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Patinage artistique

Il subit les effets secondaires du coronavirus puis en profite

Le Jurassien bernois Nicola Todeschini traîne une blessure à une cheville depuis la fin du confinement italien, ce qui ne l’empêche pas de vouloir prétendre au titre de champion de Suisse en février.

Nicola Todeschini avait fini 3e des derniers championnats de Suisse, à Bienne.

par Sélim Biedermann


Voici pile une année, la Tissot Arena de Bienne accueillait la crème helvétique pour deux jours. Au terme desquels Nicola Todeschini montait sur la troisième marche du podium. En ce début du mois de décembre, en revanche, pas trace des championnats de Suisse, exceptionnellement décalés à fin février. Ainsi, sur la glace lucernoise, en2021, le patineur de Sonvilier profitera des effets secondaires du coronavirus. «Je pense que je serai prêt sans problème», lance-t-il avec optimisme.

Parce que la pépite de 23ans, titrée dans cette compétition en n’étant même pas majeure, en2014 –son palmarès fait en outre état de deux médailles d’argent et d’une en chocolat–, n’est aujourd’hui pas en pleine possession de ses moyens. A cause, là également mais dans le sens inverse, des effets secondaires du coronavirus. «Si je n’étais pas resté durant trois mois à l’arrêt au printemps, certainement que ma cheville n’aurait pas été aussi fragile et que je n’aurais pas subi une telle blessure à la reprise», estime celui qui vit en Italie.

Sur les patins même blessé
Trop d’enthousiasme et pas suffisamment de lucidité ont scellé le sort de Nicola Todeschini en2020. Au sortir du confinement transalpin, il aurait plutôt fallu «remangé» cette si délicieuse glace avec délicatesse et par petites doses, à l’image d’un gourmet devant un plat gastronomique... «Dès le deuxième jour d’entraînement, déjà, j’effectuais par exemple le triple axel», admet-il. Erreur fatale de vouloir tout de suite virevolter. «Sauf que quand tu as exécuté ce genre de figures pendant des années, tu veux repartir vite», coupe le Jurassien bernois.

Aïe! C’est une double rupture des ligaments interne et externe de la cheville gauche qui, depuis les prémices de l’été, a davantage ralenti la saison de Nicola Todeschini que cette sangsue de virus. Oui, le verbe est bien choisi. Car le jeune homme n’est pas resté cloué au lit. Dans sa préparation, cette blessure n’a d’abord que quelque peu freiné ses ardeurs. «Au début, j’ai cru que c’était juste une entorse, et, aussi fou que ça puisse paraître, j’ai continué à patiner. Pas trop mal, d’ailleurs! Mais cela a été dur pendant un bon moment. Je devais prendre des jours de pause», explique-t-il.

Déjà de retour en compétition
L’IRM que Nicola Todeschini a finalement passée a rendu un verdict implacable, rude mais pas si étonnant que cela. Pourtant, celui-ci avait de quoi laisser le personnel médical dubitatif. «Même les médecins trouvaient ça assez dingue que j’ai pu poursuivre l’entraînement», relate le téméraire et non moins têtu athlète du Jura bernois. Qui, actuellement abonné aux séances de physiothérapie, a «encore mal», signale-t-il.

Mais vous avez dit têtu? Allez, utilisons le terme persévérant: Nicola Todeschini a repris la compétition fin novembre à Dortmund! «Je l’ai fait à contrecœur», assure d’emblée le très talentueux rouquin. Il garde une chose, surtout, en point de mire: les championnats de Suisse. «Déjà, il s’agit de garder le rythme», relève-t-il. «Ensuite, il faut  participer à des concours afin de pouvoir remplir les critères de sélection, sachant qu’il n’y en a que très peu ces temps-ci avec le Covid-19. Donc, je maximise mes chances. Et ce aussi en vue des éventuels prochains Européens et Mondiaux, bien que, selon moi, ils ne pourront pas avoir lieu.»

«Je progresse»
Et, toujours aussi fou, Nicola Todeschini se situe dans la même bonne forme qu’en février dernier. Lorsqu’il avait pulvérisé son record personnel à Ljubljana (Slovénie) avant de l’augmenter à 197,60points une semaine plus tard du côté d’Oberstdorf (Allemagne). Au Trophée d’automne de Dortmund, il vient de décrocher la 4eplace. «Sans deux erreurs que je ne commets d’habitude jamais, qui m’ont coûté facilement 20points, j’aurais réalisé un gros score même avec ma blessure», souligne-t-il. En effet, d’après son calcul et avec les 178,17unités obtenues, il aurait dépassé sa meilleure marque. «C’est vachement encourageant, mais en même temps un peu décevant que cela ne se soit pas très bien passé», lâche-t-il encore.

Si l’on fait fi de ses accrocs rédhibitoires au cœur de la Ruhr, on peut estimer que l’ex-médaillé d’or sur le plan national demeure sur une pente ascendante. «Je progresse, mais un poil plus lentement que ce que je le pourrais», regrette-t-il. «Toutefois, mon objectif est que ma cheville redevienne mégasolide pour pouvoir prétendre au titre de champion de Suisse en février.»

 

Déménagement en Italie

C’est en Italie, précisément à la Young Goose Academy, dans la petite commune d’Egna, que Nicola Todeschini développe son talent depuis deux ans. «J’ai pris la décision de partir à la suite du décès de Jean-François Ballester», explique l’ancien élève du Français au CPLaChaux-de-Fonds. Très affecté, il a choisi de changer d’air. «Je pense que je ne retrouverai jamais quelqu’un d’aussi exceptionnel que ‹Jeff›», souffle-t-il.

Mais pourquoi se rendre jusque dans la botte italienne? «Parce qu’en Suisse, on ne dispose pas des moyens nécessaires pour progresser comme je le souhaiterais», répond en toute franchise le Jurassien bernois, domicilié depuis six mois avec sa compagne à Bressanone, où, du reste, il travaille. Il patine actuellement avec deux coaches, principalement Eva Martinek et aussi le réputé Lorenzo Magri. Lui-même, d’ailleurs, est entraîneur assistant dans une autre patinoire.

Néanmoins, son chorégraphe, lui, vit en Belgique... Du coup, depuis l’Italie, ça rallonge le trajet. Un déplacement que Nicola Todeschini envisage d’effectuer tout prochainement. «C’est un peu compliqué», glisse-t-il, «mais je veux changer mon programme long». A découvrir très probablement aux prochains championnats de Suisse.

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