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Hockey sur glace

«Je comptais bien venir en Suisse»

L’Américain du HC Bienne David Moss assouvit sa soif de découverte

L’attaquant seelandais David Moss, arrivé fin novembre en manque de temps de jeu, ne cesse de monter en puissance. Tanja Lander

Sélim Biedermann

Six ans passés dans le mythique Scotiabank Saddledome de Calgary, troisième plus grande ville du Canada, puis trois années vécues au sein de la pimpante Gila River Arena de Phœnix, sixième métropole des Etats-Unis: et pourtant, David Moss se réjouit comme un gamin, à 34ans, de découvrir le charme unique de la vétuste Valascia, dans le village d’Ambri.

«J’ai entendu dire que cette patinoire est un peu différente des autres, parce qu’il y fait notamment très froid», lâche l’Américain du HCBienne aux 518matches de NHL.

Il y a même un petit coin où la neige tombe sur les tifosi léventins... Réaction identique:l’attaquant se réjouit d’y mettre les pieds, demain, au lendemain de la venue de Zoug à la Tissot Arena. «Pour moi, c’est génial de découvrir de nouvelles enceintes, un nouvel univers.

Chaque endroit m’offre une expérience de plus à vivre.» Froid ou pas, David Moss reste chaud bouillant! «Je suis extrêmement heureux et fier d’avoir pu évoluer 10 ans en NHL», glisse-t-il, «mais j’essaie aussi simplement de profiter au maximum de ce que la Suisse a à m’offrir». Comme une patinoire qui n’existerait même pas dans les rêves les plus farfelus d’un joueur de NHL.

Bienne au lieu de Genève

C’est donc à Bienne que David Moss a atterri en cours de saison. Et non pas à Genève, où il avait signé un contrat à l’été 2014, comportant une clause libératoire pour la NHL que ce dernier a finalement pu activer.

Mais son aventure dans la grande ligue nord-américaine a pris fin l’année suivante chez les Coyotes de l’Arizona. Et le robuste ailier (1m93 pour 95 kg) de se retrouver dès lors sans club. «Je n’étais pas pressé de venir en Europe, mais rien ne s’est présenté à moi du côté de la NHL.

Cet automne, je me suis alors entraîné seul ou avec d’autres joueurs sans contrat dans l’attente de recevoir une offre intéressante. Ce n’était pas facile de se motiver tous les jours, mais en voyant ce que j’ai aujourd’hui, je me dis que j’ai rudement bien fait de persévérer», sourit le Seelandais.

Il est heureux comme un gosse, David Moss. Sa passion du jeu demeure intacte et sa soif de découverte est davantage assouvie depuis fin novembre, lorsqu’il a été engagé en remplacement d’un autre Américain, Tim Stapleton, transféré un peu plus tôt au HC Lugano.

«Je voulais absolument encore jouer. La Suisse, dont j’ai reçu par le passé de très bons échos par rapport à son championnat, représentait une opportunité fantastique que je n’ai pas hésité à saisir. La décision était facile à prendre. J’ai d’ailleurs toujours su, à l’époque, que ce pays pourrait faire partie de mon futur. Je comptais bien venir en Suisse!», lance le natif de Livonia, dans le Michigan.

Une agréable vie de famille

Etait-ce l’odeur du chocolat qui l’attirait? Le ras-le-bol des hamburgers? Les Alpes? «Je savais juste que c’est un pays magnifique où la vie est fort agréable et surtout avec une très bonne ligue de hockey sur glace», souffle l’Américain, père d’un enfant âgé de 6 mois, qui est venu à Bienne en compagnie de sa femme.

«Les trajets sont courts en LNA, c’est idéal. Cela me permet de dormir chaque soir à la maison, de voir grandir mon enfant quotidiennement. Il était très important pour moi de ne plus être systématiquement en déplacement, loin de ma famille. Ça a clairement compté dans mon choix.»

À l’évidence, David Moss se plaît dans son nouveau quotidien helvétique. Son sourire parle pour lui: «Avec ma femme, nous nous sentons très à l’aise à Bienne, c’est une place de choix», souligne-t-il.

«On passe du bon temps en Suisse. Mais il est vrai que cela change beaucoup des Etats-Unis, c’est une nouvelle vie.» L’attaquant trouve-t-il assez de fast-foods à son goût de ce côté-ci de l’Atlantique?

«Plusieurs choses me manquent, évidemment, mais en tout cas pas la nourriture! Elle est excellente ici.»

Un petit risotto léventin?

