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Société d’utilité publique de Bienne

Un jubilé et une question existentielle

L’association fête son 125e anniversaire le 9 décembre prochain. Mais elle s’interroge sur son utilité et sa place dans la société.

Le bénéfice de la Glaneuse, entièrement rénovée en 2015, permet à la SUPBde financer et d’encourager des activités à caractère social. LDD

Christian Kobi

La question est récurrente pour les membres de la Société d’utilité publique de Bienne (SUPB): jusqu’où peut-on ou doit-on aller sans pour autant décharger les collectivités publiques? «Cette question, nous nous la posons constamment. Si nous existons, c’est pour combler des lacunes dans le système social, mais nous devons aussi veiller à ne pas aller trop loin.

La balance n’est pas toujours facile à trouver», concède Urs Stalder, le président de l’association biennoise fondée en 1891 et qui fête cette année son 125e anniversaire. Pour célébrer ce jubilé, une fête aura lieu le 9 décembre au foyer du Théâtre municipal, en présence notamment de Jean-Daniel Gerber, président de la société suisse d’utilité publique, et de l’ancien maire de Bienne et conseiller aux Etats Hans Stöckli.

Cette fête d’anniversaire sera l’occasion pour les quelque 70membres de la SUPB de revenir sur quelques-uns des moments clés de ces 125 ans d’histoire, parmi lesquels les activités liées à la Glaneuse figureront certainement en bonne place. La brocante sise à la rue Haute13, en vieille ville, est exploitée par la SUPB, à qui le bâtiment appartient.

Le bénéfice qui y est généré permet à l’association de financer des projets sociaux comme le LadenBistro, le groupe de jeux pour enfants «Welcome!», l’Atelier Kanal 15 (AK15) ou encore l’espace conceptuel Art Vif.

Financement de base
L’intégration de personnes souffrant d’un handicap, que celui-ci soit physique, intellectuel, émotionnel, linguistique ou social, est au premier plan de tous les projets soutenus par la SUPB.  «Lorsque nous jugeons qu’un projet mérite notre soutien, nous y apportons le financement de base. L’idée, ensuite, est que le projet soit géré de manière indépendante», explique Beatrix De Cupis, membre du comité de la SUPB.

Cette indépendance, l’AK15 et l’espace conceptuel Art Vif l’ont acquise en 2005 en devenant des fondations. Le premier est un centre de réhabilitation professionnelle pour des personnes avec un handicap psychique. Celui-ci emploie 45 personnes. Le second offre des ateliers audiovisuels, graphiques et plastiques pour des jeunes ayant des difficultés personnelles ou avec leur entourage.

«Aujourd’hui, nous ne créons plus d’institutions comme par le passé, car celles-ci finissaient par devenir trop grandes. A tel point que nous n’arrivions plus, en tant qu’association de bénévoles, à nous en occuper», précise Beatrix de Cupis.

Désormais, la SUPB accorde surtout des contributions financières pour soutenir des institutions, comme elle l’a fait avec le groupe de jeu pour l’intégration précoce «Welcome!» ou le LadenBistro, ce lieu de rencontre tenu par des personnes souffrant de handicap et ouvert au public et qui offre également des places d’accueil de jour pour des handicapés.

Pas de projet en cours
Si de nombreux projets ont été menés à bien dans le passé, aucun n’est actuellement en cours. Ceci pour une bonne raison. «La rénovation de la Glaneuse, qui s’est achevée l’année dernière, a été plus longue et plus coûteuse que prévu», note Urs Stalder. Des événements inattendus sont venus perturber le cours des travaux. «Un mur porteur s’est partiellement écroulé, ce qui a nécessité de contrôler et de refaire la statique du bâtiment», rappelle-t-il.

Depuis août 2015, la brocante profite de ses nouveaux locaux aux dimensions généreuses, sur deux étages. Les murs ont été repeints et retapissés, et les vieux parquets, jadis recouverts de tapis, ont été mis en valeur. «Tout est plus lumineux qu’auparavant. Les affaires marchent mieux depuis la réouverture», se félicite Urs Stalder.

Une utilité en question
Si les affaires de la Glaneuse marchent bien, la SUPB se pose néanmoins des questions sur son avenir. «Nous avons déjà effectué plusieurs retraites pour y réfléchir. Le statu quo, la dissolution, un changement des statuts, tout est ouvert. La question est de savoir si nous sommes encore utiles», déclare Urs Stalder.

A ses yeux, il manque actuellement un grand projet à la SUPB pour retrouver des couleurs. «Nous avions lancé un concours d’idées en 2010 à la Foire de Bienne mais le résultat avait été décevant», regrette le président. Celui-ci espère que le jubilé permettra de mieux mettre en valeur l’association.

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