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Judo

Rota décide de se réinventer

De grands changements en vue pour le judoka biennois de 23 ans.

Même si le Biennois de 27 ans Donat Müller a aimablement accepté d’être malmené pour ce cliché, il devrait en aller tout autrement des futurs adversaires de Valentin Rota (debout). (©Carole Lauener/Journal du Jura)

Dan Steiner

Poissard Valentin Rota? Blessé à la main en février durant un camp d’entraînement, juste avant les qualifications pour les Européens de judo à Montpellier, il a également dû tirer un trait à la mi-juillet sur les Mondiaux russes de Tcheliabinsk, qui viennent de se terminer. Cette fois, c’est son dos qui l’a empêché de défendre ses chances de préparer adéquatement sa mission: décrocher un sésame pour les Olympiades de Rio en 2016 et de Tokyo en 2020. «Je dois changer une mauvaise habitude, dont le problème fondamental tient à ma musculature», nous apprend le Biennois de 23 ans à propos de sa plus récente blessure. «A l’interne, elle ne travaille pas assez par rapport à ma musculature externe.» C’était donc cela, ce mal mystérieux qui lui a fait manquer le rassemblement mondial tant convoité.

Trois grands changements

Cette non-participation aux joutes planétaires aura également eu pour effet de précipiter l’un des trois changements de cap pour le clan Rota: le passage des moins de 60kg à une nouvelle catégorie, celle des moins de 66kg. Les deux autres bouleversements dans la jeune carrière du judoka se situent par ailleurs au niveau du coaching et du planning des compétitions. Nous y reviendrons.

«Attention à ne pas tirer de fausses conclusions», prévient son conseiller sportif Laurent Giauque. «Cette blessure ne fut qu’un élément déclencheur de ce virage à 90 degrés, pas la cause principale», poursuit-il. En effet, cette décision de «monter» d’une catégorie de poids a été prise de concert avec son staff, notamment son désormais ancien entraîneur, l’Allemand Dirk Radszat, ainsi que le nouvel homme fort, l’expérimenté Leo Held. Ancien coach de la Seelandaise Lena Göldi et du médaillé olympique SergeiAschwanden, le colosse, lui aussi Allemand, estime que son nouveau protégé a fait le bon choix. «Grâce à un bon travail au niveau technique, Valentin possède déjà une bonne base pour être compétitif dans sa nouvelle catégorie», assure Leo Held. Ce changement permettra également au jeune judoka de s’astreindre à un régime alimentaire moins draconien avant une compétition, et lui offrira aussi une marge de manœuvre en matière de masse musculaire. «C’était la décision la plus logique et la meilleure pour stabiliser mon dos. J’ai maintenant moins de restrictions pour me développer physiquement», analyse Rota.

Adieu Dirk, et merci!

La prise de Valentin Rota sous l’aile musclée de Leo Held signifie également la fin d’une longue et fructueuse collaboration entre l’enfant d’Evilard (désormais citoyen biennois) et Dirk Radszat. «Valentin a été sous ses ordres depuis ses débuts professionnels. Il était comme son idole», confie Flavio Rota, le paternel. «Chaque fois qu’il lui donnait un conseil, il l’écoutait comme si Dirk était un demi-dieu», continue l’ancien gymnaste, l’un des six derniers athlètes suisses à avoir participé aux Jeux olympiques dans cette discipline. C’était il y a 22 ans, à Barcelone. Valentin suivra-t-il les traces de Flavio? Cela passera notamment par une montée en grade dans sa nouvelle hiérarchie, celle des moins de 66kg. Car pour participer aux Jeux, les judokas doivent figurer dans le top22 mondial au classement, sans parler du fait qu’il n’y a qu’un ticket par nation.

S’il ne (re)part pas de zéro, car il a engrangé quelques points lors d’une compétition à San Salvador, Valentin Rota devra néanmoins gravir les échelons pour atteindre son premier objectif olympique. «C’est pour cela que je suis content et impatient de démarrer ma collaboration avec Leo», déclare-t-il. «Il possède tous les outils pour développer mon potentiel.» Mais il n’oubliera évidemment pas la relation qu’il a entretenue avec Dirk Radszat, dont il a bu les paroles durant sept ans. «Valentin lui a bien demandé d’être son coach personnel, mais Dirk a préféré continuer à diriger le Judo Club Biel/Bienne - Nidau», explique Laurent Giauque.

Premier test en octobre?

Les prochaines étapes pour Rota constitueront donc en un retour en salle de force, pour développer une musculature à même de régler son problème de dos, ainsi qu’en une révision de son répertoire technique et tactique, eu égard à sa nouvelle catégorie de jeu. «Les adversaires seront plus grands et plus forts, il devra donc pratiquer un judo plus défensif qu’offensif, au départ», note le conseiller sportif. Mais d’ajouter: «Il a toutefois l’avantage d’être très polyvalent, ce qui lui permettra de s’adapter au niveau mental, physique et du type de combat.»

Une fois rétabli à 100%, Rota devra alors passer au révélateur en compétition. Pour l’instant, aucune date n’est précisément entourée sur son calendrier. «Un camp d’entraînement est prévu de fin septembre à début octobre, probablement en Europe», livre le principal intéressé. Ensuite, même si le Grand Prix émirati d’Abou Dhabi est évoqué à demi-mot, pas question d’aller trop vite en besogne. «Rien de fixe n’est encore prévu.» Pourtant, 2016, c’est si proche. Et pourtant encore si loin.

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