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Foot: équipe de Suisse

Balle de match ce soir à Saint-Jacques

La Suisse joue ce soir à Bâle sa qualification pour l’Euro 2016. Dans une situation très confortable, elle part clairement avec les faveurs de la cote face à la Slovénie. Mais aussi avec des doutes qui incitent à la méfiance

La sélection de Vladimir Petkovic devra assumer ses ambitions sur la pelouse rhénane. Keystone

Bâle, Christian Moser

Vladimir Petkovic l’a claironné sans hésitation dès le début du stage. Il croit à son groupe de base, il fait confiance à ses réputés meneurs et il leur fera encore confiance ce soir à Saint-Jacques. Avant sa «finale», la Suisse s’est parfaitement positionnée. Elle jouera ce match dans un stade peut-être pas bondé, ni chauffé à blanc, mais néanmoins acquis à sa cause.

«Et quelle que soit l’affluence», lance le coach, «je suis certain que le public sera notre douzième homme.» En face, une Slovénie toujours pas lâchée au classement, qu’un match nul maintiendrait parfaitement dans le coup. Parce que la Suisse, c’est ma foi possible, pourrait perdre des plumes à Londres, mardi soir, et parce que la Slovénie aurait alors devant elle une voie royale: l’Estonie et la Lituanie à domicile, Saint-Marin chez elle...

Au dernier roulement de tambour, hier soir en conférence de presse, Petkovic a cultivé l’optimisme. De bonne guerre. «J’ai appris à connaître mes hommes depuis une année. Ils ont un bel avenir. Cette équipe a un gros potentiel et va devenir encore meilleure.» S’il considère que ce match «n’est pas encore une finale absolue», il sait qu’une victoire «nous donnerait un bon 80% d’arriver au port». Un avertissement quand même: «Nous devons nous montrer plus concrets dans notre jeu qu’au dernier match (réd: succès 2-1 en Lituanie). Etre disciplinés, très concentrés. Mais agir avec confiance.»

Comment se présente cette «Nati»? Officiellement bien. Derrière, Timm Klose, qui en impose avec Wolfsburg, prend la place de Steve von Bergen. Le gardien Yan Sommer ne joue pas sur un nuage présentement avec Moenchengladbach mais semble au-dessus de la concurrence. La défense devrait tenir le choc. Le duo Fabian Schär/Klose, en charnière centrale, aux caractéristiques assez semblables, doit démontrer sa complémentarité en «live».
A mi-terrain, Petkovic relance un trio dont, sans le dire, on peut croire qu’il attend bien davantage. Valon Behrami mouille la chemise, Gökhan Inler récupère et aspire tous les ballons – s’il pouvait les rendre plus rapides et plus surprenants... –, Granit Xhaka, de loin le plus performant depuis un an, se charge du reste. Les trois hommes jouent le plus souvent mais n’ont pas encore rassuré le bon peuple.

Une vraie curiosité
Hier, le sélectionneur a défendu son trio. «Ce que j’attends de mon milieu demain? Qu’il donne la stabilité au groupe. Qu’il trouve le bon rythme et les changements de cadences, les bons moments pour placer les accents offensifs nécessaires, mais aussi pour calmer le tout défensivement quand il le faut. C’est ce qu’il a fait pour l’instant et c’est ce qu’il va encore faire demain soir.» Bon prince, le coach.

Curieux, très curieux: le meilleur match de l’ère Petkovic, ce 2-2 de novembre dernier en Pologne, avec une équipe de Suisse assez scintillante ma foi, s’est joué... sans Xhaka!   Inler et Behrami avaient disputé chacun une mi-temps, Fabien Frei avait relayé Gelson Fernandes à la 62e minute et Haris Seferovic avait pris la place de Pajtim Kasami à la 68e. Ça n’a pas vraiment aidé à rebrasser les cartes.

Slovènes conquérants

Louanges ennemies La Slovénie vient-elle à Bâle pour se contenter d’un point qui la laisserait dans la course ? Moyennant une défaite helvétique mardi à Wembley, l’équipe de Srecko Katanec aurait encore de quoi passer la Suisse au final et lui piquer le ticket d’Euro. «Un match nul serait sans doute une bonne chose. Mais il peut se passer tant de choses dans un match...», admet Katanec, qui s’est répandu en louanges sur le football helvétique hier soir à Bâle, lors de son ultime conférence de presse. Son équipe jouera car «on ne va pas à un championnat d’Europe sans faire quelque chose».

Attention: Katanec a des références en matière de jeu. Et de beau jeu. Le grand échassier de la Sampdoria des années nonante, la plus belle de toute, était un maître tacticien sur le terrain. Une rampe de lancement idéale pour Gianluca Vialli et Roberto Mancini, les attaquants de pointe, avec lesquels il a gagné un titre de champion d’Italie et une Coupe des vainqueurs de Coupe. Un seigneur par ailleurs 31 fois sélectionné avec l’ex-Yougoslavie.

Plus inquiétant, beaucoup plus: en tant que sélectionneur de la Slovénie, Katanec a toujours atteint ses objectifs. Il a envoyé son petit pays de deux millions d’habitants à l’Euro 2000 et à la Coupe du monde 2002. Et la qualification était alors beaucoup plus difficile à obtenir que dans le groupe éliminatoire de l’Euro qui concerne la Suisse.
 
Une pile électrique La Slovénie a ses atouts. Le gardien Samir Handanovic joue à l’Inter, le milieu offensif Josip Ilicic à la Fiorentina, le défenseur gauche Bojan Bokic à Villareal.

Sans compter la pile électrique Kevin Kampl, le Shaqiri local, qui a passé du Red Bull Salzburg au Borussia Dortmund cet été. Ce petit bonhomme, qui pète le feu, ne devrait pas commencer le match ce soir. L’adversaire ne vient pas sans munition et Katanec connaît son sujet suisse par cœur. Son plan prévoit de limiter le rayon d’action de Xhaka au maximum. Et de fermer à double tour les couloirs, tant il s’attend à voir les latéraux suisses Stephan Lichtsteiner et Ricardo Rodriguez sonner la charge.

Le voyage immanquable
Ce soir, la Suisse devra assumer la vérité du terrain. Une victoire par précaution est demandée, ainsi que l’a souligné Ricardo Rodriguez au nom du groupe. «La Slovénie vient pour gagner, j’en suis persuadé. Et nous savons que ce ne sera pas simple mardi en Angleterre. Mais pour moi, seuls les buts avaient manqué à Maribor, au dernier match. Je suis confiant.»

La Suisse doit passer l’épaule, compter sur un milieu de terrain dominateur et capable de munitionner une ligne d’attaque où un élément nouveau a fait son apparition. Breel Embolo est conservé au chaud. Il ne devrait pas commencer le match. Insouciance, grain de folie, puissance. C’est beaucoup pour un joker. La présence du fougueux Bâlois sur le banc, un joueur réclamé sur le terrain par la presse et la vox populi, mettra-t-elle une pression positive sur les épaules de Seferovic et Admir Mehmedi? Les deux hommes partiront titulaires, c’est quasi acquis, et ils font nous dit-on des flammes depuis le début de la saison à Francfort et à Leverkusen. On nous assure même que Seferovic trotte ses 12 km par match en Bundesliga.

Et on allait oublier l’Anglais. Xherdan Shaqiri joue – enfin ! – à Stoke. Si l’on n’a pas été trompé sur la marchandise, cela devrait aussi faire du bien à la Suisse, qui ne peut décemment pas manquer le voyage en France.

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