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Courses de Bienne

Un adepte du dico des superlatifs

Bernhard Eggenschwiler vainqueur surprise des «100 Kils»

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Laurent Kleisl

«Incroyable, exceptionnel, phénoménal, sensationnel!» Ou encore: «Magnifique, fantastique, irréel!» Façon particulièrement originale de célébrer une victoire, Bernhard Eggenschwiler récite le dictionnaire des synonymes. Normal: quelle victoire! Dans la nuit de vendredi à samedi, le Soleurois de 30ans a surpris tous les favoris en s’imposant aux «100 Kils» dans l’excellent temps de 7h02’42.

Si l’alphabète compte 26 lettres, l’épreuve phare des Courses de Bienne s’épelle sur 100 bornes. C’est à la 73e de celles-ci que l’édition 2015 s’est jouée. Dans la nuit, quelque part entre Biberist et Bibern, le tenant du titre tricolore Michaël Boch cédait la tête de la course à Eggenschwiler lors d’un point de ravitaillement.

«Sur conseil de mon accompagnante, je ne l’ai pas dépassé trop vite, je ne voulais pas montrer que j’avais encore des réserves», observe le héros. Le vocabulaire des deux principaux acteurs de la Nuit des Nuits exprime ce moment de vérité avec l’intelligence de l’émotion. Car Boch, lui, a vu «une fusée passer».

Michaël Boch dans le dur

Après ce croisement plus ou moins vif selon l’angle de perception, Eggenschwiler a mis près de 30secondes au kilomètre à son rival alsacien. «Chapeau, il a réalisé une superbe course», admet Boch. «Dès l’échauffement, j’ai senti que je n’avais pas de bonnes jambes. Il y a des jours comme ça... La question était de savoir quand allais-je me faire rattraper. Mon but était de tenir en tête le plus longtemps possible puis d’assurer la deuxième place. Deuxième à Bienne, avec un meilleur temps que l’année passée, (réd: 7h14’22 contre 7h20’23), c’est déjà bien.»

Eggenschwiler, personne ne l’a vu venir. Pourtant, il y a 12 mois, le Soleurois avait pris la troisième place en 7h48’08. La présence des cracks, des Boch, Florian Vieux et autres Michael Kaufmann, a obstrué le jugement. Si Kaufmann a limité la casse – 14e en 8h36’29 –, Vieux a abdiqué au km 66.

«A mi-course, j’ai été pris d’une crise d’asthme, une première pour moi», souffle le Valaisan, vainqueur en 2013. «J’ai bien eu quelques petits soucis de rhume des foins dernièrement, mais ça... J’ai complètement serré.» Vieux avait fait des «100 Kils» la priorité de son début de saison.

Eggenschwiler a dressé les leaders et surpris tout son monde, lui le premier. «L’année passée, c’était ma première participation aux 100 Km de Bienne», rappelle-t-il. «J’y étais allé sans trop me poser de questions, pour voir comment ça se passe. Cette fois, je savais à quoi m’attendre. De là à m’imposer et de signer un tel chrono... C’est fantastique!» Oui oui, on a bien compris.

Histoire de bien situer le contexte de son exploit, il précise: «Et dire qu’après 5km, j’étais en crise. J’ai même failli abandonner! Mon accompagnante m’a exhorté à continuer. Petit à petit, j’ai commencé à me sentir mieux. Chaque fois que je dépassais quelqu’un, cela me donnait un peu plus d’énergie. Puis j’ai vu Boch...»

En un mot: «Magnifique!»

Un joyeux expert-comptable

Les yeux exorbités de bonheur, une convulsion jouissive animant son corps, le brave Bernhard s’échappe de la rigueur de son quotidien. Expert-comptable et cadre d’entreprise, Eggenschwiler est un cartésien. «Les pics de boulot sont concentrés en fin d’année, pour les bouclements. Dès janvier, je peux me dégager davantage de temps. Je vis seul et je n’ai pas d’enfants, c’est plus facile pour organiser les entraînements et les plages de récupération.»

Libéré des bilans et des comptes d’exploitation, il a lancé sa préparation en janvier avec, comme mise en bouche, un quatrième rang sur un 50 km couru en Allemagne. Dans l’enchaînement, il a avalé 260km lors d’une semaine de camp à Majorque. Jusqu’en mai, il y a ajouté 950 km de plaisir en savates. «Dès lors, j’ai un peu calmé pour recharger les batteries. J’ai plutôt mis l’accent sur des séances plus rapides, avec plus de rythme.»

Citoyen de Büsserach, à un cheveu du Val Terbi, Eggenschwiler apprécie le relief cabossé de l’endroit pour la pratique de son art pédestre. «L’aller et retour à Delémont, c’est un de mes entraînements traditionnels.» Pas loin de 50bornes, au total, pour se dégourdir les jambes. Pourquoi pas?

Rolf Thallinger toujours là mais jamais devant

Conditions idéales Rolf Thallinger a quelque chose de Raymond Poulidor. Pour la cinquième fois lors de ses six dernières participations, le Seelandais originaire de Scheuren a achevé les 100 Km sur le podium, un brillant troisième rang en 7h26’07, «mon deuxième meilleur chrono» après les 7h19’40 de 2012.