 

«Je n’ai pas un jeu joli à regarder»

DROIT AU BUT Le public seelandais n’a pas été d’emblée convaincu par David Moss, son nouveau renfort américain en manque de temps de jeu à son arrivée. Et surtout, fidèle à son style...

Soit un grand gabarit qui fonce droit au but et va traîner dans la zone du gardien adverse à l’affût des rebonds, faisant de la place dans la mêlée. L’attaquant, presque gêné, acquiesce: «J’ai toujours joué comme ça, je sais que je n’ai pas un jeu joli à regarder...» Mais cela s’avère de plus en plus efficace après des débuts plutôt hésitants. «Je suis en quelque sorte la forme que tient l’équipe, ça va mieux», glisse cet ailier robuste qui aime le jeu physique.

L’Américain a jusqu’ici inscrit quatre buts et réussi neuf assists en 15 matches. Un bilan, pas si mal, qui colle à ses qualités. David Moss n’a jamais été un «serial buteur», comme le confirment ses statistiques en NHL: 82 réussites et 102 mentions d’assistance en plus d’un demi-millier de parties disputées – il a par ailleurs pris part à deux championnats du monde.

«À Bienne, j’essaie d’être le plus décisif possible, mais cela change du rôle qui m’était attribué en Amérique du Nord. Et en Suisse, il n’est pas évident de faire valoir son physique parce que les patinoires sont plus grandes et qu’il y a donc beaucoup d’espace.»

PAS RASSASIÉ David Moss – préféré ces derniers temps au Suédois Niklas Olausson – s’entend notamment très bien sur et en dehors de la glace avec le Canadien Maxime Macenauer. Deux joueurs qui n’ont pas encore de contrat pour la prochaine saison. «Je vais voir quels sont les plans du HC Bienne et ce qui se présente», lâche l’Américain.

«Je ne sais pas encore de quoi sera fait mon avenir. Mais j’espère vraiment continuer à évoluer à un haut niveau, je pense en être encore capable. Si rien ne s’offre à moi en Europe, je rentrerai en Amérique du Nord et m’entraînerai dur en espérant pouvoir rebondir une nouvelle fois.»

Car l’attaquant de 34 ans n’est de loin pas rassasié. «Je ne sais pas si mon corps tiendra jusqu’à mes 40 ans», rigole-t-il, «mais je jouerai aussi longtemps que je resterai en forme». Ce n’est en tout cas pas l’envie qui manque à David Moss. «J’aime le hockey, j’aime la compétition. C’est ma vie depuis une quinzaine d’années, et je me sens privilégié.»

 

Huguenin de plus en plus confiant

DE RETOUR DE SLOVAQUIE Le HC Bienne peut compter sur un Anthony Huguenin en pleine bourre. Le défenseur est de retour de la Slovakia Cup – où il a été aligné au côté du Fribourgeois Jérémie Kamerzin –, soit ses neuvième et dixième matches en sélection nationale riches d’enseignements.

Le boulot n’a en effet pas manqué le week-end dernier face à la Biélorussie et la Slovaquie... «Sur un plan personnel, cela s’est franchement assez bien passé. Mais c’était un tournoi difficile, où l’on a affronté de bonnes équipes», note-t-il. Il faut dire aussi que la Suisse alignait une jeune formation.

«Nous avons vraiment eu de la peine à nous créer des occasions. On a essayé de bien jouer défensivement, mais ce n’était pas forcément évident. Il est clair que l’on a fini par plier (réd: deux défaites).»

Place désormais au Huguenin nouveau après un début de saison poussif? «Non», coupe le Fleurisan de 24 ans, «je pense que je jouais déjà bien avant de rejoindre l’équipe de Suisse».

Très juste, ses dernières parties disputées sous le chandail biennois se sont avérées convaincantes. Le Seelandais n’a d’ailleurs pas été retenu pour rien sous les drapeaux.

«Mais cette nouvelle bonne et sympathique expérience internationale m’a donné de la confiance. J’ai aussi essayé d’engranger de l’énergie positive pour la ramener dans le vestiaire du HC Bienne. Je suis d’ailleurs super content d’avoir retrouvé mes coéquipiers.»

Peut-être que le coach du HCB Kevin Schläpfer le fera évoluer en infériorité numérique ce week-end, comme avec la Suisse... «Non, je ne pense pas, ce n’est pas mon fort», rigole Huguenin. «Mais jouer en box-play m’a permis de voir autre chose.» Et d’emmagasiner de l’expérience.

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