Les Suissesses prennent leurs aises

Lyndon Viglino

Pour la première fois de l’histoire, une rencontre internationale s’est déroulée sur la pelouse de la Tissot Arena. L’incipit d’une longue saga, puisque l’enceinte biennoise est devenue la nouvelle base de l’équipe de Suisse féminine. Les livres d’histoire retiendront que, contrairement au FC et au HC Bienne,  ces dames ont inauguré leur nouvelle maison en s’imposant. Un score final de 4-1 bon pour la confiance, à quelques semaines du début des qualifications pour l’Euro 2017.

La période des «premières fois à la Tissot Arena» a connu un nouvel épisode. Toutefois, ce premier rendez-vous international, bien qu’amical, avait un enjeu particulier pour la sélection helvétique. A un mois du duel face à l’Italie, favori du groupe, l’effectif doit encore être aminci et il s’agissait là de l’unique match entre la Coupe du monde disputée au Canada et les futures échéances européennes.

«Nous sommes 27 joueuses, la sélectionneuse n’en prendra que 18», explique clairement la capitaine Caroline Abbé. Autant dire que certaines avaient fort envie de se faire remarquer.

Crnogorcevic en vedette

Point positif de cet enjeu, les joueuses les plus cotées ne sont pas restées sur le banc, pour le plus grand bonheur des 687 spectateurs. Ainsi, Caroline Abbé et Lara Dickenmann ont disputé la totalité de la partie avant de partir ravir les fans collectionneurs d’autographes ou de «selfies». La révélation de la soirée évolue également dans un club allemand, mais n’est cependant pas l’une des deux précités.

La vedette? Ana-Maria Crnogorcevic. La Bernoise, ex-attaquante muée en défenseure, auteure de deux buts et une assistance, a réalisé une belle prestation, pour le plus grand bonheur... du speaker. Rapport à son nom imprononçable. «Elle joue déjà derrière en club, elle a fait un super match» estime Abbé. «Elle nous a apporté un plus indéniable», confirme Lara Dickenmann.

Les spectateurs ont donc pu découvrir le football féminin de la plus belle des manières. Ils n’étaient pourtant guère nombreux. «Pas mal pour un match amical, même si on espère un peu plus en qualifications», concède Abbé. «C’est une affluence correcte étant donné que nous n’avons pas fait de prélocation et pas beaucoup de publicité», lâche Daniel Glock, responsable de la communication à l’ASF.

Parmi ces près de 700 spectateurs – sur une capacité totale de 4500 –, des curieux, des familles, mais également des joueuses de football féminin profitant de la proximité de la Tissot Arena pour prendre des notes.

Plusieurs filles du FC La Neuveville-Lamboing ont ainsi fait le déplacement. «C’est clair que par rapport à nous en 3e ligue, c’est autre chose. Cela reste toutefois plus lent que chez les hommes», font-elles remarquer en regrettant néanmoins «le manque de reconnaissance du football féminin. Sport qui n’a rien à envier à ses homologues masculins au niveau tactique».

On ne peut que leur donner raison. Le spectacle présenté en a surpris plus d’un. Pour preuve, les «ooh», «waaaw» et autres onomatopées exprimant l’étonnement n’ont pas manqué de se coupler aux nombreux applaudissements.

Bienne, la vitrine idéale?

D’après plusieurs échos, les spectateurs referont vraisemblablement le déplacement. Mais les joueuses apprécient-elles cette nouvelle infrastructure? «Oui, c’est vraiment parfait pour du football féminin, on s’y plaît déjà», estime la capitaine en revenant sur la reconnaissance de son sport. «Cela va venir grâce à nos bonne performances, en plus maintenant qu’on joue à Bienne, ça va amener du positif», dixit Abbé, qui concède toutefois que la Suisse romande reste en retard sur ses voisins alémaniques.

Une rencontre historique, des spectateurs ravis, quoi demander de plus pour le deuxième match d’une équipe nationale helvétique en terre biennoise? La seule et unique rencontre disputée jusqu’à hier – hommes et femmes confondus – mettait déjà en scène l’équipe féminine. C’était en 2006 et les hôtes s’étaient imposées 2-0. «Face à l’Irlande?». Effectivement, Lara Dickenmann a une bonne mémoire. «Je ne marque pas souvent deux buts quand on gagne 2-0», se remémore-t-elle en souriant.

Le prochain rendez-vous à domicile est fixé au 27 octobre, face à la Géorgie. «Peut-être pas l’adversaire le plus attrayant» concède Caroline Abbé. Espérons tout de même que les Suissesses s’attireront un soutien populaire mérité.

Suisse - Danemark 4-1 (3-0)

Tissot Arena : 687 spectateurs.

Arbitre: Stéphanie Frappart (France).

Buts: 7e Crnogorcevic 1-0. 12e Sorensen (autogoal) 2-0. 37e Bachmann 3-0. 49e Larsen 3-1. 82e Crnogorcevic 4-1.

Suisse: Thalmann; Crnogorcevic, Abbé, Kiwic (46e Bernauer), Kuster (53e Remund); Wälti; Terchoun (63e Bürki), Moser (63e Zehnder), Dickenmann; Bachmann (63e Aigbogun), Humm (78e Bangerter).

Danemark: Petersen; Nielsen, Sorensen, Hansen (46e Larsen), Janni Jensen (46e Sandvej); Troelsgaard, Knudsen (88e Rask), Harder, Veje (76e Kildemoes); Nadim (65e Kristiansen), Rasmussen (46e Line Jensen)

Notes: cérémonie officielle d’avant-match en présence d’Erich Fehr, maire de Bienne, et Peter Gilliéron, président de l’Association suisse de football. Avertissements à Troelsgaard (45e, jeu dur), Larsen (78e, jeu dur) et Wälti (85e, jeu dur). Coups de coin: 4-2 (2-0).