«Troisième, pour moi, c’est déjà un beau succès. J’en suis très heureux. Une magnifique course, dans des conditions idéales», glisse le premier régional de l’étape. Une étiquette si ordinaire pour lui.

Onze participations, deux deuxièmes places, trois troisièmes places. Jamais loin, toujours là, jamais devant. Poulidor est en lui, dans l’excellence et dans l’acceptation.

Entre 1962 et 1976, le légendaire cycliste français est monté à huit reprises sur le podium du Tour de France. Un record. Jamais il ne l’a gagné, jamais il n’en a porté le maillot jaune. Où Poulidor avait Eddy Merckx, Jacques Anquetil et Felice Gimondi, Thallinger a Bernhard Eggenschwiler, Michaël Boch, Florian Vieux, David Girardet et Walter Jenni. Jamais loin, Rolf.

«Une victoire ne se planifie pas», sourit-il. «Il y a toujours quelqu’un devant moi, c’est le sport, cela ne va pas me tirer une larme. Si c’était facile, tout le monde viendrait aux 100Km pour gagner et on terminerait au sprint!»

Thallinger ne boude pas son plaisir. Les «100 Kils» racontent sa vie d’homme, d’ado, de gamin. Père de trois enfants, citoyen de Berthoud depuis cinq ans, il a écoulé un bon morceau de son existence à Büren. «Le parcours traversait Scheuren, c’était vraiment sympa», confie-t-il.

«Chaque fois que je passe près d’un endroit qui me rappelle des souvenirs, c’est spécial, cela me donne du jus, comme par exemple à côté du terrain de football d’Orpond. J’ai longtemps joué au FC Orpond!»

Pause Les 100 Km de Bienne savourent le retour du plus fidèle occupant de leur podium. L’année dernière, une forme de lassitude avait poussé Thallinger à renoncer. «Je venais de courir les 100 Kils dix fois d’affilée. Mentalement, cela m’a fait du bien de faire l’impasse sur une édition. J’en ai profité pour participer à d’autres épreuves, comme la course de la montagne de Granges. Je suis revenu à Bienne très motivé.»

Pour une troisième place, encore. Jamais loin, Rolf. Toujours là mais jamais devant. «J’ai choisi la bonne stratégie», reprend-il. «J’ai un peu freiné au début afin d’avoir encore de la force pour les derniers kilomètres. A la fin, j’ai senti que j’étais bien. Sur 100km, il faut avoir de la patience et en cela, l’expérience aide beaucoup. La veille du départ, j’étais très nerveux mais pendant la course, j’étais vraiment tranquille.»

Et si cette plénitude, sorte de lévitation à la force des mollets, était sa plus belle victoire sur les «100 Kils»? C’est ce qu’ont dû se dire Mirko Messer, premier Biennois en 8h39’48 (16e), et le Prévôtois Corrado Kaufmann, premier Jurassien bernois arrivé après 13h39’15 d’effort (453e).

Et de trois pour Denise

Concurrence Denise Zimmermann a remis ça. Victorieuse des éditions 2012 et 2014, la Saint-Galloise de 40 ans s’est approprié un troisième sacre sur les routes du Seeland en 8h38’31. «Une très belle jolie nuit, je suis très heureuse que tout ait bien fonctionné», sourit, radieuse, la comptable de Mels.

La petite dame – elle est minuscule, Denise – a en permanence été sous la menace de Silke Ahrendts-Konold. Elle a senti le souffle de l’Allemande dans son dos. Enfin, sur un hectokilomètre, tout est relatif.

Pour sa première participation dans la Nuit des Nuits, la citoyenne de Herbrechtingen a pris la 2e place à seulement 4’43’’ de la lauréate, devançant sa concitoyenne Karin Kern d’un petit quart d’heure. «Je me suis retrouvée seule devant peu après le 20e kilomètre», explique Denise Zimmermann.

«Je n’avais pas de stratégie, j’avais juste décidé de faire ma propre course sans me soucier des autres.» Des autres, un peu, elle s’en est quand même préoccupée. «Je savais que ma poursuivante était juste derrière et qu’elle n’allait pas lâcher. Elle était toute seule alors qu’un accompagnant me suivait en vélo. Cela m’a beaucoup aidée et cela a peut-être fait la différence.»

Jambes Avec ses 8h38’31, elle n’a toutefois pas approché ses deux précédentes marques – 8h26 en 2012 et 8h30 l’année dernière. L’explication, peut-être, se trouve à Annecy. «Le 30mai, j’ai participé aux Mondiaux de trail...» Une course de 85km avec 5300 m de dénivelé positif qu’elle a bouclée en 11h46’09 (15e). Elle avoue: «C’est vrai, je l’ai en peu senti dans les jambes...» Elle est tout excusée, Denise.

Respectivement 15e et 16e, Adriana Granitto (10h18’17) et Karin Francescutto (10h21’28) mènent le palmarès des «100Kils» 2015 sous un angle régional. Bravo!

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