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Hockey sur glace

Saint-Imier: une probable défaite par forfait pour commencer

1re ligue: le club imérien ne se présentera pas à Genève demain

Les «jaune et noir» imériens (ici face à Moutier la saison dernière), qui auraient dû commencer leur saison demain à Genève et non pas à domicile, ne grifferont pas la glace des Vernets... archives Stéphane Gerber

Julien Boegli

«Ah, le feuilleton imérien!» Depuis deux semaines, le HC Saint-Imier donne passablement de fil à retordre à Sergio Ghiggia. Le Tavannois, administrateur de la 1re ligue pour la région romande, tente de gérer le début de saison perturbé du club «jaune et noir». Un cas épineux qui a pris une méchante tournure ces derniers jours. «C’en est même devenu un véritable roman», soupire Ghiggia.

Ce mélodrame automnal débute il y a 15 jours. A l’origine, il y a le moteur électrique d’un compresseur imérien, outil indispensable à la création de la glace, qui lâche. Privé de surface gelée, le HCSI, habitué aux préparations chaotiques, se retrouve dans la panade. «J’ai tout de suite prévenu Saastal, Uni Neuchâtel et Genève-Servette, nos trois premiers adversaires, que nous ne pourrions commencer l’exercice comme prévu», concède Frédy Marti.

«Les clubs valaisans et neuchâtelois ont compris notre situation et ont immédiatement accepté de repousser ces duels. C’est un beau geste de leur part et je les en remercie.»

Le cas genevois est plus complexe. Le chef sportif imérien propose alors d’agender la partie un mardi soir. Simon Saint-Hilaire, le responsable des Grenat, ne peut répondre favorablement. Un déplacement supplémentaire en semaine, c’est niet! Les échanges de mails – plus d’une vingtaine! – et de messages n’y feront rien. «Même le fait de leur proposer une date un vendredi ou un dimanche n’a permis de dénouer la situation», précise Marti.

Joueurs libérés jusqu’à début octobre

Alors Ghiggia, d’entente avec le président de la RegioLeague romande Philippe Duvoisin, tente une rocade. Saint-Imier débutera son championnat ce samedi dans la cité de Calvin et non pas chez lui.

«Au comité, on part du principe que si c’est dans leur intérêt, les clubs s’arrangent entre eux sans que l’on n’intervienne. Cela a fonctionné pour les deux premiers matches, tant mieux. Comme aucune solution n’a été trouvée pour la rencontre face à Genève, on a proposé ce changement. Je ne le cache pas, c’est moi qui ai forcé la main à Servette, qui a fait le nécessaire de son côté en déplaçant deux ou trois matches qui auraient dû se dérouler ce week-end, car la 1re ligue prime sur les ligues inférieures. Franchement, on pensait l’affaire conclue.» Que nenni! «Voilà que mercredi matin, Marti relance une nouvelle date. Genève-Servette n’y est donc pour rien.»

Le hic, c’est qu’au moment d’avertir les trois formations concernées, Marti a libéré dans le même temps ses joueurs jusqu’à début octobre et qu’il ne souhaite pas – ne peut pas? – revenir en arrière. «De quel droit s’est-il offert la liberté de décider seul que son équipe ne jouerait pas ces trois matches à la date prévue initialement et de donner congé à ses joueurs?», s’interroge, furax, Ghiggia.

«Au bout d’un moment, il ne faut pas non plus exagérer et arrêter de nous mener en bateau! La 1re ligue, c’est tout de même la 3e division helvétique. Ce n’est pas une catégorie ‹bout de bois›, il y a des contraintes à respecter et on ne peut donc pas tout se permettre. C’est en tout cas fort dommage d’en arriver là.»

Préparation «lamentable»

De sont côté, Frédy Marti évoque une évidente mauvaise foi genevoise. Au sein de la ligue, celle-ci est avant tout imérienne. Bref, on tourne en rond. «En refusant de venir chez nous en semaine, Genève n’a pas du tout été conciliant», rajoute Marti.

