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Patinage artistique

Schümperli veut rendre un dernier hommage

Le Biennois de 19 ans, orphelin depuis peu de son coach tragiquement décédé Jean-François Ballester, participera ce week-end à Wetzikon aux championnats de Suisse élites.

«Je vis une saison très difficile», explique Beat Schümperli, qui ne visera par conséquent pas un grand résultat à Wetzikon.

par Sélim Biedermann
 

Pour Beat Schümperli, les championnats de Suisse ne revêtent pas tellement d’importance au niveau de la performance comptable, du résultat proprement dit. Non, ce week-end, l’objectif du Biennois de 19 ans sera de «rendre un dernier hommage à ‹J-F›», comme il en parle encore aujourd’hui avec une émotion non dissimulable. Soit Jean-François Ballester, celui qui était son coach jusqu’à son décès survenu le 2décembre dernier, ayant mis en émoi le monde du patinage artistique dans la région, et beaucoup plus loin d’ailleurs.

«Je sais très bien qu’il aurait voulu que j’y participe», lâche le jeune talent, qui s’exerce à La Chaux-de-Fonds, dans une patinoire des Mélèzes où son ancien mentor livrait ses entraînements, tout en continuant de représenter le CP Bienne en compétition. «Mon objectif sera simplement de bien patiner, afin de pouvoir me montrer satisfait de ma performance.» Souvent tendu lors des grands rendez-vous, Beat Schümperli se rendra en fin de semaine à Wetzikon pour une fois en étant décontracté. «Jean-François Ballester était la personne qui m’enlevait mon stress. Du coup, par rapport à cela, je vais essayer d’y aller sans pression, de prendre essentiellement du plaisir.»

Nombreuses blessures
C’est sur le morceau intitulé «Solitude», œuvre de Scylla et Sofian Pamart, que le Seelandais exécutera son programme court dans le canton de Zurich, contrairement à ce qui était prévu dans un premier temps. Un musique, qui aurait dû à la base accompagner ses mouvements lors de la saison 2019/20, synonyme d’immense pensée pour son professeur français parti bien trop tôt, à l’âge de 53 ans. Evidemment, Beat Schümperli aura la chair de poule. Et pas parce que celui dont la plus grande force se situe dans la partie artistique d’un sport ma foi aussi fort technique disputera ses deuxièmes joutes nationales en élites. On l’a compris.

S’il s’était dit déçu de son pourtant encourageant 7e rang obtenu aux championnats de Suisse en 2017 – qui se sont tenus à Neuchâtel –, le Biennois y allait de toute manière avec une ambition moindre cette année à Wetzikon. En effet, l’an dernier, malgré son jeune âge, il sortait d’un début d’hiver très réussi qui lui avait permis de se fixer des objectifs élevés, même chez les grands. Il avait alors disputé ses deux premiers tournois à l’étranger, à Milan et LaHaye, et aussi passé le test Or, sans oublier ses victoires à toutes les manches de Coupe de Suisse du côté des juniors. Contrairement à l’actuel exercice, largement perturbé par les blessures: une élongation ainsi que des entorses aux chevilles, avec en outre une inflammation à un tibia. «Je vis une saison très difficile», souffle l’athlète du CPB.

Mais Beat Schümperli n’est pas du genre à se décourager. En témoigne sa brillante saison 2017/18 au sortir d’une triple opération l’ayant laissé sur le flanc. «Je sais comment gérer ces périodes compliquées après que je me sois cassé une jambe.» Pour lui permettre de rebondir après lesdits pénibles moments, il s’était attaché les services d’une psychologue, qui le suit toujours. Celle-ci le soutient d’ailleurs énormément depuis la tragique perte de Jean-François Ballester. «Même si c’est très dur à vivre, elle m’a beaucoup aidé», glisse-t-il.

