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Rénovation

Un antre de l'art biennois

Après près d’un an de travaux, l’Atelier Robert resplendit pour accueillir son nouveau locataire, au Ried. Nicolas Polli souhaite y développer des collaborations.

Nicolas Polli a été choisi pour emménager à l’Atelier Robert entre trois et cinq ans afin de stimuler la scène culturelle biennoise. Yann Staffelbach

Par Maeva Pleines

Les yeux de Nicolas Polli brillent à la vue de son nouveau logement. Ce photographe, sculpteur, éditeur et professeur à l’ECAL emménagera le 1ermai dans un Atelier Robert fraîchement rénové. Ces restaurations, bien que discrètes pour un visiteur non-averti, font la fierté de Philipp Gensheimer, qui a dévoilé ce nouvel écrin hier à la presse. «Après bientôt une année de travaux, j’ai l’honneur de présenter la troisième inauguration du lieu. La première date de 1887 et la deuxième de 1988», a détaillé le président du conseil de la Fondation Atelier Robert . Et de préciser que, si la première rénovation a été menée «au nom du bâtisseur», celle-ci est plutôt destinée à l’utilisateur. C’est-à-dire que l’artiste résidant dans le magnifique édifice au Ried bénéficiera d’un peu plus de confort, notamment grâce à un meilleur chauffage et un nouveau poêle. En outre, la douche et la peinture ont été refaites, les infiltrations d’eau provenant de la verrière éliminées, plusieurs tapisseries et boiseries retapées.

Ces rénovations ont été rendues possibles grâce à une généreuse bienfaitrice biennoise, préférant demeurer anonyme. «Elle devient ainsi la cinquième femme à assurer l’avenir de ce bâtiment unique, après les quatre fondatrices de la Fondation Atelier Robert dans les années 1980: Franziska Ilnseher, Ingrid Ehrensperger, Lilli Carell et Annemarie Geissbühler», a souligné Philipp Gensheimer.
Entre la fin des travaux et l’arrivée du nouveau locataire, un descendant de la famille Robert profite de faire vivre les lieux. L’artiste biennois Jerry Hänggli s’inspire de cette atmosphère encore pleine de l’aura de sa famille pour se reconnecter à son héritage. «Je me suis longtemps coupé de ce bagage enrichissant quoique parfois pesant. J’avais désormais envie de pouvoir créer un dialogue entre mon art et celui de mes ancêtres», explique l’intéressé.

Heureux locataire
Mais, dès le 1er mai, Jerry Hänggli devra laisser sa place à son successeur Nicolas Polli. Celui-ci a été choisi parmi 32postulations, émanant de musiciens, d’écrivains ou encore de collectifs de théâtre intéressés à occuper l’espace pendant trois à cinq ans, en échange d’un petit loyer. «Nous avons généralement trois fois moins de candidatures, il n’a donc pas été facile de faire un choix», a commenté Philipp Gensheimer. Finalement, c’est l’enthousiasme et le dynamisme de l’artiste qui ont fait la différence. «Celui qui occupe l’atelier est notamment sélectionné pour ce qu’il peut apporter à la scène culturelle biennoise», a précisé Rudolf Steiner, lui-même ancien locataire.

Nicolas Polli a d’ailleurs confirmé son attachement pour la cité seelandaise. «J’avais déjà l’idée de déménager ici, à cause du foisonnement culturel. Puis, j’ai entendu parler de l’atelier, et dès la première visite, j’ai eu un véritable coup de foudre.» Analysant les structures dessinées par les ombres de la verrière sur le mur blanc, l’artiste s’est dit à la fois inspiré, et légèrement intimidé par ces lieux chargés d’histoire. «Mon domaine est différent de celui des Robert, mais je pense qu’il sera enrichi en travaillant ici», a-t-il expliqué. Plein d’idées, il s’imagine déjà développer des collaborations avec d’autres artistes, «mais aussi des chefs, pour y mêler l’art culinaire qui m’est cher, et organiser des soirées culturelles, dès que la situation sanitaire le permettra».

Nicolas Polli se réjouit donc déjà de pouvoir s’approprier cet emblématique atelier des hauts de Bienne et s’imagine bien rester encore de nombreuses années, «car ce n’est pas pour rien si les anciens locataires se sont établis ici sur le long terme».

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