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Treize sur treize pour le FC Sion

Les Valaisans ont brillament remporté la Coupe de Suisse hier contre le FC Bâle chez lui (0-3)

Le FC Sion a aisément remporté son treizième titre en Coupe de Suisse hier à Bâle. Il avait mis bien trop d’émotions dans son jeu pour des Rhénans impuissants. Keystone

Bâle, Sélim Biedermann

L’ogre bâlois s’est fait manger tout cru dans son antre. «Il y avait des lions en face!», lance Xavier Kouassi, le sourire collé aux oreilles. Le capitaine des Sédunois a pu, avec les siens et dans la liesse générale, accrocher la treizième étoile du drapeau valaisan au palmarès du FCSion.

Treize finales de Coupe de Suisse, autant de victoires. Et cette petite dernière, obtenue aisément hier sur le score de 0-3 chez le FC Bâle, n’en est pas moins immense. En plus d’avoir permis à Sion de se qualifier directement pour la phase de poules de l’Europa League, elle possède clairement une saveur encore plus exquise que les précédentes.

Face au sextuple champion de Suisse en titre, la tâche s’annonçait très ardue. Il n’en a rien été. Le stade était aux trois quarts rouge et blanc, le vacarme était sédunois: la Coupe semblait tendre d’entrée de jeu les bras au FC Sion. Car la passion de tout un canton pour cette compétition donne un appétit de lion.

«Nos fans nous ont insufflé tellement d’énergie, c’était incroyable ce qu’ils ont fait, en nous poussant à fond pendant 90 minutes. Je ne sais pas s’il existe de tels supporters à part à Sion...» Encore tout retourné, le gardien Andris Vanins jubile. Son coéquipier Michael Perrier, lui, est tout tremblotant: «J’en ai la chair de poule, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire», sourit-il.

Visages de fanssur les maillots sédunois

Tous ces fans venus du Valais par milliers, admirables d’enthousiasme, ont aussi malheureusement parfois dépassé les limites en faisant exploser quelques gros pétards et en jetant des objets sur un Marco Streller boitillant sur la touche, qui disputait le dernier match de sa carrière hier. Alors que la seconde période allait commencer, l’arbitre a même renvoyé les 22 acteurs au vestiaire le temps que le public se calme.

C’est l’entraîneur Didier Tholot, haut-parleur en main, et le président Christian Constantin en personnes qui sont allés résonner le kop sédunois. Et la partie pouvait reprendre, dans une ambiance de feu! Mais sans autre débordement, si ce n’est l’envahissement bon enfant d’une partie de la pelouse du Parc Saint-Jacques par les fans en extase au terme des débats.

En fait, on aurait cru à un Tourbillon dans le Parc Saint-Jacques... «Avec le maillot du FC Sion, vous n’avez pas le droit de perdre», disait une gigantesque banderole disposée sur deux étages dans les gradins bâlois. Les joueurs l’avaient compris. Ils comptaient bien rendre tout cet amour à leur fervent public. En témoignent leurs numéros, invisibles de loin car de couleur peau. En effet, les visages de quelque 1000 fans valaisans «coloraient» le dos des joueurs.

Un symbole. Une symbiose. Un engouement largement supérieur à celui du camp d’en face. En fait, un aspect émotionnel décuplé que le FC Bâle n’avait tout simplement pas.

«On était chez nous!»

Sion ne plaisante pas avec la Coupe. Il sait rendre magique chacune des finales auxquelles il prend part. Trois jours de mise au vert, des discours quotidiens du président, et tant d’autres données ont permis au club valaisan de mettre encore une fois toutes les chances de son côté. «Je ne pense pas que Bâle a préparé ce match comme nous», glisse Vanins.

De surcroît, «avec les discours vexants qu’ont tenus les Bâlois ces derniers jours à notre égard, on avait à cœur de venir ici afin de montrer notre valeur», ajoute Kouassi. «Je pense que Bâle nous a sous-estimés», renchérit Reto Ziegler, «et on lui a montré qu’il n’aurait jamais dû le faire en finale de la Coupe».

Le FC Bâle n’a jamais dégainé. Il a juste semblé rassasié par son nouveau titre acquis en Super League. «Le gâteau, on l’a mangé il y a trois semaines. On n’a pas attendu d’avoir la cerise...» Belle image employée par le portier rhénan Germano Vailati. «Sion est arrivé avec une grande motivation. Notre adversaire a livré un grand match, il en voulait plus que nous. On ne peut que le féliciter pour cette victoire méritée, soyons fair-play.»

