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Pierre-Alain Schnegg

Un Romand pour bétonner la majorité à droite

Adoubé par Manfred Bühler, il se lance avec détermination dans la course au gouvernement

Pierre-Alain Schnegg: fermement déterminé à conquérir le siège gouvernemental réservé au Jura bernois et à faire ainsi basculer la majorité. S. Gerber

Pierre-Alain Brenzikofer

Comme Le JdJ le laissait entendre hier, Manfred Bühler a choisi de renoncer à faire acte de candidature au gouvernement pour assumer son élection au Conseil national et ainsi conserver le seul fauteuil du Jura bernois. Dans ce contexte, il recommande chaleureusement à ses électeurs et à toute la région de soutenir la candidature de son collègue député Pierre-Alain Schnegg.

Contacté hier, ce dernier nous a affirmé qu’il se lancerait dans la course à l’investiture avec détermination. Selon lui, il est évident que si l’UDC décide de ne présenter qu’un seul candidat lors des élections partielles de février, il faudrait que ce soit un représentant de l’UDC JB. «On sait que le siège du Jura bernois est déterminant pour la majorité politique du gouvernement, analyse-t-il. L’UDC du canton de Berne doit dès lors définir si elle pense à long terme ou seulement à la fin de cette législature...»

Avant d’aller plus loin, on relèvera que Manfred Bühler s’est fait l’auteur d’un communiqué où il rappelle avoir été porté au Conseil national avec 3360 voix de marge sur le premier des viennent-ensuite.

«Dans le Jura bernois, poursuit-il, mon avance sur le premier Alémanique est de 4587 voix. C’est donc en premier lieu grâce à la mobilisation exceptionnelle de l’électorat de la région francophone sur ma candidature que je suis aujourd’hui conseiller national élu, mais aussi grâce au soutien très fort de la partie alémanique.»

Une grosse responsabilité

Pour l’encore député-maire de Cortébert, cette marque de confiance fonde une grande responsabilité, celle d’être le seul élu fédéral de la minorité linguistique et culturelle du canton: «En me portant tout prochainement candidat au Conseil exécutif, je ne me montrerais pas digne de cette responsabilité puisqu’en cas d’élection, je serais contraint de quitter le National», analyse-t-il.

Quand bien même la fonction de conseiller d’Etat constitue un défi qu’il relèverait «avec plaisir, mais aussi humilité, il est de mon devoir d’y renoncer, dans l’intérêt supérieur du Jura bernois.» Pour le nouveau conseiller national, ce renoncement est facilité par le fait que l’UDC JB est en mesure de présenter un candidat au Conseil exécutif en la personne de Pierre-Alain Schnegg, député de Champoz.

«L’homme providentiel»

«Mon collègue dispose de toutes les compétences requises pour faire un excellent conseiller d’Etat: père de famille de quatre enfants adultes, solide formation professionnelle, brillante carrière dans l’économie privée et présidence d’une institution publique primordiale telle que l’Hôpital du Jura bernois. Avec un tel bagage, Pierre-Alain Schnegg est l’homme providentiel dont la région et le canton tout entier ont besoin pour remettre la Direction de la santé publique sur de bons rails, insiste Manfred Bühler

Avec son profil politique, Pierre-Alain Schnegg est également un rassembleur disposant de la confiance des autres partis politiques bourgeois du Jura bernois, et même d’appuis au centre et à gauche. Il a mon soutien total.»

Le député de Champoz nous a fait part hier de sa détermination:«J’entends me battre pour que le siège du Jura bernois soit occupé par un bourgeois. D’ailleurs, comme plus grand parti du Jura bernois, il est tout à fait normal que l’UDCsoit représentée dans cette élection.»
Reste à savoir si l’UDC bernoise sera du même avis, elle qui chuchote de plus en plus ouvertement qu’elle ne lancera qu’un seul candidat dans la bataille pour la succession des socialistes Philippe Perrenoud et Andreas Rickenbacher. Donc un Alémanique?

