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Perrefitte: monde animal

Un cinéaste du cru sur les traces d’un fascinant volatile

Francis Hengy livre un tout nouveau documentaire animalier. A découvrir en avant-première le samedi 9 avril au Cinoche à Moutier

D’une taille allant jusqu’à 1,5 mètre et pesant jusqu’à 6 kilos, les grues cendrées comptent parmi les oiseaux les plus grands du monde. Francis Hengy

Catherine Bürki

«Une fabuleuse expérience». C’est avec ces trois mots que Francis Hengy résume sa dernière aventure cinématographique. Aaujourd’hui 70 ans, le citoyen de Perrefitte, réalisateur autodidacte et décolleteur de métier, vient de mettre un point final à «Migration au rythme des saisons».

D’une durée de 52 minutes, ce film documentaire, entièrement réalisé par ses soins, retrace le parcours migratoire de la grue cendrée, l’un des plus grands oiseaux du monde.

A moins de deux semaines de l’avant-première au Cinoche à Moutier (voir ci dessous), l’artiste évoque son œuvre avec émotion. «Ces oiseaux m’ont immédiatement fasciné par leur beauté et leur envergure de plus de deux mètres. Leurs cris perçants m’ont tout simplement envoûté.»

En digne amoureux de la nature, il raconte avoir été interloqué par les apparitions répétées de l’espèce, dans non contrées, ces dernières années. Alors qu’elle n’est d’ordinaire pas présente dans notre coin de pays, celle que l’on appelle également la Dame grise aurait, en effet, été aperçue à plusieurs reprises à Crémines, Moutier ou encore Glovelier.

«Avec le réchauffement climatique, sa nourriture prolifère en différents endroits, ce qui lui permet de s’écarter quelque peu de son couloir de migration traditionnel», explique le spécialiste, qui dit avoir ainsi eu envie de «permettre aux gens de la région et d’ailleurs de découvrir ce fabuleux oiseau.»

Apriori simple, le souhait de Francis Hengy l’entraînera alors dans une folle épopée. Cinq années auront en effet été nécessaires pour lui permettre de filmer le cycle migratoire des quelque 300000 spécimens qui traversent l’Europe chaque année. «Je les ai suivis de la Scandinavie où elles se reproduisent, jusqu’à la pointe  sud de l’Espagne, à Tarifa, où la plupart vont passer l’hiver avant de reprendre le chemin du Nord», raconte-t-il.

De quoi, lui faire parcourir plus de 130000km au travers d’une dizaine de pays. «La migration n’est pas une science exacte. J’ai dû faire preuve de patience, affronter jusqu’à des moins 25 degrés et revenir parfois à plusieurs reprises au même endroit pour capter les images.»

Spectacle époustouflant

Caméras au poing de trois à six mois par année, Francis Hengy est alors parvenu à filmer l’oiseau dans les différentes étapes de sa migration. Offrant des images époustouflantes, le documentaire se révèle une mine d’informations sur la grue cendrée, mais aussi sur d’autres espèces migratoires croisant le chemin des Dames grises. «Leur passage au Lac du Der (réd: France), où elles s’arrêtent pour se nourrir est notamment très impressionnant. Les gens viennent par dizaine de milliers assister au spectacle», raconte le réalisateur

. En plein vol dans un lever de soleil d’Espagne, en train de picorer les champs de maïs français, ou encore en pleine parade nuptiale en Suède: Francis Hengy se dit fier des images ramenées. «A ma connaissance, aucun film documentaire sur cet oiseau n’a été réalisé de manière aussi pointue», sourit-il.

Malgré les conditions parfois rudes, le réalisateur se souvient avoir vécu des moments inoubliables. «En Finlande, je me suis retrouvé à 40 mètres d’un ours», sourit-il. «Mon camping-car a aussi été recouvert de fumier par des paysans qui manifestaient contre les dégâts que les oiseaux causent à leurs cultures», rigole encore l’artiste.

Ayant financé son projet de sa poche et grâce à quelques dons, Francis Hengy confie qu’il envisage, à l’avenir, de rentabiliser l’investissement avec les projections du film, des conférences, des activités didactiques auprès des écoles ou encore en dégotant de nouveaux sponsors.

Mais pour l’heure, il tient à souligner que la première projection, qui se déroulera au Cinoche le 9 avril sous la houlette du Club d’Ornithologie de Moutier, sera totalement gratuite.

Un réalisateur plusieurs fois distingué

Passionné par l’image et la nature depuis son plus jeune âge, Francis Hengy a rapidement appris à manier l’appareil photo et la caméra. En parallèle de ses activités de décolleteur, il s’est spécialisé tout d’abord en photographie sous-marine, puis s’est mis au film-documentaire. Véritable autodidacte, ce natif de Moutier a réalisé plusieurs courts-métrages sur l’industrie du décolletage, puis d’autres en lien avec la nature.

Francis Hengy. LDD

Il s’est illustré notamment avec son documentaire «La Rosalie des Alpes», qui lui a valu une sélection au Festival international de Namur en Belgique. Le film «Quand résonne le bois», traitant des bois précieux de l’Arc jurassien, a été également remarqué. Une exposition réalisée autour du film a reçu notamment le Prix culturel de l’AIJ.

Première projection:
Le film documentaire «Migration au rythme des saisons» est à découvrir en  avant-première le samedi 9 avril à 17h30 au Cinoche à Moutier.

Entrée libre.
 

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