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Les Suisses draguent le Tour

Des cantons souhaitent accueillir la Grande Boucle, dont Neuchâtel et le Jura.

Le Tour de France fera-t-il à nouveau bientôt étape en Suisse? Rien n’est acquis, mais quelques projets sont en train de mûrir. (Keystone)

Julian Cerviño

Les Suisses aiment le Tour de France et pas seulement devant leur télévision. Plusieurs villes et cantons souhaitent accueillir la Grande Boucle ces prochaines années. La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Berne, Fribourg, le Valais et Genève sont intéressés. Voici le tour de quelques projets.

Le plus concret, pour l’instant, semble être celui de la ville de Berne. Christian Prudhomme a rendu visite aux autorités locales en mai. Le maire de la capitale, Alexander Tschäppät, était accompagné par Andy Rihs, patron de BMC, et plusieurs représentants des autorités communales et cantonales. «Je confirme notre intérêt pour organiser une étape», déclare Alexander Tschäppät. «Mais je ne peux pas encore me prononcer sur les chances de succès de notre candidature et l’itinéraire que cette étape emprunterait.»

Bisontins séduits

Christian Prudhomme précise: «Comme beaucoup de villes, Berne aimerait organiser un contre-la-montre. Ce n’est pas évident pour nous, mais nous retenons cette candidature comme toutes celles qui viendront de Suisse. Nous avons connu des bonnes expériences dans ce pays. La dernière fois à Porrentruy (en 2012), c’était magnifique.»

Les représentants jurassiens sont d’ailleurs restés en contact avec les dirigeants du Tour. Lundi, une délégation de ce canton était présente à la Planche-des-Belles-Filles. «Christian Prudhomme nous avait déjà dit en 2012 que le Tour reviendrait chez nous», indique Jean-Claude Salomon, président du comité d’organisation de l’époque. «Je ne sais pas si ça serait sous forme d’une arrivée ou d’un passage. Pour le moment, nous ne pouvons pas nous lancer dans une nouvelle candidature. Nous ne disposons pas du 1,4 million de francs nécessaires pour financer un tel événement.» Les Jurassiens se concentrent sur l’étape du Tour de Romandie 2015 (lire ci-dessous).

Projet ambitieux à Genève

Dans l’Arc jurassien, le principal projet concerne La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, en collaboration avec Besançon, voire Berne. Avec la proposition de relier Berne à la Métropole horlogère, pour enchaîner avec une étape entre le chef-lieu neuchâtelois et la cité bisontine, qui sont jumelés. Séduit par cette idée, Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon, en a parlé avec Christian Prudhomme. L’édile franc-comtois a suivi la course dans la voiture du directeur du Tour.

«C’est très compliqué à organiser, mais vu l’impact extraordinaire du Tour de France, il vaut la peine d’étudier ce projet», assure Jean-Louis Fousseret, dont la ville accueille très régulièrement la Grande Boucle. «Je ne pense pas que cela puisse se réaliser avant 2016 ou 2017. Il sera primordial de trouver des appuis financiers, car aucune collectivité suisse ou française ne peut supporter les frais que ce type d’opération comporte. Toutefois, cela donnerait une belle image de la région et une bonne preuve de la collaboration transfrontalière.»

Habitués du Tour de France, les Valaisans sont peut-être les Romands les mieux placés pour recevoir le Tour de France ces prochaines années. «Verbier et Crans-Montana font partie des villes régulièrement candidates et nous y retournerons certainement», glisse Christian Prudhomme. Depuis l’arrivée d’étape du Dauphiné à Finhaut-Emosson cette année, les organisateurs français sont tombés sous le charme de ce cadre magnifique.

A Fribourg, une possible candidature est en examen, comme à Genève. «Nous avons été approchés par des organisateurs genevois voici quelques mois, mais nous n’avons pas eu de nouvelles depuis», précise Christian Prudhomme. Le projet genevois est le plus ambitieux. Le souhait est de dérouler le «tapis rouge» pour le Tour sur trois jours. Cela comprend une arrivée d’étape sur la rade, un jour de repos et une étape de montagne dans la région genevoise en collaboration aussi avec la France voisine. Les organisateurs lémaniques ne sont, cependant, pas pressés. Leur priorité est de s’assurer du soutien des autorités locales (communales et cantonales).