Une passion venant de Bulgarie
Néanmoins, bien que le Seelandais se sente mentalement mieux que la semaine dernière, physiquement, il n’est pas au top... «Je ne ressens désormais plus de douleurs après mes blessures, notamment grâce aux nombreuses séances de cryothérapie et physiothérapie que j’ai suivies. Mais je ne suis pas autant bien préparé qu’espéré.» Ce n’est ainsi probablement pas ce week-end que Beat Schümperli explosera chez les élites. Toutefois, l’avenir appartient à cet athlète qui avait été sacré champion de Suisse en cadets en 2014 et décroché la médaille de bronze nationale en juniors l’année suivante, ses «deux plus grandes réussites» dans sa jeune carrière.

«Je rêve un jour d’obtenir de bons résultats au niveau international», lance le natif de Bienne, par ailleurs parfait bilingue. Et ainsi de peut-être pouvoir faire un métier d’une passion née lorsqu’il avait tout juste 11ans, lui venant de sa mère et son grand-père bulgares, qui pratiquaient respectivement le patinage artistique et le ballet dans les Balkans. Une histoire de famille, donc. Sauf pour son frère cadet Stefan, qui certes griffe également la glace mais en jouant au hockey...

 

De Bienne à La Chaux-de-Fonds
C’est toujours en majeure partie à La Chaux-de-Fonds que Beat Schümperli continuera de s’entraîner. Et ce aux côtés de Donatella Vaucher, Jessica Moning et certainement du Français Bruno Massot, champion olympique et du monde en titre en couple avec la patineuse d’origine ukrainienne Aljona Savchenko – ils représentaient cependant l’Allemagne... –, soit un autre ancien protégé de Jean-Francois Ballester. «J’ai la chance de connaître déjà tout le monde», souligne-t-il.

Le Seelandais effectue les trajets en train depuis Bienne, la ville où il habite et étudie, à l’Ecole supérieure de commerce. Il obtiendra normalement sa maturité professionnelle en fin d’année scolaire. Beat Schümperli suit le programme sport-études, en allemand. «Mais avec mes entraînements, je parle maintenant presque davantage le français», fait remarquer un jeune homme à qui il restera ensuite encore deux ans de stage pour valider sa formation.

 

Le Jurassien bernois Nicola Todeschini accuse le coup

«C’est infaisable!» La réponse de Nicola Todeschini par rapport à une participation aux championnats de Suisse de ce week-end est claire comme de l’eau de roche. Ancien élève du regretté Jean-François Ballester, comme le Biennois Beat Schümperli, le patineur de Sonvilier domicilié à La Chaux-de-Fonds demeure sous le choc. Depuis la terrible nouvelle, il n’a jamais entrevu Wetzikon.

Le champion de Suisse 2014, ayant ensuite décroché les 2e, 4e et à nouveau 2e places dans ces joutes nationales, qui n’a du reste que 21 ans, ne figurera donc pas une nouvelle fois parmi le gratin helvétique en cette année 2018. «Je suis certain que j’aurais pu gagner malgré ma préparation perturbée par des ennuis de santé et mes récents résultats moyens», lance-t-il. Mais là n’est pas la question pour le Jurassien bernois, qui a même hésité, l’espace de deux jours après le décès de son coach, à cesser la compétition, confie-t-il. «Quand j’ai appris pour ‹Jeff›, dans ma tête, cela a été directement un trou noir. Je me suis toujours senti très seul, et lui, il comblait un vide, il était un mur porteur qui m’aidait à avancer. Je ne me sens pas prêt à affronter le monde du patinage sans lui en ce moment.»

Retour de Hongrie samedi
Bien qu’il continue à s’entraîner, Nicola Todeschini se trouve actuellement à Budapest. Après avoir participé à une compétition en Hongrie il y a une dizaine de jours, il allait prendre l’avion lorsqu’il s’est vu informer du drame qui venait de se produire. Il est alors resté à terre. «J’avais besoin de faire mon deuil de mon côté, rester loin de La Chaux-de-Fonds m’a fait du bien», explique-t-il. «C’était beaucoup plus fort que moi, je n’arrivais pas à rentrer.» Chose qu’il fera toutefois samedi.

Le natif de Bienne accuse le coup. Mais désormais, il sait qu’à l’avenir il parviendra à aller de l’avant. Pour ce faire, il sera entouré dans ses entraînements qu’il mène aux Mélèzes de Bruno Massot, Donatella Vaucher et d’un troisième coach qui n’est pas encore connu.

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