Consolation pour le titulaire en Coupe de Suisse: «Je suis content d’avoir joué.» Bien maigre, toutefois... «C’est bien triste de partir en vacances comme ça!»

Pourtant, Vailati, qui avait d’ailleurs gagné la Coupe de Suisse avec Sion en 2006, s’y attendait. «J’étais de l’autre côté, je connais la musique... J’ai essayé de dire à mes coéquipiers qu’ils allaient venir très fort. Et ça n’a pas manqué, ils ont mis un énorme engagement de la première à la dernière minute. On voulait casser leur belle série de 12 victoires, mais on n’a pas eu les arguments pour le faire.»

Et de 13 pour Sion. Alors que Bâle vient de perdre sa troisième finale consécutive, cette fois-ci à domicile. «On était chez nous!», coupe Léo Lacroix. «On a gagné avec le cœur, beaucoup de volonté et surtout grâce à nos supporters.»

Un allant offensif décisif pour les Valaisans dans l’antre bâlois

Tout de suite chaud  Le FC Bâle a paru bien trop sûr de son fait, s’étant fait asphyxier dès les premiers instants par des Valaisans ultra-offensifs. «Je pense que le fait d’avoir débuté avec deux attaquants (réd: Moussa Konaté et Ebenezer Assifuah) s’est avéré décisif. Nous avons réussi ainsi un très bon coup sur le plan tactique», se félicitait le coach du FC Sion Didier Tholot. Pas moins de cinq scènes assez chaudes devant Germano Vailati se sont produites durant le premier quart d’heure.

Sur les nombreux corners alors obtenus, les Rhénans se regroupaient à 11 dans leur surface de réparation, tremblant face à l’allant du FC Sion. Un allant qui allait de soi avec tant d’émotions...

Verdict: 0-1 dès la 17e minute. Puis, 0-2 à la 50e. Les carottes étaient alors déjà bien cuites! En deux temps trois mouvements, Carlitos (photo Keystone) donnait une double impulsion décisive à son équipe. Passeur génial, il servait sur un plateau et dans la profondeur le percutant Moussa Konaté et le vif et habile Edimilson Fernandes.

Le milieu de terrain sédunois ponctuait ensuite l’affaire d’une tête plongeante, à l’heure de jeu, suite à un centre lobé au second poteau d’Elsad Zverotic. L’ancien Bâlois, avec ses deux passes de but et sa réussite, a ainsi rappelé à son ex-équipe tout le potentiel qui est le sien.

Et aussi celui d’une machine de guerre en Coupe de Suisse... «On a vraiment bien joué, Bâle n’a pas eu une seule chance de marquer», relève le gardien valaisan Andris Vanins dans un sourire révélateur. Celui d’une outrageuse domination. «Je pensais recevoir davantage de boulot, j’ai été surpris... Mais je préfère gagner comme ça.» Le coach du FC Bâle, Paulo Sousa, ne pouvait que reconnaître la supériorité adverse: «Sion a été meilleur dans tous les domaines. Il a clairement mérité sa victoire.»

Bâle - Sion 0-3 (0-1)

Parc Saint-Jacques: 35674 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre: Hänni.

Buts: 18e Konaté 0-1. 50e Fernandes 0-2. 60e Carlitos 0-3.

Bâle: Vailati; Xhaka (75e Delgado), Schär, Suchy, Traoré; Elneny, Frei, Zuffi; Gashi, Streller (75e Ajeti), Callà (53e Hamoudi).

Sion: Vanins; Zverotic, Lacroix, Ziegler, Pa Modou; Carlitos, Kouassi, Salatic, Fernandes (73e Perrier); Assifuah (75e Follonier), Konaté (85e Christofi).

Notes: Bâle sans Ivanov (blessé), Embolo (suspendu) ni Gonzalez (équipe nationale). Sion sans Ndoye (blessé), Vidosic ni Ramirez (pas convoqués). 4e, but de Konaté annulé pour hors-jeu. 22e, Vailati détourne une tête de Konaté sur la transversale. 81e, Kouassi sauve sur sa ligne. Match interrompu en raison de débordements dans les tribunes. Avertissements à Gashi (46e, jeu dur), Frei (64e, jeu dur) et Zverotic (71e, jeu dur). Coups de coin: 3-6 (1-5).

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