Donc, le Tour de France visitera certainement la Suisse et la Romandie lors de ces prochaines années. Reste à savoir quand et précisément où...

La frustration de Martin Elmiger

Martin Elmiger (à gauche, photo Keystone), champion de Suisse en titre, est encore parti en échappée hier entre Besançon et Oyonnax. Repris à 20 km de l’arrivée, le Zougois a passé 140 km en tête avec ses différents compagnons d’échappée. Surtout avec les Français Cyril Lemoine et Anthony Delaplace. La tactique de la formation Cannondale de Peter Sagan lui a été fatale. Cela n’a cependant pas permis au Slovaque de lever les bras. Sa précipitation dans la dernière descente a profité à Tony Gallopin, qui a bien joué le coup.

Martin Elmiger exprimait une frustration légitime à l’issue de cette journée marquée par le retour de la chaleur. «Je pensais que l’échappée pouvait aller au bout. C’est dommage car je me sentais bien aujourd’hui. C’est toutefois difficile quand deux coureurs sur trois ne roulent pas vraiment. C’est aussi frustrant de se faire condamner par une formation qui ne gagne pas. Mais c’est la course.»

Deuxième en 2008 et troisième en 2007 sur la Grande Boucle, le Suisse d’IAM tourne autour de la victoire depuis un moment, mais ne se décourage pas. «Cette année, je me sens beaucoup mieux que lors des autres éditions. Le Tour n’est pas encore fini. Je vais encore essayer de partir en échappée. Quand est-ce que je vais gagner? J’aimerais bientôt répondre à cette question.»

La frustration de Martin Elmiger était mêlée à un sentiment d’injustice, puisque le prix de la combativité a été décerné à Nicolas Roche, parti en contre dans le final. «J’ai essayé de rester le plus longtemps possible devant, mais ça n’a pas suffi», déplorait le Suisse. «Peut-être qu’ils ont décerné ce prix à Nicolas Roche parce que son père (Stephen) a déjà gagné le Tour de France.» Ou peut-être parce que le Zougois avait déjà remporté cette distinction lors de la septième étape arrivant à Nancy.

Son directeur sportif, Serge Beucherie, ne comprenait pas non plus cette décision. «Il faudra qu’on m’explique. Ce n’est pas juste. Martin Elmiger a été l’animateur de l’étape, il a roulé toute la journée devant.» Le quadruple champion national aurait bien mérité cette distinction et la récompense de 2000 euros qui l’accompagne. Les divers sprints du Suisse ont tout de même permis à sa formation d’ajouter 1800 euros aux prix amassés depuis le début du Tour, soit 10280 euros au total.

Le Tour de Suisse va perdre trois jours

«La réforme du cyclisme est lancée», affirme Philippe Chevallier, directeur technique de l’UCI. Après une réunion mardi à Besançon, le dirigeant de la fédération internationale est catégorique. Pour la Suisse, le changement principal concerne le Tour de Suisse. «Il perdra trois jours», divulgue Philippe Chevallier. «Les nouveaux dirigeants de l’épreuve ne sont pas contents, mais c’est ainsi.» La boucle nationale se déroulera donc sur six jours et non plus sur neuf comme actuellement. Comme le Tour de Romandie, qui conservera ses six jours entre le mardi et le dimanche. Pour l’instant, ces deux épreuves devraient se maintenir dans la première catégorie du World Tour. «Nous allons tout faire pour rester au plus haut niveau», assure Richard Chassot, directeur du Tour de Romandie. «Nous devrons augmenter un peu notre budget (plus de 4 millions de francs) et passer une évaluation l’année prochaine.»
Le nouveau calendrier et cette réforme entreront en vigueur en 2017. «En 2015, nous débuterons une phase de test avec neuf équipes professionnelles qui devront mettre en pratique le nouveau cahier des charges», explique Chevallier. £ jce

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