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Sornetan

Un demi-siècle au service de l’élevage bovin

Rencontre avec Jean-Pierre Graber, qui s’exprime sur les changements survenus dans le monde du bétail

Connu bien au-delà du Petit-Val, Jean-Pierre Graber a vécu intensément cinq décennies d’élevage. Janine Houmard

Janine Houmard

Teneur du Registre généalogique du syndicat d’élevage bovin Petit-Val durant 50 ans, Jean-Pierre Graber a démissionné de sa fonction au 31 décembre prochain. Homme de terrain et de bureau puisqu’il a travaillé, notamment, pendant 35 ans au Service cantonal de l’élevage du bétail, à Berne, il s’exprime sur les changements intervenus dans les dossiers concernant la détention des bêtes, et sur l’élevage en général. Interview

Jean-Pierre Graber, dans quel contexte avez-vous été nommé à votre poste de secrétaire?
Je remplaçais déjà mon père qui avait exercé cette fonction pendant 36 ans. Ma nomination s’est faite par l’assemblée du syndicat le 15 avril 1966. Elle a été confirmée par la Fédération suisse d’élevage de la race tachetée rouge, et ratifiée par la Direction de l’agriculture.

En quoi consistait votre fonction?
Elle comportait plusieurs obligations: la tenue du registre; le marquage des veaux d’élevage, qui exigeait de se rendre dans chaque étable concernée; l’établissement et le contrôle des certificats d’origine ainsi que des cartes de saillies et de mises bas remplies par les éleveurs. Les registres étaient inspectés chaque année par la Fédération suisse d’élevage à Berne, puis plus tard à Zollikofen. Un inspecteur arrivait parfois à l’improviste. Un blâme, voire une révocation pouvait s’ensuivre.

Quand sont intervenues les premières modifications de cette organisation ?
Différents facteurs ont compté dans ces changements. D’abord les croisements de races en 1970-71, puis l’insémination artificielle, qui a amené notre syndicat à supprimer son ou ses taureaux en 1975. La garde du taureau était source de discussions et souvent de mésententes entre les éleveurs. Les propriétaires ont marqué eux-mêmes leurs veaux puis, dès le 1er décembre 1999, est intervenue la B.D.T.A. (Banque de données pour la traçabilité des animaux) avec les inscriptions auriculaires. A l’arrivée de l’informatique, toutes les données étant enregistrées à Berne, respectivement à Zollikofen, les registres furent supprimés et l’ordinateur s’imposa dans chaque exploitation. En 2003, les secrétaires devinrent des «hommes de liaison» dont le travail se limita aux PV, aux convocations et à l’organisation des concours bovins.

Vous avez participé à une centaine de ces concours?
Oui, dont deux concours de jubilé, le 50e et le 75e anniversaire de notre syndicat. Ils sont supprimés dans plusieurs cantons et remplacés par la DLC (Description linéaire et classification) que les experts effectuent dans l’étable. Actuellement, pour leur organisation dans le canton de Berne, Swissherdbook exige la présence d’au moins deux éleveurs et un minimum de 25 bêtes. Les propriétaires passionnés qui y participent consacrent du temps à la préparation de leur bétail et font parfois de longs déplacements. Ils bénéficient en revanche des contacts entre collègues et des comparaisons avec d’autres troupeaux.

Quel est votre avis sur l’évolution de l’élevage bovin?
Il a été profondément modifié par les progrès zootechniques, la sélection des animaux et le testage des taureaux, ainsi que par les nouvelles technologies en rapport avec l’informatique. La manière de récolter le fourrage, les méthodes d’affouragement, la détention des bêtes, la traite, la qualité du lait, chacun de ces domaines a subi une énorme évolution. Par leur engouement pour le beau bétail, les jeunes éleveurs ont contribué au changement de mentalité et au succès actuel.

Votre retraite est-elle un sujet de regret ou de satisfaction?
Je me décharge de cette fonction sans regret, avec le sentiment du devoir accompli. J’ai  quitté aussi le comité de l’AREF (Association du réseau équestre des Franches-Montagnes) et la vice-présidence de la CICOFM (Communauté d’intérêt pour le cheval originel FM). Je consacre ma retraite à la rédaction d’un livre dont le héros est un étalon. Les chevaux sont, avec les bovins, ma grande passion.
Jouissant de sa retraite, Jean-Pierre Graber n’en reste pas moins attentif aux péripéties du monde bovin et chevalin. Pour cet habitant de Sornetan, c’est un intérêt qui perdure au fil du temps et des événements.

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