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Hockey sur glace

La Coupe, un objet de marketing

Le HC Saint-Imier ouvre une parenthèse Coupe de Suisse ce soir à Neuchâtel (20h)

Et si le HC Saint-Imier avait le privilège d’accueillir un jour le grand CP Berne? (Eric Lafargue)

Julien Boegli

Cela faisait quelque temps déjà que les têtes pensantes de la Ligue nationale sur glace planchaient sur le sujet. Organisée pour la dernière fois il y a plus de 40 ans – c’était lors de l’exercice 1971/72 –, la Coupe de Suisse reprendra ses droits dès la prochaine rentrée d’automne. Trente-deux formations seront alors engagées dans une compétition remise au goût du jour.
«Plusieurs idées ont été proposées, mais, concrètement, il nous manquait un sponsor principal pour financer le projet», livre Philippe Duvoisin, chef du championnat romand de hockey amateur. InfrontRingier, une entre-prise leader dans le marketing sportif en Suisse, ayant donné son accord pour soutenir l’événement, l’annonce du retour de la Coupe a ainsi pu se faire le printemps dernier.

Critères géographiques

Dans le détail, les 12 organisations de LNA, les 10 de LNB et les 10 équipes de 1re ligue qui auront passé l’obstacle des deux tours préliminaires s’affronteront dès septembre prochain dans des groupes préétablis, histoire de conserver un maximum d’attrait. La finale, elle, se disputera avant le début des play-off.
Les clubs de l’élite seront ainsi répartis selon leur proximité géographique dans quatre groupes différents et seront accompagnés de la meilleure formation de 2e division de chaque région. Celles-ci ne pourront s’affronter en entrée et devront donc en découdre avec les six autres concurrents de LNB ainsi que ceux de 1re ligue, eux aussi répartis selon des critères géographiques. Toutes les rencontres du premier tour se disputeront donc à l’intérieur de la région attribuée.
S’ils rêvent d’affronter les plus grands, le joueurs de 1re ligue doivent pourtant s’armer de patience. La première étape des qualifications se déroule actuellement, soit près d’un an avant le lever de rideau officiel. Les formations des trois groupes que compte le championnat amateur doivent ainsi passer par deux tours préliminaires. Au terme de cette première phase, les neuf vainqueurs, trois par groupe, accompagneront le champion de Suisse amateur, en l’occurrence Guin, dans le grand bal. «Si ce dernier se trouve encore en lice, un tirage au sort des meilleurs ‹viennent-ensuite›, sera effectué», précise néanmoins Duvoisin.
Saint-Imier, seul club régional engagé dans la course, entrera en lice ce soir du côté du Littoral face à Uni Neuchâtel. En cas de qualification, le nom de son futur adversaire sera connu dans deux jours, après un tirage au sort effectué à Davos en marge de la Coupe Spengler. «Dès lors qu’une équipe amateur atteint le premier tour principal, elle se verra offrir une prime de participation», précise le responsable romand.

Est-ce vraiment pertinent?

Deux succès et les joueurs de Freddy Reinhard pourront ainsi se mettre à pronostiquer sur la venue de grands noms sur leur glace. Ahren Spylo, Ivo Rüthemann ou Benny Plüss à «Sainti» et c’est tout le Vallon qui se trouverait en effervescence. Une perspective certainement plus émoustillante que d’accueillir la digne lignée des Anthamatten de la vallée de Saas...
«Il y a eu quelques réticences au départ», reconnaît Duvoisin. «Recevoir de grandes écuries peut représenter un coût important pour les petits clubs. Il a dès lors été décidé que les organisations de ligue nationale doivent supporter l’entier des coûts de déplacement de leurs joueurs et de leurs supporters.»
Demeure cette question: mettre sur pied une telle compétition dans une discipline où la différence de niveau entre les catégories est abyssale, est-ce vraiment pertinent? «Une commission a édicté des conditions spécifiques. Concernant le quota d’étrangers, le statut quo pourrait néanmoins demeurer», explique Duvoisin sans certitude.
Autant dire dès lors qu’un duel entre deux formations de classe différente s’apparenterait davantage à un match de charité qu’à une véritable rencontre à enjeu. «La différence entre les catégories est importante, c’est un fait. Mais le résultat n’est que secondaire, il s’agit surtout de faire la promotion du hockey», concède Duvoisin. «C’est une sorte de campagne de publicité que la ligue souhaite faire auprès du public. Imaginez le bohneur pour des amateurs qui affrontent les vedettes d’une équipe de LNA...»

 



 

Gaëtan Siegrist s’en va, Dozin débarque à neuchâtel

Comme pressenti dans notre édition de lundi dernier dans le compte rendu du match entre Franches-Montagnes et Saint-Imier, Gaëtan Siegrist quitte avec effet immédiat le club de l’Erguël pour rejoindre le haut plateau franc-montagnard et son frère jumeau Joan. L’entente a été signée juste avant Noël. Toujours en rapport avec le derby de dimanche, une erreur s’est glissée dans notre télégramme. Contrairement à ce qui a été relevé, Jérémy Gigon ne délaisse pas l’organisation de Saignelégier. Absent du duel, le solide attaquant soigne en fait une entorse d’un genou.
Nicolas Dozin, par contre, rebondit dans les rangs d’Université Neuchâtel. Le défenseur formé au LHC, club avec qui il a fait toutes ses classes juniors, n’était semble-t-il pas satisfait de son rôle à Franches-Montagnes. Après 12 matches, le Vaudois de 20 ans n’a cueilli qu’une mention d’assistance. Entre la saison 2012/13 et l’actuel exercice, Dozin a disputé 17 matches en LNB avec La Chaux-de-Fonds (1 but et 2 assists). Il fera donc ses débuts avec ses nouvelles couleurs ce soir (20h) face à Saint-Imier pour le compte du premier tour préliminaire de la Coupe de Suisse.
Qui défendra les buts du côté imérien? Rappelons que Dennis Saikkonen a retrouvé sa famille en Scandinavie pour les fêtes, avant de rejoindre, début janvier, son nouveau club, le JYP-Akatemia, une organisation qui évolue en Mestis, la seconde division finlandaise. David Schüpbach sera-t-il aligné cette fois encore? A moins d’une trouvaille de dernière minute du coach Freddy Reihnard, tel devrait être le cas.

