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Le sport business perd sa reine

Après la révélation de son cas de dopage, Maria Sharapova a été lâchée par ses sponsors.

Maria Sharapova ne pourra plus représenter la marque TAG Heuer, comme sur cette photo prise en 2014 suite à son sacre à Roland-Garros. Keystone

(réd-ats) La reine du sport business Maria Sharapova (28 ans) se trouve plongée dans une affaire de dopage qui risque de réduire en miettes la stratégie marketing de la sportive la plus riche du monde. Ses partenaires commerciaux n’ont pas tardé à la «lâcher»: Nike fut le premier à réagir dès lundi soir, suivi de l’horloger neuchâtelois TAG Heuer et de Porsche hier.

Suspendue à titre provisoire par la Fédération internationale(ITF) à partir du 12 mars en attendant le déroulement de la procédure, la championne au physique hollywoodien est la sportive qui a gagné le plus d’argent en 2015, près de 30 millions de dollars, dont plus des trois-quarts en revenus publicitaires, selon le magazine américain «Forbes». Sa fortune est estimée à 200 millions de dollars.

Lundi, lors d’une conférence de presse à Los Angeles, la femme aux cinq titres du Grand Chelem a révélé que l’ITF lui avait notifié le 2 mars un contrôle positif au meldonium effectué le 26 janvier à Melbourne pendant l’Open d’Australie. Elle a expliqué que ce médicament lui était prescrit depuis 2006 pour «traiter des problèmes de santé récurrents, un déficit en magnésium, une arythmie cardiaque et des cas de diabète dans (sa) famille».

Le hic est que la vertu de ce médicament pour combattre le diabète a été avérée en 2009, soit trois ans après la prescription pour la Russe.

«Attristés et surpris»

«Nous sommes attristés et surpris par l’information concernant Maria Sharapova», a déclaré KeJuan Wilkins, un porte-parole de l’équipementier sportif américain Nike. «Nous avons décidé de suspendre notre relation avec Maria le temps de l’enquête. Nous allons continuer à surveiller de près (le développement) de la situation», a conclu Wilkins.

Maria Sharapova est l’une des ambassadrices les plus populaires de la marque à la virgule, pour laquelle elle apparaît dans de nombreuses campagnes publicitaires notamment à l’occasion des tournois majeurs. TAG Heuer a pour sa part mis un terme à un contrat vieux de 12 ans avec la Russe. L’entreprise horlogère chaux-de-fonnière a annoncé hier matin qu’elle rompait les négociations entre les deux parties, qui cherchaient à renouveler un accord échu à la fin 2015.

Porsche, dont Maria Sharapova est l’ambassadrice, a réagi à son tour quelques heures plus tard. «Nous avons décidé de suspendre les activités prévues jusqu’à ce que les détails de l’affaire soient connus et que nous ayons pu analyser la situation», a expliqué le constructeur automobile allemand, qui est également le sponsor-titre d’un tournoi de Stuttgart dont la Russe fut la tête d’affiche lors des quatre dernières éditions (deux titres conquis, en 2012 et 2013).

Quatre mois d’attente

L’ITF a donc suspendu provisoirement Maria Sharapova le temps de la procédure. Un jury indépendant, formé d’un juriste et de deux scientifiques, va être constitué. Il réunira les pièces du dossier et entendra les arguments de la joueuse lors d’une audition avant de prononcer une éventuelle sanction. Maria Sharapova, mais aussi l’Agence mondiale antidopage (AMA), auront la possibilité de faire appel de la décision.

Dans les deux derniers cas de dopage importants traités par l’ITF, ceux du Croate Marin Cilic et du Serbe Viktor Troicki, il s’était passé environ quatre mois entre la date du contrôle positif et l’annonce de la sanction. Même si elle était blanchie, Maria Sharapova devrait manquer toute la saison sur terre battue et sa participation à Roland-Garros paraît compromise.

Les propos tenus lors de sa conférence de presse donnent une idée de sa ligne de défense: elle admet avoir pris le produit incriminé mais conteste toute volonté de dopage. Selon son avocat John Haggerty, Maria Sharapova pourrait être suspendue jusqu’à quatre ans, mais cette suspension pourrait, selon lui, être limitée à deux années, voire à quelques mois si le jury reconnaît la bonne foi de sa cliente.

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