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Horlogerie

Une évolution contrastée

Les exportations ont bondi au premier semestre 2018, avant de s’essouffler après l’été. L’Asie, en forte hausse, a absorbé plus de la moitié des montres, alors que l’Europe a marqué le pas.

Les montres de luxe restent le moteur de la croissance, notamment en Asie. Archives-keystone

Par Philippe Oudot


Les montres suisses ont toujours la cote dans le monde, en témoignent les statistiques des exportations dévoilées hier par la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH). En 12 mois, elles ont atteint 21,2 milliards de francs (+6,3% par rapport à 2017), ce qui constitue le 5emeilleur résultat de tous les temps (voir ci-contre). Les deux années précédentes, elles n’avaient pas franchi la barre des 20milliards. La croissance a toutefois évolué en dents de scie, avec une forte hausse au 1er semestre (+10,6%), alors qu’elle n’était que de +2,3% sur les six derniers mois. 

Le conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi que les incertitudes politiques et économiques qui lui sont liées, ne sont pas étrangères à cette évolution. De plus, relève Jean-Daniel Pasche, président de la FH, la branche a aussi dû composer avec la concurrence d’autres produits de luxe, «par exemple ceux de parfumerie ou de maroquinerie, notamment pour les montres d’entrée de gamme, ainsi que les produits connectés comme les smartwatches». Du coup, la FHfait preuve d’un optimisme prudent pour 2019 et s’attend à une progression mesurée des exportations.

Baisse inquiétante
Les montres-bracelets représentent toujours l’essentiel (95%) des produits exportés. Elles ont frisé la barre des 20milliards (19,9), soit une hausse de 6,1% en valeur. En revanche, le nombre de pièces a reculé de 570000 unités (-2,3%) par rapport à 2017, pour atteindre 23,7mios de pièces. Une situation que Jean-Daniel Pasche observe avec une certaine inquiétude: «Il est nécessaire d’avoir une masse critique suffisante, car c’est ce qui garantit les places de travail, la production de machines et les activités de sous-traitance. Nous espérons que la situation va se stabiliser.» 

Ça roule pour la mécanique
Un recul qui, pour la FH, est imputable aux montres à quartz, dont le nombre de pièces a reculé de 5%, alors que dans le même temps, leur valeur augmentait de 4,2%. Une évolution apparemment contradictoire, mais qui peut s’expliquer du fait du succès des garde-temps à quartz haut de gamme, en particulier des montres-bijoux. Les garde-temps mécaniques, quant à eux, ont continué de progresser, tant en valeur (+6,6%) qu’en volume (3,9%).

Ce sont surtout les montres d’entrée et de milieu de gamme qui ont le plus souffert, en particulier en volume. Le nombre de pièces d’une valeur inférieure à 500fr. (prix export) a en effet reculé de 5%, alors qu’à partir du milieu de gamme supérieur, les exportations ont augmenté de 7,5% en valeur, et de 8,1%en nombre de pièces.

L’acier, une valeur sûre
En ce qui concerne les matières, les garde-temps en acier ont continué de progresser, tant en valeur qu’en volume (+4,3%); ils habillent plus d’une montre sur deux. Celles en métaux précieux, ainsi que les bimétalliques ont également vu leur valeur augmenter. En revanche, les catégories «autres métaux» et «autres matières» ont fortement reculé en volume – respectivement de -12,7% et de -15,2%.

Plus d’une montre sur deux est vendue en Asie
S’agissant des différents marchés, l’Asie a été particulièrement dynamique, avec une croissance des exportations de 12,2%, suivie de l’Amérique (+7,2%), alors que les exportations ont fléchi de 2,9%en Europe. L’an dernier, le continent asiatique a ainsi représenté 53% des exportations horlogères. Hong Kong reste, et de très loin, la première destination, avec plus de 3milliards (+19,1%), devant la Chine (1,717milliard, soit +11,7%), le Japon (1,341milliard, +9,1%). Mais proportionnellement, c’est la Corée du Sud qui a enregistré plus forte croissance, soit +25,7%, à 878mios. De leur côté, Singapour et Taïwan sont restés stables, atteignant respectivement 1,107milliard et 306mios.

Malgré son fléchissement, l’Europe demeure le deuxième débouché pour les exportations:l’an dernier, la part de marché du Vieux Continent a pesé pour 31%du total. Le Royaume-Uni, marché numéro1, a reculé de 4,4%, à 1,233milliard, alors que les numéros 2 et 3 – Allemagne et France – ont progressé respectivement de 4,3% (1,124milliard) et de 9,1% (1,070milliard). En revanche, l’Italie et l’Espagne ont enregistré une forte baisse, la première, de 14,3%, et la seconde, de 11,4%.Pour Jean-Daniel Pasche, «cela s’explique avant tout en raison de la conjoncture économique et politique qui règne dans ces deux pays». S’agissant de la bonne performance de la France, il observe qu’elle tient en grande partie au fait que nombre de marques réexportent depuis l’Hexagone leurs produits vers d’autres pays d’Europe.

Quant au continent américain, il a connu une augmentation de 7,2%, en particulier grâce aux Etats-Unis qui, en chiffres absolus, représentent le deuxième plus important débouché pour les horlogers suisses: les exportations s’y sont élevées à 2,216milliards (+8,2%).

 

Les exportations depuis 2008

- 2008 17 milliards

- 2009 13,2 milliards

- 2010 16,2 milliards

- 2011 19,3 milliards

- 2012 21,4 milliards

- 2013 21,8 milliards

- 2014 22,2 milliards

- 2015 21,5 milliards

- 2016 19,4 milliards

- 2017 19,9 milliards

- 2018 21,2 milliards

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