la salle de concert prend forme. Stéphane Gerber

Yves-André Donzé

Incroyable mais vrai. Le Restaurant de la Raissette, fermé depuis une bonne vingtaine d’années, va rouvrir ses portes, au plus tard d’ici une année. Les travaux sont en cours. Mais attention! Il s’agit du projet le plus original de ce millénaire dans le Jura bernois. Anne Chasseur, la nouvelle propriétaire, va tenir Le Salon de Musique, ce sera le nouveau nom de l’endroit, avec orgues, clavecins, harmoniums et piano. Entre autres instruments de musique de chambre, tels le hautbois.

Ramener cette musique au milieu des gens

«Je veux ramener la musique classique du répertoire romantique au milieu des gens», s’exclame la future patronne. On n’y servira ni petits fours, ni flûtes au sel, mais que les meilleurs produits du terroir régional, entre deux sets de musique pas trop longs. Elle ne désespère pas de produire de la musique folklorique originelle sur la vague du classique; pourquoi pas cor des Alpes et orgues. Ou de projeter, par exemple, du cinéma muet accompagné de musique. Petit détail en mode majeur, la maître d’œuvre du chantier actuel est soliste internationale de grandes orgues, orchestratrice, maître de chœurs, érudite. Et, pour l’instant, manœuvre.
Sur le chantier, manches de chemises retroussées sous un gros pull, la musicienne désigne la structure du bâtiment: «Tout a été massacré au fil du temps. Nous avons dû tout déshabiller», lance-t-elle avec un enthousiasme qu’elle a de la peine à contenir. La raison de cette jubilation réside dans le fait qu’elle et son compagnon François Rosset ont mis plus d’un an à trouver l’endroit de leurs rêves, mais surtout à tomber sur l’entreprise de charpente qu’ils n’osaient espérer pour leurs compétences spécifiques. Car ils tiennent à tout restaurer à l’ancienne. Pour l’heure, Anne Chasseur et François Rosset ont déblayé, à eux deux, des tonnes de matériaux divers, de gravats, de carrelages. «A certains endroits, nous avons trouvé sept couches de bois et de carrelages superposées», explique la patronne en précisant que des piliers porteurs avaient été dangereusement supprimés. Ce qui n’a pas échappé à l’ingénieur et aux charpentiers.

Au plus près de l’origine

La partie restaurant, salle de musique avec ses deux ou trois salons, se tiendra sur 180 m2 de surface, tandis qu’une mezzanine et ses salons occuperont 100 m2 du premier étage. Le plafond originel en bois restera apparent. «Notre but, au niveau du bâtiment, est quand même de le restaurer au plus près de son origine. Avec même la possibilité de le faire inscrire ensuite au patrimoine», souligne la maître d’œuvre. Qui insiste sur la part esthétique et la sécurité indispensable de l’opération. Evoquant sa longue quête de ce projet culturel et économique, elle parle d’un parcours du combattant à tous les niveaux, sauf aux instances économiques du Jura bernois, qui voient le projet d’un très bon œil, tout comme les voisins qui ont multiplié leurs encouragements.
Le plus spectaculaire est à venir: un orgue en train d’être négocié en Allemagne. Un tonitruant et magistral maître de céans. Après avoir étudié cet instrument, le piano et l’harmonie au Grand-Duché du Luxembourg, Anne Chasseur est venue, en 1997, s’installer à Lausanne où elle a obtenu une virtuosité et un diplôme d’orchestration. Elle est devenue héritière du maître de Saint-Eustache à Paris, Jean Guillou, et une inconditionnelle de la Tonhalle de Zurich.
La scène du restaurant sera destinée aux musiciens professionnels qui vivent de leur art, exclusivement. La patronne prévoit des soirées découvertes et tartinades et des soirées d’abonnements, à l’anglaise.

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