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Bienne: rue de la gare

Un café sur l’ongle du pouce

La chaîne Nail Bar, qui allie manucure et pause-café, a ouvert une enseigne à Bienne au début du mois. Lancé en 2010, le concept vient de décrocher le Swiss Economic Forum Award.

Cofondatrice de The Nail Company, Florence Stumpe (au centre) cherchait à ouvrir un magasin à Bienne depuis plus de deux ans. Tanja Lander

Didier Nieto

L’expression «sauter du coq à l’âne» pourrait avoir été inventée pour eux. Il y a quelques années, Florence Stumpe traquait encore les criminels pour le compte de la Police fédérale. Son mari, Daniel, était cadre chez Orange. En 2010, ce couple de Lausannois a donné un tournant improbable à son existence: il a fondé The Nail Company et s’est lancé dans le marché de la manucure et de la pédicure, un domaine dans lequel ni l’un ni l’autre ne bénéficie de la moindre expérience.

Leur business plan repose sur un concept simple: associer soin des ongles et pause-café – ou pause-cocktail, c’est selon. Une idée qu’ils ont ramenée un peu par hasard d’un voyage à New York.

«Là-bas, nous avons découvert les ‹nail studio›, des endroits qui proposent des soins pour les ongles de manière très abordable et accessible. C’est cette simplicité qui n’existait pas vraiment en Suisse que nous avons décidé d’importer. Nous avons cherché à démocratiser la manucure, pour que se faire faire les ongles devienne aussi facile que de boire un café», explique Florence Stumpe.

Marché saturé
Inauguré en 2010 à Lausanne, le premier Nail Bar rencontre un succès immédiat malgré un marché de l’onglerie saturé. «Il y avait 35concurrents dans un espace de 500 m2», se souvient l’ancienne criminologue.

«Mais il s’agissait pour la très grande majorité de stylistes ongulaires, qui travaillent sur des ongles artificiels.» La spécificité des Nail Bar est justement de soigner et de vernir uniquement des ongles naturels. «Je pense que cela a incité beaucoup de clients qui ne sont pas forcément habitués à la manucure à franchir notre porte. Notre offre répond à une autre demande que l’onglerie artificielle, qui souffre parfois d’une image un peu ringarde.»

L’âge de la clientèle oscille entre 7 et 77 ans, indique la patronne, en vantant des produits destinés aux petites filles. «Elles veulent faire comme leur maman. Alors au lieu d’aller contre ça, nous leur proposons des produits naturels pour se vernir les ongles», défend-elle. Les hommes aussi sont ciblés, puisque certaines formules du menu des Nail Bar leur sont spécialement destinées. «Ils sont de plus en plus nombreux à se faire faire les ongles», assure Florence Stumpe.

L’entreprise prospère rapidement. Les Nail Bars essaiment en Suisse romande: Genève, Fribourg, Neuchâtel, Vevey... Florence Stumpe a quitté son poste à la Police fédérale six mois après l’ouverture de la première échoppe pour se consacrer uniquement à la gestion de la nouvelle société. Son mari l’a imitée en 2013.

Lui s’occupe de la partie administrative, elle de l’aspect opérationnel. Aujourd’hui, l’entreprise compte 70 collaborateurs. Ceux qui travaillent dans les magasins possèdent tous un diplôme d’esthéticien ou de styliste ongulaire. «Mais chaque employé reçoit en plus une formation interne, afin que les soins soient effectués de manière identique dans chaque Nail Bar.»

Difficultés à se loger
Au début du mois, la société a inauguré sa 11e enseigne à la rue de la Gare à Bienne. «C’est une ville dynamique et en pleine évolution.» Florence Stumpe ne doute pas du potentiel dont jouit la cité seelandaise. «Notre magasin à Neuchâtel attire des clients du Jura bernois et de Bienne.»

The Nail Company songeait d’ailleurs à s’établir dans la cité seelandaise il y a deux ans déjà. «Mais nous avons eu de la peine à trouver un local adéquat. Il y en a beaucoup de vacants au centre-ville. Mais ils sont souvent trop grands. Et ceux de la rue de Nidau sont trop chers.»

Innovation récompensée
Avec cette arrivée à Bienne, The Nail Company se frotte pour la première fois à la clientèle alémanique. Elle effectuera un pas supplémentaire dans sa direction le mois prochain, avec l’ouverture d’un Nail Bar à Zurich. «Ce sera un vrai test. Nous quittons notre zone de confort», avoue Florence Stumpe.

Elle et son mari ont cependant un atout à faire valoir pour conquérir ce nouveau marché: leur concept a été récompensé cet été par le Swiss Economic Forum Award, dans la catégorie services. Ce prix, destiné aux jeunes entrepreneurs suisses, récompense les sociétés qui se démarquent grâce à leur esprit d’innovation et de créativité et qui recèlent un important potentiel de développement.

«En Suisse alémanique, ce prix possède un prestige qu’il n’a pas en Suisse romande. Il nous a rendus fiers, mais il nous a aussi permis de débloquer certaines portes. Comme à Zurich par exemple», relève Florence Stumpe. Prochain chapitre de la sucess story? «On verra. On se laisse porter un peu par les événements.»

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