 


 

«Une contrainte pour les clubs amateurs» 

Un intérêt poli. Directeur sportif du HC Saint-Imier, Frédy Marti, à l’instar d’ailleurs du coach Freddy Reinhard, ne ne prête à la Coupe de Suisse qu’un intérêt poli. «On parle de Coupe nationale, mais, pour l’heure, il n’y a que les équipes de 1re ligue à y être engagées. Ce serait sans doute plus pertinent d’intégrer la base du hockey, les ligues inférieures, pour que cette compétition ait un vrai sens», estime le dirigeant.
Frédy Marti affiche donc un enthousiasme très modéré au moment de voir son groupe affronter Uni Neuchâtel, aujourd’hui. «On a déjà suffisament de préoccupations en championnat sans devoir encore penser à la Coupe. Je pense que chacun aurait préféré pouvoir bénéficier de quelques jours de repos. Notre catégorie n’est composée que d’amateurs! Ce rendez-vous ne revêt en tout cas qu’une importance secondaire. Il faut dire qu’il y a déjà tellement de matches à tous les niveaux que, pour nous, celui-ci est davantage une contrainte qu’un cadeau. Je me souviens d’ailleurs que les clubs amateurs, en séance le printemps dernier, n’étaient pas très chauds à l’idée de se lancer dans cette compétition. Mais comme la ligue nous l’a imposée, on y participera», résume-t-il.
Frédy Marti va même jusqu’à comparer le match de ce soir à un simple galop d’entraînement. «Ceux qui sont présents auront l’occasion de se dégourdir les jambes et de patiner un bon coup.» Le Chaux-de-Fonnier est conscient, comme beaucoup d’ailleurs, que même en cas de succès face à Uni Neuchâtel, le rêve s’arrêterait net dès l’entrée en lice des «grands» en septembre prochain. «L’enjeu n’est pas le même qu’en foot, par exemple, où des surprises sont possibles. Dans le cas présent, un duel entre deux formations de catégories différentes sera dénué d’intérêt sportif.»

«Sainti» se réorganise. Il faut dire que Frédy Marti a actuellement d’autres chats à fouetter. Après avoir annoncé dernièrement sa démission du comité, au même titre d’ailleurs que le président Marc Leuenberger et que le caissier Pascal Gilomen, le chef sportif travaille à la future réorganisation de l’organigramme du club imérien. «Les remplaçants ont déjà été trouvés», révèle-t-il. «Nous avons souhaité revoir le plan des tâches. Ce dernier va être allégé et redistribué plus équitablement, car, jusqu’ici, le boulot ne reposait finalement que sur quelques personnes.»
Frédy Marti promet ainsi une transition en douceur. «Depuis que notre départ a été annoncé, les choses ont bien bougé. C’est la preuve que le club est sain et que des gens sont prêts à s’investir pour son bien.» Le futur-ex dirigeant n’est d’ailleurs pas contre l’idée de reprendre une autre fonction. «Cette charge devra être moins exigeante. Et cela se fera à certaines conditions», précise-t-il pour conclure.

 


 

L'avis du HC Bienne

«Dans la durée». Directeur sportif du HC Bienne, Martin Steinegger perçoit pour sa part le retour de la Coupe de Suisse d’un œil favorable. «Mais pour que cette compétition se justifie, il faut qu’elle s’inscrive dans la durée. Si le but est uniquement de lancer un projet sur une ou deux années, cela n’en vaut pas pas la peine», estime-t-il. Pour «Stoney», qui dit mise en place d’une seconde compétition nationale dit forcément deuxième chance de remporter un titre. «Cela peut être une belle source de motivation pour les formations de LNA. Car il est bien clair que ce trophée se jouera entre les groupes qui évoluent dans l’élite. C’est un peu le défaut du hockey: la différence de niveau est telle entre les catégories de jeu que tout se jouera forcément entre représentants de LNA.»
Neuf mois avant que son club n’entre en lice, le dirigeant du HC Bienne n’a en tout cas pas encore réfléchi à la stratégie à adopter lors du premier tour. «Tout cela est encore si loin! On n’en a jamais discuté à l’interne», précise-t-il. En cas de confrontation face à un concurrent de 1re ligue, imagine-t-il sortir la grosse artillerie ou utilisera-t-il plutôt ce déplacement pour mettre à l’épreuve une armada de juniors-élites? «Je n’ai pas de réponse actuellement», répond Steinegger. «Le moment venu, les choses dépendront peut-être de la situation qu’on vivra en championnat. Pour ce qui me concerne, je pars du principe qu’il faut jouer le jeu et présenter la meilleure équipe possible. Les amateurs rêvent de se confronter aux professionnels, leur offrir ce cadeau est donc une question de respect.»

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