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Hockey sur glace

Haas et Ehlers, destins croisés

Suisse - Danemark: Nikolaj jouera, Gaëtan ne jouera pas.

Bon comme le pain, le défenseur Robin Grossmann (à gauche) répare le casque de Gaëtan Haas. Auteur d’un début de tournoi timide, l’attaquant du HC Bienne sera surnuméraire cet après-midi face au Danemark de Nikolaj Ehlers, son ancien coéquipier seelandais

Moscou
Jean-Frédéric Debétaz - ats

Tous deux formés au HC Bienne, Gaëtan Haas et Nikolaj Ehlers auraient dû être opposés aujourd’hui (15h15) lors de Suisse - Danemark, troisième ronde de la phase de groupes de Mondiaux en Russie. Mais la mise à l’écart de Haas par Patrick Fischer ajourne leur confrontation à plus tard.

Quatre ans séparent Haas et Ehlers. Le premier arbore fièrement son année de naissance – 92 – en guise de numéro, tandis que le second a vu le jour en 1996. Dans le Seeland, les deux espoirs n’ont pas eu souvent l’occasion de griffer la glace en même temps. Il y a eu un match en juniors-élites lors de l’exercice 2011/12 et surtout la belle épopée biennoise l’année suivante avec le lock-out et les deux stars Patrick Kane et Tyler Seguin.

À cette époque, Haas avait déjà une bonne saison de LNA inscrit à son CV. Ehlers était la petite pépite du mouvement juniors du HCBienne, talent brut qui a marqué son premier et unique but en LNA en évoluant dans le trio de l’Américain Kane, meilleur compteur de la dernière saison régulière de NHL avec les Chicago Blackhawks.

Bienne et Winnipeg
Tant le Biennois que le Danois à licence suisse représentent l’avenir de leur pays. Mais la courbe de progression semble exponentielle dans le cas du fils de Heinz. Aux Mondiaux, Ehlers prouve qu’il est un joueur de NHL. Aux Winnipeg Jets pour sa première saison dans la meilleure ligue du monde, il a inscrit 38 points en 72 matches.

Haas a lui marqué 30 points en 50 rencontres de LNA avec Bienne, dont il a terminé meilleur compteur de l’exercice 2015/16. A Moscou, Ehlers junior a brillé contre la Suède en marquant le premier but et en se créant de nombreuses occasions. Les premiers championnats du monde de Haas empruntent une trajectoire opposée. Cantonné au banc dimanche dès la 25e minute du match contre la Norvège (défaite 4-3 ap), le No92 doit maintenant faire face à une rétrogradation en tribunes.

L’apprentissage de Gaëtan
Fier de porter le maillot rouge à croix blanche, heureux que son travail ait payé, Haas a la mine basse au moment d’évoquer cette situation difficile pour lui. «J’ai essayé des choses qui ne sont pas passées», souffle-t-il.

«Si ça passe, c’est un bon jeu, mais si ça ne fonctionne pas, ce sont des passes à risques. Je suis déçu de mon début de tournoi. Je vais revenir plus fort et apprendre de ça. Je sais que je peux être au niveau. Déjà après le premier match je n’étais pas content. J’ai pris une pénalité un peu bête. Sur un trois contre deux, je tente une passe, et si mon coéquipier la reprend on gagne peut-être le match. J’ai essayé de revenir dans le deuxième match avec de bonnes intentions. Là, je fais de nouveau une mauvaise passe et le coach doit prendre une décision. Il m’enlève et c’est normal. C’est bien pour la tête, je dois me remettre en question et jouer un peu plus simple. Je sais que j’arrive à sortir de zones inconfortables et que je peux revenir. Avec Bienne, je l’ai fait et je sais que je peux aussi le faire ici. C’est dans la tête. Avoir un peu plus de sang-froid. Peut-être que j’en veux trop, mais ce sont des jeux qui fonctionnent à l’entraînement, qui fonctionnent en club et qui doivent fonctionner ici. Ce sont des détails qui font la différence.»

Bosseur, habitué à conduire sa ligne à Bienne, Haas s’est sûrement compliqué l’existence. «Je me suis peut-être mis un peu trop de pression», admet-il.

«Je voulais amener quelque chose. À ce niveau, il faut parfois mieux envoyer le puck en fond de patinoire, mais c’est un jeu que je n’ai peut-être pas fait toute la saison avec Bienne. Je préfère porter le puck en zone offensive. Je ne me cherche pas d’excuses. C’est à moi de faire le pas en avant et les conditions étaient parfaites. Je n’ai pas rempli le contrat jusqu’à maintenant, mais j’attends la prochaine chance et je la saisirai.»

Haas et Ehlers, ou deux destins croisés. Pour les retrouvailles sur la glace, par contre, il faudra revenir.

Le rêve nord-américain de Nikolaj Ehlers devient réalité

Contrairement à son pote Gaëtan Haas, tout semble aller au mieux pour Nikolaj Ehlers. «Cette saison a été incroyable», s’enthousiasme-t-il. «J’en rêvais petit et c’est devenu réalité. J’espère pouvoir faire encore mieux la saison prochaine.»

