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Caroline Agnou à l’aube d’un tournant

L’heptathlonienne d’Evilard participe aux Européens M20, son avant-dernière compétition chez les juniors

En 2015, Caroline Agnou a déjà amélioré ses meilleures marques dans quatre disicplines de l’heptathlon, dont le saut en hauteur. Patrick Weyeneth

Sélim Biedermann

«Je veux profiter au maximum, car à l’avenir, cela sera plus dur!» Profiter d’un nouveau statut, acquis au fil de performances sans cesse ascendantes. Un an après son 11e rang mondial obtenu chez les M20, Caroline Agnou prend part en cette fin de semaine (jeudi et vendredi), dans la même catégorie d’âge, aux championnats d’Europe en Suède, où elle fournira ses quasi ultimes efforts dans l’antichambre de l’élite...

«C’est ma dernière compétition chez les juniors», lance l’heptathlonienne d’Evilard, qui a fêté ses 19 ans fin mai. Son coach, Adrian Rothenbühler, corrige: «Il lui restera encore les championnats de Suisse multiplesM20 en août à Lausanne».

Caroline Agnou, sélectionnée par Swiss Athletics avec 29 autres talents, se montre impatiente. C’est évidemment un rendez-vous situé au centre de ses objectifs de la saison. «Je suis en bonne forme», sourit l’athlète de Satus Bienne. Pour preuve, ses récents résultats.

En 2015, elle a déjà amélioré ses meilleures marques dans quatre des sept disciplines: le 100 m haies, les sauts en hauteur et longueur et le lancer du poids. Elle a, en outre, battu son record de points le 30 mai à Götzis, en Autriche, le faisant passer de 5540 unités à 5722.

«J’ai axé ma préparation sur la rapidité, pour m’améliorer principalement sur les haies et le 200 mètres. Mais j’ai aussi beaucoup travaillé les disciplines techniques que sont le lancer du poids et le saut en hauteur. Je suis contente, avec mon entraîneur, nous avons pu apporter de petites corrections.»

Un avenir à dessiner

Voici la Seelandaise, partie hier à Eskilstuna, ville sise à environ une heure et demie de voiture de Stockholm, fin prête pour les grandes joutes des «petits». Des championnats d’Europe qui représentent, en quelque sorte, un tournant dans la vie de la jeune femme, ayant reçu son baccalauréat il y a peu et désormais à l’aube d’opérer des choix décisifs pour son futur.

«Je suis assez heureuse d’avoir terminé le gymnase. J’ai plus de temps pour me concentrer sur le sport. On verra bien ce que ça donne... Mais il serait faux de dire que, dorénavant, je mise tout sur l’athlétisme.» Caroline Agnou se laisse un peu de temps avant de s’inscrire dans une université, car elle ne sait pas encore dans laquelle se diriger ni quoi faire précisément.

«Elle doit prendre une décision, mais elle hésite», glisse Adrian Rothenbüler. Il espère pouvoir la pousser à effectuer sept à huit entraînements hebdomadaires et ainsi la plonger dans un rythme plus soutenu qu’à présent, mais pour l’instant, il se retient.

«Il y a quand même d’autres choses qui comptent dans la vie. Ce n’est pas à moi de décider de son avenir», souligne-t-il. Avant d’immédiatement se refocaliser sur ce qui attend sa protégée ces prochains jours. «C’est déjà bien d’avoir la possibilité de disputer une compétition qui comprend tous les grands noms européens de l’heptathlon. Cela va être très intéressant», insiste un coach qui ne tient plus en place...

«Je suis encore plus nerveux qu’elle, car je crois que je réalise davantage l’importance de ces championnats d’Europe, qui peuvent lui permettre de comprendre qu’elle possède un grand talent.»

Podium envisageable

Caroline Agnou le sait, pourtant, qu’elle se situe au-dessus du lot. Mais, fidèle à son caractère réservé, sans toutefois manquer d’enthousiasme et d’ambition, la championne de Suisse d’heptathlon M20 en titre reste prudente. «Mon objectif est de terminer dans les huit premières. Si tout  va bien, ça devrait jouer», souffle-t-elle.

«J’espère surtout améliorer mes résultats dans chaque discipline et donc battre mon meilleur total de points. Je veux constater une progression générale. De toute façon, cela s’avérera très positif, idéal pour mon développement. Ce n’est pas donné à tout le monde de se mesurer avec les meilleurs athlètes. Je vais en profiter pour acquérir de l’expérience au niveau international. Je me réjouis!»

Adrian Rothenbühler se tait mais n’en pense pas moins. «C’est un objectif un peu facile, selon moi», fronce l’entraîneur. «Mais je ne veux pas lui mettre de pression, car se retrouver troisième au ‹final entry› est une situation nouvelle pour elle, un peu difficile. Elle ressent la pression.»

En Suède, seules deux spécialistes d’heptathlon de Grande-Bretagne ont obtenu de meilleures performances que Caroline Agnou cette saison, d’où son 3e rang. L’entraîneur de la citoyenne d’Evilard trépigne... «Elle pourrait quand même viser une médaille! C’est dans le domaine du possible.» Une médaille qui donnerait à sa championne, pour sûr, de l’appétit pour la suite.

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