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Bienne

Usée par l’administration

Dagmar Clottu jouera bientôt ses derniers concerts. Lasse des pressions financières et administratives, la pianiste met fin à «Ars musica». Elle ne se produira plus que sur invitation.

Dagmar Clottu jouera le mélodrame Enoch Arden, de Richard Strauss, à Bienne. Bertrand Rosenberg

Par Maeva Pleines

Le 26mai et le 1er juin sont des dates à retenir pour les mélomanes. La pianiste Dagmar Clottu se produira pour la dernière fois dans le cadre de son rendez-vous musical Ars musica. La Biennoise avait lancé l’aventure en 1988 au Palais des Congrès, dans l’idée de créer un festival drainant de grands noms de la scène classique dans la cité seelandaise. Remaniée, la manifestation s’était épanouie dans la salle de la Loge de 1996 à 2003, pour finalement installer ses quartiers à l’Eglise adventiste française. «C’est là que j’ai trouvé le meilleur piano», sourit la musicienne. Après avoir offert au public des spectacles tels que des récitals de bienfaisance, une mini-Schubertiade, l’intégrale du «Clavier bien tempéré» de Bach ou encore l’intégrale de la musique de chambre de Beethoven pour piano et cordes, Dagmar Clottu jette l’éponge.

«Jouer et gérer l’organisation d’un tel événement représente un énorme travail», souffle l’artiste. Et de détailler les démarcher pour rechercher des subventions ou encore faire de la pub. «Si j’avais trouvé quelqu’un pour s’occuper de tous les aspects administratifs, ce serait une autre histoire. Mais l’entreprise est très personnelle et le travail compliqué. Je n’ai donc pas trouvé le profil idéal qui pourrait avoir les compétences nécessaires et être intéressé à poursuivre l’aventure.»

Dagmar Clottu ne craint toutefois pas que la musique lui manque. Entre ses trois chats, son imposant potager et son implication à l’église, la virtuose de 69ans a de quoi s’épanouir. «Je ne compte pas arrêter complètement de jouer: j’ai déjà plusieurs invitations privées et je ne compte pas délaisser le piano de ma maison», précise-t-elle.

Cette ancienne critique musicale enseigne notamment son art à ses élèves. «Je partage ainsi un héritage familial, car ma mère m’a tout appris», relate Dagmar Clottu. Prof de piano, Lucienne Clottu lui a en effet refilé le virus musical dès ses six ans. Quant à son père, architecte, il avait également poursuivi une formation professionnelle musicale, par simple intérêt. «Je ne crois pas que la musique se transmette dans les gènes, mais certains environnements sont indéniablement favorables», concède la Biennoise qui se verrait bien inspirer d’autres artistes en offrant des masterclass.

Les couleurs du piano
«J’ai moi-même été inspirée par plusieurs modèles, comme Daniel Barenboim ou Martha Argerich, avec qui j’ai été amie», cite Dagmar Clottu. Elle explique également avoir beaucoup appris de La Callas, qui savait donner un sens dramatique aux phrases musicales et les ponctuer de respirations. «Il faut savoir insuffler une intention, une couleur, à son jeu. Sinon, on ne fait que taper sur des touches», commente la musicienne.

Pour ses derniers concerts, le 26mai et 1er juin à 19h à l’Eglise adventiste française de Bienne elle se penchera sur le mélodrame de Richard Strauss, Enoch Arden. «Il s’agit d’une première à Bienne, ce qui compte pour moi car j’ai toujours aimé faire découvrir des nouveautés au public. Avec la comédienne Jacqueline Halaba-Prébandier, nous raconterons une histoire, où s’alterneront le piano et la voix parlée», décrit Dagmar Clottu. Le texte, en français, a été adapté par la lectrice à partir d’une traduction de Xavier Marnier.

Ars musica se clorera finalement avec le chœur Le chandor d’Orvin, le 23juin, également à 19h à l’Eglise adventiste de Bienne. L’occasion de revisiter des chansons françaises bien connues sur le thème du temps.

Réservations au 0323651740 ou dagmar.clottu@sunrise.ch

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