«Eh bien, répond de manière catégorique le politicien de Champoz, si nous ne lançons qu’un champion, il faut au contraire qu’il soit du Jura bernois.Parce que l’UDC JB est le plus fort parti de ce coin de pays et parce qu’elle n’a jamais été représentée au gouvernement! De plus, si on veut retrouver une majorité de droite de manière durable, il est impératif que le représentant du Jura bernois soit issu d’un parti bourgeois. Adopter une autre tactique serait faire preuve d’une vision à courte vue... juste pour la fin de la législature.»

Forcément, eu égard à sa fonction de président du conseil d’administration de l’HJB SA, on lui a demandé s’il se lançait dans la bagarre pour un poste de conseiller d’Etat ou pour celui, spécifique, de directeur de la Santé.

«Eh bien, d’abord pour être élu à l’exécutif! Certes, tout le monde ou presque fait le raccourci vu la présidence à laquelle vous faites allusion. Mais le dernier venu prend toujours ce qu’il reste. Cela dit, j’ai effectivement une grosse expérience dans l’économie privée et une bonne connaissance de la santé publique. Au gouvernement, les anciens décident de l’attribution des places.Bon, il est clair que la santé m’intéresse davantage que la police et les affaires militaires.»

Ce qui ne l’empêche pas d’ajouter que le département de la santé est «le plus casse-gueule. On ne peut qu’y faire des déçus. Mais quand on y va, c’est pour résoudre des problèmes, pas pour une partie de plaisir. Et cet univers en connaît, des problèmes.»

La santé? Pas un cadeau

Quand on lui demande de préciser sa pensée, il glisse qu’il s’exprimait d’une manière générale, au niveau suisse. Berne n’échappe pas au phénomène, même si, prétend l’homme, ce canton a fait véritablement œuvre de pionnier dans plusieurs dossiers, notamment au niveau de la loi sur les soins hospitaliers. «Comme quoi, il ne s’agit pas de casser, mais bien d’améliorer encore ce qui peut l’être.»

Avant d’en arriver là, il s’agira de convaincre l’UDC cantonale du bien-fondé de la candidature Schnegg. Pour dernier, ce sera dur, «mais c’est normal». Explications? Diantre, les Romands représentent 10% de la population et ils ont un conseiller d’Etat PS depuis longtemps.

De là à dire que l’UDC laisserait volontiers la succession Perrenoud au PS, il y a un pas que Pierre-Alain Schnegg refuse catégoriquement de franchir en rappelant la progression»spectaculaire» de l’UDC JB et qu’elle n’a jamais eu de conseiller d’Etat: «Il est grand temps que ça change.» Quitte à présenter deux candidats UDC en février et faire preuve d’arrogance par rapport au PBD et au PLR?

«C’est curieux qu’on ne parle jamais d’arrogance à propos du PS, qui est surreprésenté avec trois personnes au gouvernement et qui remonte pourtant au front avec deux candidats. Il ne pèse pourtant que 20% de l’électorat environ, alors que l’UDCpeut en revendiquer plus de 10% supplémentaires. Dont 36% dans le Jura bernois. Alors, où est l’arrogance?»

En tout cas, on sent Pierre-Alain Schnegg prêt à faire le forcing pour imposer sa candidature, quand bien même ce forcing devrait être décidé par l’UDC JB. «L’objectif prioritaire consiste à convaincre. Je signale déjà que j’ai été contacté par de nombreuses personnes dans le Jura bernois comme dans l’Ancien canton, de tous partis confondus.»

S’engager pour Moutier

Forcément, on lui a demandé si, comme conseiller d’Etat, il s’engagerait dans la campagne de Moutier, contrairement à l’actuel mutisme du Conseil exécutif:«Eh bien, ce silence me navre d’autant plus que Berne a beaucoup de choses à proposer.Moutier n’en est pas toujours conscient. Il s’agirait donc de mettre en avant avec détermination tout ce que la ville pourrait perdre en s’en allant. Si je suis élu, je me battrai évidemment en faveur de notre intégrité territoriale, comme je le ferai en tant que citoyen ou en tant que député. Comme président de l’HJB, c’est autre chose. Là, il s’agira simplement pour l’établissement d’expliquer les tenants et aboutissants par rapport à des conditions cadres, mais pas forcément sur la place publique avec des affiches. L’Hôpital du Jura fera peut-être de même.»

La balle est dans le camp de l’UDC bernoise.

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