«On n’échange pas un samedi contre un mardi. Surtout que Saint-Imier, ce n’est pas la porte à côté et que des voyages en semaine, les joueurs amateurs en ont déjà suffisamment», répond Ghiggia, qui s’est entretenu mardi soir avec Francis Beuret, le président du HCSI. «Il semblait avoir accepté notre option, même si ce fut à contrecœur», ajoute le responsable romand.

Et le manque de préparation? «Cette dernière a été lamentable jusqu’à présent. On s’est entraîné là où l’on pouvait à des heures tardives ou le dimanche.» A la faveur de ses contacts, Frédy Marti a néanmoins pu obtenir quelques séances aux Ponts-de-Martel et à La Chaux-de-Fonds. Et depuis mercredi, c’est sur leur surface chérie enfin recouverte de glace que les Bats batifolent.

«L’excuse du manque de glace n’est pas fondée», corrige Ghiggia. «Car l’équipe a eu l’occasion de s’entraîner, malgré tout. Dans ce cas, on pourrait accepter le fait que Moutier, qui n’en bénéficie que depuis quelques jours, ou que Saastal, qui n’en possède pas, n’entament leur saison qu’au mois de décembre!»

Dans son bureau de La Chaux-de-Fonds, Frédy Marti ne décolère pas. «Non, nous ne nous déplacerons pas samedi, c’est exclu.» La convocation a pourtant été officialisée hier, via un courriel envoyé par Ghiggia à 13h06. «Dans ce cas, Saint-Imier perdra la rencontre par forfait», rappelle l’administrateur de Tavannes. Ce sont donc trois points, 800 francs d’amende et beaucoup d’heures de tergiversation qui s’envolent.

Le Genève-Servette HC bien embarrassé

Plusieurs revirements «Nous comprenons la situation de Saint-Imier. Nous étions d’ailleurs tout à fait favorables à repousser ce match.» Simon Saint-Hilaire se serait lui aussi volontiers passé de tout ce grabuge. Jeudi dernier, le coach québécois de la réserve des Grenat pensait être au clair. «Après quelques téléphones avec Frédy Marti, nous avions trouvé un accord pour jouer ce match un dimanche d’octobre. Le lendemain, je reçois un message de sa part qui me dit qu’il faut finalement le placer en semaine.»

C’est là que la ligue amateur est entrée en scène. «Parce qu’il fallait arrêter de tergiverser», explique Sergio Ghiggia. Dans le bureau des Vernets, Saint-Hilaire suit alors les exigeances des instances dirigeantes. «J’ai pris mes responsabilités. J’ai écrit un mail pour confirmer le fait que la rencontre se disputerait chez nous.» Nouveau revirement vendredi matin. A 11h59, l’entraîneur professionnel reçoit un nouveau courriel. «Saint-Imier me propose cinq nouvelles dates, à chaque fois un dimanche.»

Encore et toujours, c’est le manque de préparation qui est invoqué dans l’Erguël. «Il y a peut-être un décalage avec nous, mais ce n’est pas comme si leurs joueurs n’avaient toujours pas griffé la glace. On peut évoquer de la mauvaise foi de notre part, mais après avoir entrepris les démarches auprès de la Ville, des arbitres et des bénévoles, je ne voulais pas tout chambouler à nouveau, par respect pour eux.»

De quoi susciter en tout cas une certaine confusion chez Saint-Hilaire. «Pourquoi ne pas nous avoir proposé ces dates la semaine précédente? Tout aurait été réglé rapidement. C’est dommage, car j’ai beaucoup de sympathie pour ce club. Il est fort regrettable d’apprendre que Saint-Imier ne se présentera pas. Mes hommes, quant à eux, seront bien présents sur la ligne bleue à 17h30, prêts à jouer.» Selon Frédy Marti, ils auront tôt fait de rejoindre le vestiaire: «On n’ira pas, point barre.»

Décidément, rarement un début de campagne n’avait fait couler autant d’encre...

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