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Hockey sur glace

«Nous avons réussi quelque chose de grand»

1re ligue: au HC Saint-Imier, défait en finale des play-off contre Franches-Montagnes, l’entraîneur Michael Neininger peut tirer un bilan très positif d’une saison qui est entrée dans l’histoire du club.

La marche était haute en finale des play-off du groupe Ouest pour les Imériens (en jaune) face au HC Franches-Montagnes.

par Sélim Biedermann


«Echec, c’est un grand mot. Bien sûr, il y a de la déception. C’est un peu spécial de se dire que c’est fini.» Comme le relève Michael Neininger, ce n’est pas parce que le HC Saint-Imier a encaissé un rude 3-0 dans la série en finale des play-off face à Franches-Montagnes que l’on peut parler de contre-performance. Surtout pas. La défaite est amère, mais juste pour l’instant. «Il nous faudra bien une ou deux semaines pour réaliser que nous avons réussi quelque chose de grand.» Soit la première accession du club imérien à l’ultime duel du groupe romand de 1re ligue. De quoi provoquer «un sentiment fantastique» chez l’entraîneur.

Et aussi au sein d’une admirable équipe de copains, qui a épaté plus d’un observateur cette saison. Certes, on s’attendait à du solide après que «Sainti» a disputé les demi-finales une année plus tôt – avec une élimination sur le score de 3-1 contre Lyss, ensuite promu en MySports League –, mais peut-être pas autant. Le HCSI n’a-t-il pas successivement balayé 3-0 Adelboden et 3-1 Université Neuchâtel dans les deux premiers tours des play-off? Deux formations face à qui il ne possédait pourtant pas l’étiquette de favori. «Nous avons démontré un bon caractère. Et on avait l’expérience de la saison passée, qui nous a servi en quarts de finale. En ‹demies›, on n’a pas forcément pratiqué du beau jeu, il n’empêche qu’on a réussi à passer l’épaule», se félicite Neininger. «Attention, toutefois. En voyant les résultats, on peut se dire que nous nous sommes qualifiés facilement. Mais non, on a dû cravacher.»

Un coup de mou
A l’image du comportement dont ont fait preuve les Bats en finale, défaits 3-2 après prolongation jeudi passé, encore 3-2 samedi, puis7-4 mardi à Saignelégier après avoir fait jeu égal avec le HCFM pendant deux tiers, voire mieux. Des Jurassiens bernois qui n’ont rien lâché, alors que la marche était haute. En face d’eux se présentait tout de même l’ogre taignon. «Franches-Montagnes reste la grosse équipe du championnat. Elle s’appuie sur quatre lignes ‹faciles›», note l’entraîneur imérien. «Mais le dernier match nous donne des regrets, on aurait bien voulu ramener la victoire. C’est celui où nous avons livré notre meilleure prestation et offert le plus d’adversité à notre contradicteur. Alors qu’on a davantage subi lors des deux premiers actes, la tendance entre les deux équipes était cette fois-ci à l’équilibre. On produisait aussi du jeu.»

Sur l’ensemble de ces brillants play-off, on a retrouvé le HCSI du début d’exercice. Celui qui a été un temps leader du classement, avant qu’il ne connaisse un coup de mou l’ayant fait rétrograder au final à la 5e place de la saison régulière. «On a vécu des très hauts et aussi des très bas», lâche Neininger en regardant dans le rétroviseur. Une chose qui se comprend aisément en 4e division, avec des joueurs pour qui le sport n’est pas ou plus une priorité absolue. «Dans le hockey amateur, tu fais preuve d’une plus grande tolérance lors d’une baisse de régime», glisse à ce propos l’ancienne fine gâchette du HC La Chaux-de-Fonds. «Peut-être qu’inconsciemment, après être bien partis dans ce championnat, on a eu un petit relâchement. Et une fois que l’on se trouve dans la spirale des matches perdus, il faut lutter pour remonter la pente. Mais on y est arrivé: notre fin de saison s’est avérée plus en dents de scie que réellement mauvaise.»

