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Football

L’expérience en plus du talent

Les Suissesses à Macolin avant de poursuivre leur progression à l’Euro.

La capitaine de l’équipe de Suisse Caroline Abbé et ses coéquipières ont lancé leur préparation pour l’Euro néerlandais hier à Macolin.

Sélim Biedermann


Equipe de Suisse dames, chapitre2. Lundi matin à Macolin, les protégées de Martina Martina Voss-Tecklenburg, réjouies et confiantes, se sont retrouvées pour lancer leur préparation à l’Euro, qui se tiendra dès le 16juillet aux Pays-Bas. Un Euro qu’elles attaqueront, après avoir tout gagné lors des qualifications (huit victoires, 34buts marqués pour trois reçus), dans une poule composée de l’ogre français et des deux autres «petits» que sont l’Autriche et l’Islande.

«Petits»? Plus tant que cela en ce qui concerne la Suisse, en fait. Ce grand rendez-vous est certes seulement le second auquel elle prend part après la Coupe du monde2015 au Canada, qu’elle avait quittée au stade des 8esde finale (défaite contre le pays organisateur1-0). Mais ce nouveau banquet à la table des chefs, fort alléchant, confirme l’élan encourageant dans lequel se trouve actuellement le football suisse au féminin.

«On va essayer de faire valoir l’expérience emmagasinée au Canada, à savoir qu’il faut vraiment être efficace dans ce genre de compétition. Notre manque de réalisme nous avait porté préjudice. A nous de prouver que nous avons tiré les leçons de ce tournoi, dont on avait besoin pour grandir. On a laissé derrière nous le négatif pour ne garder que le positif», relève Caroline Abbé, capitaine de l’équipe aux 126sélections.

Développement initié par Martina Voss-Tecklenburg
La défenseure de 29 ans, pilier de l’arrière-garde, espère bien que les qualités des Suissesses balle au pied éclateront au grand jour. La Genevoise connaît la valeur de sa sélection, qui monte, qui monte, et qui n’a aucunement l’intention de s’arrêter en si bon chemin. «Il faudra que l’on affiche notre vrai visage afin de montrer aux gens qu’on sait faire du foot, que ça joue bien. Car c’est exactement au travers de ces tournois qu’on peut promouvoir notre sport.» Ou continuer de le faire. «Maintenant que nous sommes parvenues à nous qualifier deux fois de suite, les médias commencent à s’intéresser à nous. Il n’y a d’ailleurs qu’en obtenant des résultats que l’on pourra poursuivre notre progression.»

Une progression entamée précisément en2012, lorsque l’Allemande Martina Voss-Tecklenburg a pris les commandes de l’équipe. «Elle nous a fait comprendre qu’on n’était pas ‹la petite Suisse›, que chacune d’entre nous avait des qualités et qu’il fallait croire en nos chances», glisse Caroline Abbé. En effet, l’entraîneure a la gagne en elle. Et elle le retransmet à merveille à son groupe ayant sans cesse davantage une allure conquérante au fil des ans. «Toujours vouloir l’emporter, c’est le plus qu’elle nous a apporté. Parce qu’en Suisse, quand on joue bien, trop souvent, on s’en contente. Alors que pour elle, il y a toujours quelque chose à corriger. Elle fait clairement partie de notre développement.»

Bons échos de Bundesliga
Pourtant, en tous cas outre-Sarine, cette volonté inébranlable de triompher est aussi fortement présente. Et celle qui vient de passer six ans en Bundesliga – trois à Fribourg et autant au Bayern Munich, avec deux titres nationaux en 2015 et 2016 à la clé – explique que cet état d’esprit contribue justement au succès helvétique. «Les Suisses allemands ont un peu la même mentalité, c’est-à-dire de ne rien lâcher, de toujours tout donner. Et ça, cela plaît aux Allemands parce que ça leur ressemble, ça leur correspond.»

D’où un intérêt certain pour les Suissesses outre-Rhin. En plus, bien sûr, de leur talent. «Du fait que beaucoup d’entre nous s’expatrient en Bundesliga, là-bas, on voit le football suisse d’un meilleur œil. Parce que notre championnat, il reste assez faible... J’ai en tous cas toujours entendu des bons échos par rapport aux joueuses suisses. Mes différents entraîneurs me demandaient régulièrement des renseignements dans le but d’en engager de nouvelles. Ils ont en général un bon point de vue sur nous», assure celle qui a refermé la page Bayern Munich il y a quelques jours et a souhaité revenir au pays, au FC Zurich.

«Jouer à l’étranger est le seul moyen pour percer»
Donc, dans un championnat helvétique pas franchement sexy, au contraire de la sélection nationale... «Je sais à quoi m’attendre», coupe Caroline Abbé. «J’ai effectué six ans en tant que professionnelle en Allemagne, où j’ai vraiment apprécié chaque moment. C’était magnifique et j’ai beaucoup progressé. Mais voilà, c’est un choix de carrière, j’avais envie de quelque chose de neuf et aussi de débuter un nouveau travail à côté du sport.»

La capitaine encourage cependant haut et fort les jeunes à effectuer le chemin inverse qu’elle vient de prendre. «Il faut oser partir!», lance-t-elle. «La Bundesliga, c’est le championnat de référence en Europe. On n’est pas obligé d’aller jusqu’aux Etats-Unis afin de vraiment bien se développer. Mais jouer à l’étranger est le seul moyen pour percer.» Et pour contribuer à l’essor du football féminin suisse.

 

«Trois sélections sur un pied d’égalité»
«On devra être rapidement à fond, parce qu’il ne faudra pas faire de faux-pas contre l’Autriche», souligne Caroline Abbé. «Cela sera certainement un match très tactique, car nous nous connaissons bien vu que beaucoup de joueuses des deux équipes évoluent en Bundesliga.» Ce sera la première rencontre de l’Euro2017 néerlandais pour la Suisse, le 18juillet dès18h, contre une sélection qui devrait se battre pour le second ticket qualificatif de la pouleC avec la formation de Martina Voss-Tecklenburg. La France paraît en effet intouchable: «Elle fait partie des favoris du tournoi avec l’Allemagne et, selon moi, les Pays-Bas», poursuit la patronne de la défense helvétique.

Reste l’Islande... Le petit poucet? «On ne peut pas dire que c’est la moins bonne équipe de notre groupe, car elle s’est à chaque fois qualifiée pour l’Euro ces dernières années et possède ainsi de l’expérience», corrige Caroline Abbé. «Je pense qu’avec l’Autriche et l’Islande, nous sommes trois sélections sur un pied d’égalité. La qualification se jouera certainement sur des détails.» Quand même, les Suissesses avaient battu à deux reprises les Islandaises lors des qualifications pour le Mondial2015. «Justement, elles sont averties et ne vont pas nous sous-estimer, ce qu’elles avaient peut-être eu tort de faire les dernières fois."

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