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Escrime

La nouvelle assurance de Charles-Eric Oswald

Le tireur neuchâtelois de Cercle d’escrime de Bienne s’est qualifié pour la première fois dans le tableau final des 64 en Coupe du monde chez les grands, ce week-end à Kazan.

Après avoir franchi les quatre tours qualificatifs en Russie, Charles-Eric Oswald (à gauche) s’est logiquement incliné devant le numéro 1 mondial hongrois Gergely Siklosi.

par Sélim Biedermann


«Avant de l’affronter, je me suis dit ‹pourquoi pas?›, en vrai. On ne sait jamais, j’aurais peut-être pu le battre. J’étais en forme. Et avec le coronavirus, on ne sait pas bien si nos adversaires ont pu s’entraîner comme il faut.» Charles-Eric Oswald parle ici du champion du monde en titre et actuel numéro1 mondial, le Hongrois Gergely Siklosi. Un redoutable opposant que le tireur du Cercle d’escrime de Bienne a eu l’honneur de défier en entrée du tableau final des64 –il y avait 228participants–, ce week-end du côté de Kazan, à l’occasion de la première manche de Coupe du monde à avoir lieu depuis environ une année.

C’était la première fois que le Neuchâtelois de 24ans atteignait ce stade de la compétition hors catégorieM23. Soit des 32esde finale au terme desquels il a logiquement dû s’avouer vaincu face à plus fort que lui. Un duel qui est d’abord cependant resté serré, jusqu’à6-6, contre un épéiste qui aura terminé sur la deuxième marche du podium –derrière l’Ukrainien Igor Reislin. Mais de cela, Charles-Eric Oswald s’en fiche pas mal. Ce qu’il veut retenir, lui, c’est le pas en avant qu’il vient d’effectuer en Russie, avec quatre tours de qualifications passés. En témoigne l’ambition qu’il affichait, ou tout du moins à laquelle il s’accrochait avant de rencontrer Gergely Siklosi. Qui dit beaucoup de l’assurance qu’il a prise lors de ces quelques derniers jours –la délégation suisse ne rentre que ce jeudi de ses retrouvailles avec la scène mondiale.

Libéré d’un poids
«C’est encourageant, ça me donne encore un peu plus de motivation», glisse-t-il au téléphone. «Surtout que je suis arrivé à cette compétition avec des a priori, après ma défaite au premier tour voici un peu plus d’un an à Budapest, également en Coupe du monde. Je m’étais du coup fixé des objectifs pas trop élevés...» Au sortir de son premier duel remporté en qualifications, Charles-Eric Oswald s’est alors totalement libéré de ce poids qu’il traînait. Et ce relâchement bienvenu l’a conduit à vaincre notamment Jacob Hoyle (52emondial) et Lukas Bellman(108e), respectivement les numéros3 américain et allemand. «C’est la première fois que je parviens à battre des adversaires de ce niveau-là», se réjouit le tireur biennois, classé pour sa part au 275erang de la hiérarchie. «C’était de belles performances.»

Aucun emballement exacerbé chez lui toutefois. Plutôt de la modestie, indispensable à conserver selon lui. «Il faut toujours rester humble. On ne sait pas ce qui peut arriver au prochain tournoi. En escrime, les performances varient beaucoup, elles dépendent vraiment de la forme du moment.» Ce n’est pas le leader helvétique Max Heinzer qui contredira son cadet, ayant échoué à une très terne 120eplace en Russie. Bien loin de Charles-Eric Oswald,64e et troisième meilleur suisse, après Lucas Malcotti(48e) et Benjamin Steffen(56e). «Je suis un peu plus considéré par mes coéquipiers du cadre national depuis ce week-end», sourit celui qui n’avait auparavant pas obtenu de résultats probants en Coupe du monde. «Mais je reste le petit jeune!»,  ajoute-t-il aussitôt, «derrière les grands ténors. Avec qui j’ai par ailleurs pas mal d’affinités, ce qui me permet de mieux progresser personnellement. Je me sens bien, nous sommes un bon groupe.»

Rêve olympique
Une équipe qu’il côtoie très régulièrement aux entraînements menés à Lausanne et Berne, en dehors d’une seule pratique hebdomadaire au Cercle d’escrime de Bienne avec son coach Rémy Grosjean. Et qui, espère évidemment l’étudiant de l’Université de Lausanne –il vise un Master en sciences de l’environnement –, devrait contribuer à sa propre ascension internationale. Outre l’Universiade de Shengdu, lors de l’été à venir en Chine, Charles-Eric Oswald s’imagine volontiers prendre part à des Européens et des Mondiaux dans un plus ou moins proche avenir. «C’est un but que je peux atteindre», se persuade-t-il. «Si tel n’est pas le cas, ce sera dû à un manque d’entraînement. Je dois ainsi donner encore davantage pour y parvenir. L’escrime demande du talent mais surtout beaucoup de travail.»

Et le prometteur escrimeur seelandais de rêver aussi et encore plus fort de Jeux olympiques. Ceux de Paris2024 ou de LosAngeles2028 apparaissent comme son grand objectif. Dans une carrière qui a pris un enthousiasmant ascenseur à Kazan.

 

«J’ai d’abord hésité entre l’escrime et le karaté»

Charles-Eric Oswald est neuchâtelois, de Cortaillod, une commune où il vit encore. Pourtant, c’est au Cercle d’escrime de Bienne qu’il progresse depuis longtemps. «J’ai pu évoluer au sein d’un bon groupe de trois ou quatre athlètes. Cela nous a tous permis d’élever notre niveau», souligne-t-il. «Je m’entraîne depuis une dizaine d’années notamment avec Alexandre Pittet, qui est toutefois en pause actuellement.»

Le tireur carcoie s’est assez rapidement dirigé vers Bienne après avoir débuté dans le club de Neuchâtel, pour diverses raisons. Entre autres la réputation que possède l’organisation seelandaise: «Il y a eu des champions comme Marcel Fischer et Basil Hoffmann», admire cet athlète qui s’est tourné vers le monde des épées à l’âge de 6ans déjà, plutôt que de se lancer dans celui des arts martiaux... «J’ai d’abord hésité entre l’escrime et le karaté.» Mais pour pratiquer cette dernière discipline, il fallait attendre d’avoir 8ans: la messe était dite.

Et le voilà désormais sur le devant de la scène mondiale chez les grands. Et ce après quelques hauts faits signés ces dernières années. Soit une victoire par équipes en Coupe du monde en cadets, une médaille d’argent aux championnats de Suisse juniors et quelques podiums nationaux. Avant, enM23, d’atteindre deux fois les quarts de finale en Coupe d’Europe ainsi que la 5eplace par équipes aux championnats continentaux. Charles-Eric Oswald faisait aussi partie de la formation biennoise vice-championne de Suisse en 2019 du côté des élites. De quoi croire fermement en ses capacités.

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