«Magnifique état d’esprit»
Aussi, Michael Neininger a dû faire face à quelques blessures dans son contingent, qui plus est «pas extraordinaire au niveau du nombre». Les Imériens ont en effet évolué à plus d’une reprise avec seulement quatre défenseurs. «Mais nous nous en sommes bien sortis!», coupe fièrement et légitimement le coach. Et au-delà des résultats, ce dernier tient à souligner l’ambiance si particulière qui habite le vestiaire de l’Erguël. «Dans ce groupe, il y a un magnifique état d’esprit, avec un mélange de rigolades et de sérieux lorsqu’il le faut.» Le Chaux-de-Fonnier n’est ainsi pas prêt d’oublier le contact qu’il a eu avec les joueurs. «Mine de rien, nous sommes devenus assez proches.»

Et c’est certainement là, dans cette cohésion d’équipe, que «Sainti» puise sa force No1. Ses adversaires peuvent en témoigner.

 

Encore un match

Le HC Saint-Imier n’a pas tout à fait terminé sa saison. Il lui reste un match, prévu le 21 mars, a priori à l’extérieur. Celui-ci doit déterminer quelle équipe se classera 3e de 1re ligue sur le plan national. Il se disputera face à Wetzikon ou Frauenfeld, selon le résultat d’une finale du groupe Est qui n’est pas finie (Wetzikon mène 2-1).

 

La fin d’un chapitre enrichissant de quatre ans et demi avec Michael Neininger

On le sait, l’épopée de Michael Neininger à «Sainti» se boucle en cette fin d’hiver. L’entraîneur des Bats va s’en aller après quatre ans et demi à la bande, passés au côté de son assistant si spécial qu’est son papa Tony. Et ce avec le sentiment du devoir accompli, ayant contribué à la progression continue d’une équipe qui a atteint pour la première fois de son histoire les demi-finales des play-off la saison dernière et carrément la finale cette année. «C’est ce qui ressort du bilan de mon passage à Saint-Imier. Avec Tony, nous pouvons avoir la tête haute. Nous avons mis ce club sur les rails du succès, évidemment grâce aux joueurs», se réjouit-il.

Des joueurs qui leur sont chers. «Les garçons vont nous manquer. Quand tu as travaillé avec ce genre de personnes, tu ne peux que les regretter», lâche Neininger, qui vivait là sa toute première expérience de coach chez les adultes après sa carrière d’attaquant en Ligue nationale. Il l’avait d’ailleurs commencée en tant qu’entraîneur-joueur. «C’était une belle aventure, même fantastique, qui m’a fait grandir au niveau professionnel», remercie-t-il. Avant de déplorer une fin de relation pas évidente avec tout le monde dans le club imérien, d’où son départ et la prochaine arrivée de son successeur Steve Pochon, en provenance de Star Chaux-de-Fonds (2e ligue): «J’ai pris conscience que la confiance de certaines personnes n’est que temporaire, après avoir eu quelques difficultés avec celles-ci au niveau humain du côté du comité. Il y avait une incompréhension vis-à-vis de mes intentions de faire progresser le club», dit-il sans vouloir s’étaler sur le sujet.

Un avenir personnel encore flou
Michael Neininger se retrouvera donc bientôt sans joueurs sous ses ordres, après que les trois récentes possibilités s’offrant à lui soient tombées malgré des contacts «bien engagés», glisse-t-il. Il s’agissait du poste d’entraîneur à Yverdon en 1re ligue, à Fleurier à l’étage du dessous et aux juniors-élites du HC La Chaux-de-Fonds. «J’aurais bien entendu aimé finaliser une entente avec l’un de ces clubs», concède «Micka». Qui ajoute: «Je vais devoir apprendre à me vendre davantage pour pouvoir rester dans le métier... En tout cas, je remettrai ça. Je me réjouis de retrouver une équipe! Grâce à ce que j’ai réussi à ‹Sainti›, cela va peut-être m’ouvrir des portes. Je reste confiant. Et sinon, je ferai autre chose.»

Parce qu’au-delà des quelques désaccords qu’il y a pu avoir à l’interne au HC Saint-Imier, vu de l’extérieur, c’est bien la montée dans la hiérarchie, en 1re ligue, qui restera de la venue de Michael Neininger. Un chapitre enrichissant de l’histoire des Bats.

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