Chloé Liechti
Dans son petit mais néanmoins lumineux atelier donnant sur une rue tranquille de Saint-Imier, Murielle Schenk s’adonne à sa passion qui se révèle être également son métier: la peinture de miniatures. Une fois terminées, celles-ci pourront orner des bijoux ou être utilisées comme cadran de montre.
La première réaction qui s’impose au visiteur lorsqu’il pose ses yeux admiratifs sur ces petits chefs-d’œuvre est de s’exclamer: comment arrive-t-on à peindre de minuscules détails de manière aussi précise? «J’utilise un binoculaire, déclare l’artiste. Sans lui, je ne pourrais pas peindre ainsi». Munie de pinceaux extrêmement fins, Murielle Schenk plonge leur bout qu’elle a préalablement retaillé dans du vernis industriel laqué.
Depuis 2012, l’Imérienne s’est lancée à son compte dans un domaine qui n’est pas toujours facile, mais qui a le don de faire battre son cœur. Les qualités requises: la patience, la minutie et une grande dextérité des mains. Au quotidien, Murielle Schenk se décrit comme une personne très méticuleuse et perfectionniste. Sa découverte des miniatures date de 2007, au Locle, dans l’atelier d’un autre artiste «Un véritable coup de foudre, confie-t-elle. Je me suis dit, c’est cela que je souhaite faire».
Créer: un besoin viscéral pour Murielle Schenk. «J’ai toujours adoré fabriquer des objets avec mes mains». C’est tout naturellement que celle-ci a suivi une formation de couturière à l’Ecole d’arts appliqués de La Chaux-de-Fonds. Mais son domaine de prédilection aujourd’hui est bien l’horlogerie. «Je suis sous-traitante et je travaille sur mandat pour des marques horlogères, dont Corum». Elle taira le nom des autres entreprises. Secret professionnel oblige. Seul indice: elles sont toutes situées en Suisse.
Une trentaine d’heures
Combien de temps faut-il pour peindre un dragon dans ses moindres détails, y compris les subtiles nuances de ses écailles? «Je peux passer en moyenne entre 20 et 40 heures sur un cadran. Il m’est arrivé deux fois de consacrer plus de 90 heures pour une pièce». (ndlr: un aigle et un tigre).
A part le binoculaire, l’autre outil indispensable à la réalisation de miniatures est le four. «Entre deux couches de peinture, je cuis mes pièces». Sa dernière œuvre: un bouddha ventripotent où les différentes nuances de gris se marient habilement. Difficile d’imaginer que la pièce ne mesure que trois centimètres. «Je l’ai réalisé comme modèle pour montrer à mes futurs clients quel genre de cadrans je pouvais peindre».
Murielle Schenk n’a encore jamais eu le loisir de contempler une montre sertie de l’un de ses cadrans. Elle confie que la plupart des amateurs sont des acheteurs arabes et asiatiques qui tentent de mettre la main sur ces pièces à titre de collectionneurs.
Dans le cadre des First Friday, Murielle Schenk sera à Bienne, le vendredi 7 juillet. De 18h à 22h, à la boutique L&O Bijoux de famille, en collaboration avec David Gagnebin, une montre de ce dernier sera montée avec une peinture de l’Imérienne. «Je ne l’ai pas encore réalisée, déclare-t-elle. Le cadran représentera les sept chakras».
Exerçant un métier relativement rare, Murielle Schenk avoue ne pas être épargnée par la crise horlogère. «Ce n’est pas toujours facile de travailler à son compte. Certains mois, j’ai beaucoup de travail et d’autres, très peu, mais je me sens dans mon élément». Toujours fourmillant de mille idées et souffrant de la bougeotte des mains, la créatrice a deux ou trois futurs projets dans ses tiroirs en lien avec le secteur de l’horlogerie, dont la réalisation d’un stylo.
Durant son temps libre, elle confectionne des doudous pour les enfants, des pochettes et nous présente un petit pendentif qu’elle a commencé à peindre à la main. «C’est le portrait de ma fille, précise-t-elle, il nécessite encore plusieurs heures de travail». Le monde de l’infiniment petit n’a pas fini de surprendre et de dévoiler sa précision.
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