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Snowboard

Sur «off» mais sous les nuages

Le Jurassien bernois Carlos Gerber, après 10 années de Coupe du monde puis une participation dans un film d’importance, a, en presque deux ans, tout remis à plat. Mais sa planche ne l’a jamais quitté.

Les sauts en pleine nature ont redonné le goût du snowboard à Carlos Gerber comme quand il avait 15 ans.

par Sélim Biedermann


Le «paquet» d’or blanc tombé ces derniers jours en montagne fait forcément songer à quelqu’un qui a disparu des radars de la compétition depuis deux ans pour se tourner vers la poudreuse. Carlos Gerber, l’enfant de Sonceboz, ancien spécialiste de big air et de slopestyle qui avait frôlé les Jeux olympiques2018 de PyeongChang –il n’avait juste pas été retenu dans le contingent suisse–, qu’est-il devenu?

Aucune tonalité. Pas de réseau, a priori. Tout ce qu’il y a de plus rassurant, en fait: le rider doit être «perdu» quelque part entre deux bosses, où les seules traces visibles sont les siennes, une planche sous les pieds. Plus tard dans la journée, lorsque le soleil appelle à bientôt aller se coucher, Carlos Gerber répond. «Je fais toujours du ‹snow›, comme d’hab’!» Après avoir une nouvelle fois flirté avec les nuages davantage que le commun des adeptes des pentes enneigées, le voilà redescendu à Ovronnaz, dans l’appartement familial.

Retour aux sources
Ses papiers y sont déposés depuis un peu moins d’une année. La vie à Annecy, en France, c’est fini. Sa nouvelle copine vit, cette fois, à Yverdon, soit bien trop loin des Alpes pour lui... «Je suis du coup tout le temps en vadrouille», lance-t-il sous ce sourire qui lui reste fidèle. «Me voici de retour aux sources, en Valais, où j’ai vécu durant huit hivers auparavant. Ça fait plaisir de revenir par-là!» Malgré son logement à Ovronnaz, il n’en oublie pas pour autant sa famille dans le Jura bernois, ni bien sûr sa douce moitié.

Et malgré cette proximité avec d’inombrables possibilités de hors-piste, son quotidien ne se trouve pas uniquement dans la neige fraîche. Charpentier de métier, Carlos Gerber travaille désormais à son compte: «Le rythme professionnel est ainsi bien différent de celui qui était le mien avant». Avant qu’il ne se détache de ses précédentes activités «blanches», vers le début du printemps2019.

Moment choisi pour totalement laisser tomber les portillons de départ en Coupe du monde, dans lesquels il est passé durant 10saisons, pour une dizaine de podiums à la clé. «Je désirais faire quelque chose qui me parle directement. Et qui, au final, m’a redonné le goût du snowboard comme quand j’avais15 ou 16ans», se réjouit-il. «A force d’enchaîner les épreuves à un rythme intense, c’était devenu plus comme un job. Il me fallait un break afin de me repérer un peu, de voir ce qui me faisait plaisir.»

«Quelque chose d’incroyable pour moi»
Lorsqu’il a quitté le cadre national, Carlos Gerber n’avait qu’une seule idée en tête: tourner dans un nouveau film, domaine dans lequel il possédait une certaine expérience, et pas des moindres. Intitulé «Isle of Snow», sorti il y a un peu moins de deux ans, celui-ci était destiné à célébrer les 20ans de la société de production helvético-américaine Absinthe Films, qui est «un peu la pionnière dans le milieu, la référence du back-country». Entendez par là des sauts en pleine nature.

En2015, cette dernière avait d’ailleurs déjà voulu enrôler l’athlète de 30ans charismatique et à l’état d’esprit on ne peut plus cool. Mais il avait dû décliner l’offre, étant alors trop pris par le monde de la compétition ainsi que par un autre film de plus petite ampleur. Carlos Gerber a pu se rattraper. Il poursuit, des étoiles encore plein les yeux: «Même si ma part était petite, c’était déjà quelque chose d’incroyable pour moi! Enormément de riders étaient présents, dont des anciens. J’ai vécu une super expérience, qui ajoute une belle coche sur mon tableau de carrière.»

Ensuite, le Jurassien bernois a tourné le bouton sur «off». Aucun autre film à son actif, simplement une multitude de descentes pour le fun. «Depuis presque deux ans, c’est une grosse compétition avec moi-même. Une période où beaucoup de choses ont changé en même temps sur un plan personnel, qui m’a donné l’occasion de tout remettre à plat», confie-t-il. «Mais maintenant, je peux repartir de plus belle! Je pense que je vais m’y remettre un peu, j’ai quelques projets sous le pied.»

C’est-à-dire participer à de nouvelles productions? Ou même reprendre la compétition? «J’attends des confirmations, rien n’est encore officiel.» A propos de... «Je ne veux vraiment pas en dire plus pour le moment!» Eclats de rire communicatifs, joie. Les nuages n’ont qu’à bien se tenir.

 

De la compétition, mais au guidon

Aussi libre dans sa tête que ne l’est le freeride, Carlos Gerber n’en demeure pas moins un compétiteur dans l’âme. «C’est ancré en moi», acquiesce-t-il. Après une décennie passée en Coupe du monde, cela ne lui manque-t-il donc pas un brin? «Oui et non... Disons que je sais la préparation qu’engendre le haut niveau», glisse-t-il, avant de rebondir: «Je me suis remis au motocross l’été dernier. Je retrouve ainsi un mode de compétition un peu différent.»

Ayant dompté les deux-roues dans ladite discipline pendant presque 10ans quand il était plus jeune, notamment dans le championnat de Suisse, voici le Jurassien bernois à nouveau au guidon. Il a repris une licence dans le championnat romand et populaire Angora. «J’ai obtenu de bons résultats, mais aussi de moins bons», lâche-t-il brièvement. «En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir.»

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