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Baromètre industriel

Un optimisme prudentpour le secteur secondaire

La CEP a publié son outil d’analyse trimestriel. Les entreprises du Jura bernois affichent un solide aplomb, mais le tableau est assombri par Omicron.

Les perturbations de la production mondiale biaisent incontestablement une séquence positive pourbeaucoup de PME du secteur secondaire. KEYSTONE/Gaetan Bally


Par Sébastien Goetscmann

Rendez-vous trimestriel attendu dans le monde de l’industrie, le baromètre de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) est au beau fixe pour ce début d’année. Tant les courbes prospectives des entrées de commandes que celles des résultats opérationnels, des investissements et du développement des entreprises pointent vers le haut.

Une majorité d’entreprises attend ainsi une augmentation des entrées de commande pour cette période, indépendamment de leur taille ou de leur spécialisation. «L’homogénéité des projections effectuées traduit le caractère systémique de l’industrie régionale», développe Patrick Linder. «S’il souligne en première analyse une dépendance commune aux mêmes domaines d’application – comme l’horlogerie, le médical, l’automobile, la mécatronique ou la microélectronique – et, par leur biais, une insertion sur les marchés mondiaux, il relève également d’une complémentarité de ses acteurs qui nourrit de nombreuses interactions internes.»

Cette tendance positive reste toutefois fragile, tient à préciser le directeur de la CEP. «Le sondage a été effectué avant Noël», indique-t-il. «Or l’explosion des contaminations due au variant Omicron ainsi que les quarantaines accroissent cruellement les perturbations du secteur industriel dans une phase d’activité intense.»

Dans un secteur secondaire où le télétravail est peu pertinent, certaines firmes se sont retrouvées avec 10 à 20% de personnel en incapacité d’assumer ses fonctions. «Cette situation est encore aggravée par la saturation du dispositif de tests et les délais pour l’obtention des résultats, ce qui a poussé les entreprises à tirer la sonnette d’alarme», commente Patrick Linder, pour qui il est important d’adapter les mesures actuelles afin de ne pas entraver l’activité économique tout en garantissant la prudence sanitaire.

Malgré l’aplomb affiché par les industriels du Jura bernois, d’autres facteurs exigent de rester particulièrement attentifs. «Les perturbations de chaînes d’approvisionnement, les pénuries de certains composants, une tendance inflationniste généralisée et, toujours, la force du franc suisse compliquent la pleine exploitation de cette phase positive, entamée depuis plusieurs mois déjà et dans laquelle la capacité à disposer des compétences nécessaires reste la principale pierre d’achoppement», poursuit Patrick Linder.

 

Pénurie de composants

Les résultats comptables de la majorité des entreprises se stabilisent, mais ne s’améliorent pas forcément, en dépit d’un haut niveau de fonctionnement. «Ce décalage avec la croissance des entrées de commande pose la question de la profitabilité des activités et particulièrement celle des marges», souligne le directeur de la CEP. Or dégager un profit durant une séquence positive est obligatoire pour pérenniser le tissu industriel et les capacités de production en Suisse.

La hausse de prix des matières et de différents composants, observée depuis la moitié de l’année dernière et qu’il n’est pas possible de répercuter entièrement sur les clients, est une des causes principales de la pression exercée sur les marges. Par ailleurs, l’étirement général du temps d’approvisionnement complique également la donne. Face à cette situation, certaines d’entreprises augmentent leurs stocks, ce qui contribue vicieusement à aggraver l’inflation globale.

Pour terminer, la pénurie mondiale des semi-conducteurs, qui se propage à l’ensemble des composants électroniques, perturbe, retarde ou bloque des projets. «Si cette situation vient à se prolonger, cela aura immanquablement des effets délétères pour l’industrie», promet Patrick Linder.

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