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ATHLÉTISME

Le grand rendez-vous d’Agnou

L’heptathlonienne seelandaise participe aux Mondiaux M20.

Passée en catégorie M20, l’heptathlonienne d’Evilard Caroline Agnou participe aujourd’hui et demain aux Mondiaux à Eugene, aux Etats-Unis. «Je ne suis jamais partie si loin...», glisse-t-elle. (Archives/Ruben Hollinger)

Sélim Biedermann

Caroline Agnou entre dans la cour des grands. Aujourd’hui et demain, l’heptathlonienne est en lice aux championnats du monde M20 à Eugene, aux Etats-Unis. Un univers nouveau pour la Seelandaise d’à peine 18 ans. Pour celle qui a décollé lundi 14 juillet déjà, c’est comme dans un rêve, un premier objectif d’une vie d’athlète. «De toute façon!», coupe-t-elle avec assurance et sans manque d’ambition. «Je suis très heureuse. Je me réjouis vraiment beaucoup.»

Le juvénile monde des M18 est désormais derrière elle. Il a fallu gérer la transition, s’adapter aux nouvelles exigences, par exemple au niveau de la hauteur des haies, de la lourdeur du poids. Soit des habitudes, des mécanismes à effacer pour faire place à une nouvelle dimension. «Je me suis préparée en conséquence, mais je reste plutôt tranquille», lâche la citoyenne d’Evilard. «Il est clair qu’au début, le changement est difficile. Mais avec le temps et les entraînements, je suis désormais au point.»

Qualifiée d’emblée

La talentueuse sociétaire de Status Bienne a d’ailleurs fait l’impasse sur la saison en salle pour se concentrer déjà l’hiver dernier sur le grand rendez-vous de l’année 2014. Un entraînement intensif? «Oui, quand même...», souffle Caroline Agnou. «Je me suis penchée sur les détails à améliorer dans chaque discipline, les nouvelles techniques à adopter. Je me suis bien préparée pour pouvoir me rassurer le plus tôt possible dans la saison. C’est plus facile si on n’a pas à courir après la qualification, on peut s’entraîner plus librement, dans de meilleures conditions.»

A la fin du mois de mai dernier à Landquart, dans les Grisons, à l’occasion du meeting national de concours multiples, la jeune heptathlonienne a en effet réussi les minimas exigés afin d’accéder aux Mondiaux M20 du premier coup, en obtenant 5496 points, soit 219 de plus que demandés. «C’était idéal!», se réjouit-elle. «Cela m’a permis d’être sereine, de ne pas stresser. C’est la préparation qui m’a amené jusqu’à ces Mondiaux.» Une compétition relevée à laquelle la Seelandaise n’était au départ pas sûre de pouvoir prendre part. «Quand j’ai vu que cela se déroulerait aux Etats-Unis, je me suis dit: ‹c’est quand même un long chemin à effectuer›. J’ai alors discuté avec mes entraîneurs afin de savoir si c’était envisageable, comment s’organiser.» Et de très vite recevoir le feu vert de ces derniers.

Se situer par rapport aux meilleures

La voilà donc de l’autre côté de l’Atlantique, Caroline Agnou, qui sera du reste une des plus jeunes sportives à se présenter à Eugene. «Cela me permettra de voir où je me situe par rapport aux meilleures athlètes de ma catégorie. C’est la première fois que je dispute une compétition internationale, en plus de cette importance! Et je ne suis jamais partie si loin...» Mais l’adolescente d’Evilard, jetée pourtant dans l’inconnu, reste cool. «Je ne connais pas encore les autres filles, alors il serait assez dangereux de se fixer des objectifs précis au niveau du classement. Le but consiste surtout à prendre du plaisir, à rassembler des impressions.»

Et la polyvalente et prometteuse Suissesse regarde plus loin, elle songe à l’avenir, souhaite simplement poursuivre sa progression. «Je veux aussi améliorer mes performances.» Notamment sur le 800 m et au saut en hauteur, ses disciplines les plus faibles. Alors qu’elle pourra s’appuyer sur certains solides acquis, aux lancers principalement, sa force No 1. Quoi qu’il en soit, ces Mondiaux M20 sont tout bonus pour la «pépite» d’Evilard, qui, à 18 ans, a également le droit de se réjouir de ses prochaines vacances, après son retour des Etats-Unis qu’elle effectuera le 29 juillet. «Il me faut aussi un peu de pause!», rigole Caroline Agnou, une athlète appliquée.

800 francs à dénicher

bien à bienne  L’athlète de Status Bienne, aussi douée soit-elle, se plaît dans le petit club seelandais. Ayant désormais atteint la maturité, Caroline Agnou ne rêve pourtant pas d’aller suer sous d’autres cieux, dans des clubs plus réputés. Ce n’est en tout cas actuellement absolument pas encore un sujet de discussion: «Je suis Biennoise et appartient au Status Bienne. Je compte rester ici», prévient sans sourciller l’heptathlonienne de 18 ans.

Les sociétaires de grands clubs ont notamment davantage de facilité à récolter les liquidités nécessaires afin de prendre part à des compétitions d’envergure. Alors que Caroline Agnou, faisant partie des 15 membres actifs du club seelandais, ne bénéficie guère de la renommée de ce dernier pour recevoir l’appui de sponsors. Pour être du voyage des Mondiaux M20 à Eugene, comme les autres athlètes suisses, elle a dû dénicher 800 francs. Et ce, principalement dans son entourage. «Je suis très reconnaissante», lâche-t-elle. La Seelandaise a sollicité au total quelque 200 personnes et entreprises établies dans la région...

Swiss Athletics procède, ainsi, de la même manière que beaucoup d’autres pays, explique Beat Freihofer, son responsable de la communication. «On a pris en charge le coût des flyers utiles aux athlètes pour aller récolter de l’argent dans leur entourage», souligne-t-il. Un flyer personnalisé qui a permis à Caroline Agnou d’amasser 800 francs. Et si, par ailleurs, cette somme était franchie, les talentueux jeunes athlètes suisses pouvaient alors conserver le fruit de leurs recherches.

La délegation helvétique est partie lundi 14 juillet, une semaine avant le coup d’envoi des Mondiaux M20. Donc les frais ne sont pas moindres... Sur un total de 84 000 francs nécessaires à ce déplacement, chaque sportif coûte 3000 francs à Swiss Athletics. «C’est cher!», convient Beat Freihofer. «Mais nous voulions que le groupe puisse s’acclimater et se préparer au mieux.»  BT-SBI

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