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Motocyclisme

Dernier tour de piste mondial pour Jonathan Rossé

Le champion d’enduro de Court se lance cette année dans son ultime saison au haut niveau, selon toute vraisemblance. Enfin, il peut réaliser son rêve en prenant part à l’entier du championnat du monde.

Jonathan Rossé, c’est cinq podiums finaux européens et neuf titres de champion de Suisse. Rien que ça!

par Sélim Biedermann


Le tableau de chasse de Jonathan Rossé risque fort de rester figé à son extraordinaire moisson nationale de neuf sacres de champion de Suisse et à ses cinq podiums finaux dans le championnat d’Europe. Avec deux médailles continentales en argent et trois en bronze qui brillent dans son domicile de Court.

Non, le si féroce «lynx de l’enduro» du Jura bernois n’entend pas courir deux lièvres à la fois. Une nouvelle priorité s’offre à lui, avec la venue au monde de son premier enfant, programmée pour début avril. «Maintenant, je ressens l’envie d’être davantage présent chez moi. J’ai toujours su qu’un jour je me poserais», lâche le pilote de 33ans, marié depuis la fin de l’année dernière. «Mais c’est clair que la vie va changer.»

Pas dans l’immédiat cependant. Parce que là, il attend le printemps avec impatience. Il trépigne non seulement à l’idée de devenir père mais aussi du fait de pouvoir enfin se lancer dans un exercice complet du championnat du monde. Chose qui n’avait finalement pas été possible l’an passé à cause du Covid, qui a amputé la saison de plusieurs dates, ainsi que d’une triple fracture à un pied qui a laissé sa moto sur sa béquille six semaines durant alors que le circuit mondial démarrait enfin...

«Cette année ou jamais»
Bref, tout ceci est désormais derrière, si ce satané virus veut bien accorder une sortie de scène digne de ce nom à un sportif au-dessus du lot. «Je suis reparti pour une nouvelle saison!», s’enthousiasme Jonathan Rossé. Certainement sa dernière, donc. Mais qui s’annonce des plus belles. «Je souhaitais quand même une fois dans ma carrière pouvoir prendre part au ‹Mondial› dans son intégralité, je l’ai toujours voulu. Et c’était cette année ou jamais, avec mes prochaines obligations familiales. Pour moi, ça représente un rêve, et une récompense aussi.»

Ainsi, le Courtisan se retrouvera bien loin du Jura bernois en2021 encore, mais lors de six week-ends uniquement, comprenant les 12manches que comptera normalement ce championnat du monde un brin raccourci –il est en principe composé de huit doubles rendez-vous–, entre juin et mi-octobre. «Cela me convient bien», sourit-il. «Et toutes les courses se dérouleront en Europe cette année, c’est vraiment bien pour moi.»

Jonathan Rossé a en revanche fait une croix sur le championnat allemand, au sein duquel il était auparavant engagé. «Les manches prévues sont assez éloignées de la Suisse, ce qui signifie que j’aurais été absent à chaque fois quasiment durant une semaine», explique-t-il. Le but n’était pas de rouler à l’étranger dans deux championnats simultanément pour ce futur papa. Qui, du coup, n’est plus soutenu par le team Yamaha Allemagne. «Je n’ai plus aucune obligation cette année, je fais ce que je veux», se marre l’as du guidon, fidèle à sa bonne humeur.

A priori insuffisant pour un dixième sacre
Boulimique de moto, il va néanmoins également s’afficher dans le championnat de Suisse. Dont il ne deviendra vraisemblablement pas le roi pour la dixième fois: «Même si je gagnais les six courses que je pourrai a priori disputer, je ne pense pas que cela serait suffisant pour remporter le titre». En ôtant au calendrier les trois épreuves helvétiques qui entrent en collision avec le championnat du monde, sachant que la première de la saison a d’ores et déjà été annulée en raison de la pandémie –elle devait se tenir fin mars en France–, les manches restantes ne devraient en effet pas permettre à Jonathan Rossé de triompher à nouveau sur le plan national. Où il n’a par ailleurs absolument plus rien à prouver.

Un détail, puisque ce fameux «Mondial» tant espéré, désiré et attendu s’offre aujourd’hui au pilote privé. Il va toutefois l’aborder avec humilité, évidemment sans rêver du podium final au général. Mais non sans ambition. «Je ferai du mieux que je peux. Je ne me fixe pas d’objectif en terme de résultats», coupe-t-il. Vraiment? «Ce ne sera pas facile, car ma catégorie (réd:E1) est dorénavant ouverte à plus de cylindrées», note le Jurassien bernois. «J’avoue malgré tout que j’aimerais bien figurer dans les 10premiers du classement, juste derrière la petite dizaine de pilotes officiels.»

Pour une fin de carrière en apothéose. Avant une année2022 à partir de laquelle celui qui possède un CFC de mécanicien en motocycles se plongera à fond dans le monde du travail. Même s’il pourrait bien encore inscrire à son agenda une course ou l’autre... «Après toutes ces saisons de compétition, ça va être compliqué d’arrêter du jour au lendemain», glisse l’insatiable champion.

 

Environ 80000 francs de budget

Désormais étranger au team Yamaha Allemagne, et bien que le jeu en vaille la chandelle, Jonathan Rossé va devoir couvrir personnellement davantage de frais en2021. Surtout avec des courses programmées au Portugal, en Italie, Estonie, Suède, Allemagne puis en France, auxquelles il se rendra systématiquement dans son bus. «Je n’ai pas à me plaindre avec les diverses entreprises de la région qui me soutiennent financièrement. Mais j’ai besoin de trouver encore des fonds, après ne pas avoir pu conserver quelques sponsors de l’année passée. Je puiserai aussi dans mes économies», signale le Courtisan, toutefois un petit peu aidé par Yamaha Suisse, qui lui fait un prix sur les motos et lui met à disposition un budget pour des pièces de rechange. Il précise: «Pour une saison comme celle-ci, que je n’entends pas faire à moitié, il me faudra environ 80000francs». Le prix d’une immense passion. Et du rêve qu’il poursuit depuis longtemps:participer à l’entier du championnat du monde.

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