Danois de naissance, l’ancien Biennois a passé six ans en Suisse et il est venu s’entraîner l’été avec le Lausanne HC ces dernières saisons lorsque son père dirigeait le club vaudois.

Au moment d’entrer sur la glace pour affronter la Suisse, le cœur du garçon de 20 ans se serrera un peu. «Evidemment que c’est spécial. J’ai joué contre beaucoup d’entre eux. J’ai même joué avec certains comme Gaëtan Haas, Marc Wieser et Reto Berra. Mon père a coaché certains joueurs. Ce sera un match spécial, mais ce sera chouette à vivre bien que je sache que ce sera difficile.»

Alors que la Suisse se gargarise de ses joueurs de NHL, le Danemark commence à empiler les attaquants de classe mondiale – Lars Eller (Canadien de Montréal) et Jannik Hansen (Vancouver Canucks) sont présents à Moscou. Y a-t-il une recette miraculeuse?

«Le fait que nous ayons des joueurs en Amérique du Nord pousse les jeunes à suivre notre voie», analyse Ehlers. «C’est incroyable pour notre petit pays d’avoir autant de jeunes qui croient en eux. Frans Nielsen et Jannik Hansen ont ouvert le chemin. C’est génial de voir tous ces jeunes partir au Canada, en Suède ou en Suisse pour s’améliorer et mettre le Danemark sur la carte internationale du hockey.»

À quelques heures d’affronter la Suisse, «Nik» Ehlers a suivi le début de tournoi de l’équipe nationale. «Je sais que les attentes sont grandes en Suisse. Elles le sont un peu moins au Danemark. Mais je sais de quoi cette équipe est capable, comment elle peut jouer. C’est une équipe jeune. Ils n’ont pas pris le meilleur départ, mais ils seront présents dès l’engagement et nous devrons être prêts.»

Avec 38 points en 72 matches, le Danois a réussi sa première saison en NHL auxWinnipeg Jets. Keystone

 

Fischer ne perd pas son temps

HAAS SACRIFIÉ Deux sorties, deux revers et déjà du remue-ménage dans l’alignement de l’équipe nationale. Les défaites face au Kazakhstan et à la Norvège n’ont pas laissé Patrick Fischer (photo Keystone) les bras ballants. Le coach zougois et ses deux assistants ont décidé de procéder à un coup de sac en redéfinissant complètement leurs lignes avant le match de cet après-midi face au Danemark.

La conséquence principale de ces changements concerne l’attaquant du HCBienne Gaëtan Haas, qui passe de centre d’un trio avec Nino Niederreiter et Simon Moser à une place en tribunes pour permettre à Reto Schäppi d’intégrer le groupe.

«Schäppi va imposer sa présence devant le but», appuie simplement Fischer pour justifier l’introduction du Zurichois dans l’alignement.

«Et Andres Ambühl va glisser à l’aile droite, une position qu’il affectionne. C’est notre meilleur joueur pour forechecker. C’est clair que l’on n’est pas satisfait avec deux points en deux matches, mais c’est la réalité. On doit l’accepter et aller de l’avant. On doit être prêt pour gagner face au Danemark. Je connais mes joueurs, ils sont forts mentalement. On sait quel genre de partie on aura demain. Maintenant nos jeunes joueurs ont pris la température de cet événement et ils savent ce qu’ils doivent faire. En gros, il faut être plus efficace dans l’exécution des choses.»

Mais la rocade des centres n’est pas la seule nouveauté aperçue à l’entraînement. Auteur de deux buts et d’un impact physique intéressant, Samuel Walser a obtenu une promotion pour se retrouver avec Ambühl et Denis Hollenstein. Très généreux sur la glace, le Jurassien bernois Grégory Hofmann pilote pour sa part le trio de Niederreiter et Moser.

Le Luganais aura pour mission de booster cette ligne. Quant à Schäppi, le voilà au centre de Lino Martschini et Sven Andrighetto avec pour mission de faire de la place à deux ailiers rapides qui ont de la peine à se mettre en bonne position pour lancer au but. En défense, le décevant Yannick Weber aura pour partenaire Noah Schneeberger. Le Davosien, septième défenseur lors des deux premiers matches, échange sa place avec celle de Robin Grossmann, qui a lui aussi déçu depuis le début des Mondiaux.

SOLIDES DANOIS Le Danemark a lui entamé comme il se devait la compétition en battant la Norvège 3-0, puis en s’inclinant 5-2 devant la Suède. Les Danois peuvent surtout compter sur un trio offensif de NHL (lire ci-contre) alors que Jesper B. Jensen et Nicklas Jensen font eux aussi partie de cette génération danoise décomplexée qui s’exporte aussi bien en Suède, qu’en KHL et en Amérique du Nord. Les Danois comptent également dans leurs rangs Kirill Starkov, qui évolue depuis un peu plus de deux saisons à Red Ice, en LNB.

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