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AIJ

Un bilan et un testament politique!

Après le vote du 24 novembre, l'institution va réduire progressivement ses activités et s'abstenir de faire de nouvelles propositions concrètes

L'AIJ en séance plénière à Moutier (Stéphane Gerber).

Pierre-Alain Brenzikofer

Parlera-t-on de fin de règne à l’AIJ? Hier, lors de la séance plénière à Moutier, quatre membres de la délégation jurassienne faisaient défaut. Désintérêt? Frustration après le vote du 24novembre? Sans doute un peu des deux. «Il est vrai que ce scrutin signifie la fin d’un chapitre», a relevé le président Dick Marty. «Nous nous acheminons lentement vers celle de l’institution.» Cela dit, l’intéressé a ajouté que le processus communaliste était encore ouvert et que ce n’est qu’à son terme que la Question jurassienne sera considérée comme close. Reste que les modalités et le calendrier précis du vote précité devront encore être fixés par la Conférence tripartite, probablement au début de l’été.

 Vigilance malgré tout

Cela dit, la commission des Institutions, présidée par Marcelle Forster, s’est fendue d’une Déclaration acceptée par le plénum. Selon ce texte, l’AIJ entend demeurer présente jusqu’à la fin du processus et surtout tirer le bilan de ses 20 ans d’existence en matière de collaborations et de politique. Chaque commission aura dès lors pour tâche de plancher sur ses activités passées.

L’Assemblée écrira aussi à la Conférence tripartite pour savoir quand cette dernière envisage la fin du processus et sa propre «mise à mort». Dans ce contexte, le plénum n’ouvrira pas de nouveaux chantiers, dans la mesure où les résolutions demandent un certain travail. Mais elle s’efforcera, comme par le passé, de favoriser les collaborations entre les deux régions.
«Bien évidemment, nous réagirons à l’actualité», a glissé le président Marty. «Nous prendrons aussi position si, par exemple, les CFF prévoyaient des mesures pénalisantes pour la région jurassienne. Nous nous concentrons également sur les chantiers qui restent ouverts entre les deux cantons.»

 L’intérêt de Sommaruga

S’agissant du bilan que l’AIJ se propose de dresser, on a appris que la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga y tenait tout particulièrement, dans la mesure où l’expérience de ce cénacle est unique en Suisse.

Marcelle Forster nous a encore affirmé que l’AIJ était toujours garante de la Charte interjurassienne de bonne conduite, mais que pour la suite des travaux, il faudrait poser la question de confiance aux membres jurassiens qui se sentent désabusés et démobilisés, tout comme aux représentants de l’UDC JB, «qui ne sont pas le fer de lance de la collaboration».

 Vote communaliste

Dans le rapport qu’elle a établi en vue de la Déclaration d’intention précitée, la commission Institutions a évidemment abordé la question du vote communaliste. Elle a pris acte qu’une motion en ce sens avait été déposée au Conseil de ville de Moutier et que le Conseil exécutif avait rencontré les autorités prévôtoises. «Mais il reste pour l’heure beaucoup de questions ouvertes (calendrier, chronologie, bases légales), lesquelles doivent être discutées en Conférence tripartite. Et d’autres communes peuvent demander l’organisation d’un vote», constate-t-elle dans son rapport.
Côté délais, si la fin 2015 a été évoquée çà et là, la Conférence tripartite ne s’est jusqu’ici pas formellement prononcée à ce sujet. Concernant le rôle futur du cénacle, la commission Institutions rappelle que le mandat de l’AIJ se décline en deux axes: promotion du dialogue interjurassien (dossier institutionnel) et propositions visant à des collaborations interjurassiennes.

S’agissant du dossier institutionnel, si l’AIJ a joué un rôle de tout premier plan dans le cadre de son étude, tel n’est plus le cas dans le processus en cours. L’institution estime cependant qu’il lui appartient d’en observer le déroulement et de jouer son rôle de lieu institutionnel du dialogue. Elle pourrait donc intervenir si nécessaire pour rappeler que seul un processus démocratique de qualité permettra véritablement de régler la Question jurassienne et, le cas échéant, de faire des propositions.

 Le frein du 24 novembre

En matière de collaborations, l’Assemblée rappelle que durant près de 20 ans, elle a fait la promotion de la collaboration interjurassienne en proposant des projets concrets. Certains ont été réalisés, d’autres abandonnés. Mais le résultat du 24 novembre risque aussi d’y mettre un frein: «Si de nouvelles collaborations interjurassiennes doivent être étudiées, elles le seront à l’avenir dans un nouveau cadre institutionnel et, selon les termes de la Déclaration d’intention, dans l’esprit confédéral.»

Dans ce contexte, l’AIJ effectuera l’inventaire, le suivi et le bouclement des dossiers encore en cours et interviendra ponctuellement lorsque les intérêts des deux régions sont en jeu dans des dossiers d’actualité.

 Collaboration hospitalière

Dans un autre domaine, l’AIJ a tenu à saluer hier l’esprit d’ouverture de l’Hôpital du Jura, qui a récemment proposé de discuter avec les partenaires concernés (Jura, Berne, Neuchâtel) du projet d’un Hôpital de l’Arc jurassien. Elle constate avec satisfaction que le projet esquissé abonde dans le sens des réflexions menées en la matière et s’inscrit dans la suite cohérente de ses propres propositions, c’est-à-dire la prise en compte des attentes communes des populations du canton du Jura et du Jura bernois dans une nouvelle organisation hospitalière. Président de la commission Santé, Marc Meury s’est exclamé qu’avec ce dossier, «l’AIJ continue de travailler». Il a dit son plaisir d’avoir vu cette «modeste Déclaration» acceptée par les deux délégations, certes pas à l’unanimité. De quoi accuser ceux qui, «par déformation politique, sont contre tout». Ils se reconnaîtront…

Mots clés: AIJ, Moutier, 24 novembre

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