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Patinage artistique

L’heure est à la remise en question

Nicola Todeschini est passé complètement à côté des championnats de Suisse à Lucerne. Le Jurassien bernois a manqué son programme libre, échouant du coup à la 4e place du classement.

La déception de Nicola Todeschini après son programme libre, qui l’a fait passer de la 2e à la 4e place (photo Keystone)

Christian Kobi

Les championnats de Suisse ont tourné au fiasco ce week-end à Lucerne pour Nicola Todeschini. Deuxième après le programme court vendredi, mais déjà largement distancé par le grand favori et futur vainqueur Stéphane Walker, le patineur erguëlien a sombré samedi: jamais dans le coup, il a pris la quatrième place du programme libre.

Avec un score final de 160,80 points, il termine ces championnats de Suisse à une modeste quatrième place, deux points derrière  Nurullah Sahaka (3e avec 162,42 points) et dix derrière Lukas Britschgi (2eavec 170,60 points). Une sacrée contre-performance pour celui qui se voyait bien franchir la barre des 200 points et glaner un deuxième titre national, après celui de 2014 à Lugano...

Dépité à sa sortie de la glace, Nicolas Todeschini a eu besoin de longues minutes pour reprendre ses esprits et parvenir à s’exprimer. «C’est un sentiment de honte qui m’habite en ce moment», lâchait-il dans les travées du Eiszentrum de Lucerne. «Ce n’est franchement pas facile à accepter. La dernière fois que j’ai été battu par trois gars lors de championnats de Suisse, cela doit bien remonter à plus de 10ans... Je n’arrive pas à expliquer ce qui s’est passé.»

Cette porte qui ne s’ouvre pas
Pourtant, contrairement à vendredi où il en avait voulu aux juges pour le peu de crédit accordé à prestation artistique, le jeune homme de 19 ans ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même après sa piètre prestation de samedi. L’incompréhension n’en était pas moins grande. «Je ne comprends pas. A l’entraînement, je réussis quasiment tout ce que j’entreprends. Par contre, en compétition, j’ai beaucoup de mal à me concentrer et à rester dans le coup dès que je commets une faute.»

Des fautes, il y en a eu de nombreuses durant ce week-end en Suisse centrale. Les sauts, particulièrement, ont été mal maîtrisés. Mauvaise réception lors de son premier triple axel du libre, chute lors du deuxième puis rechute lors du triple lutz en fin de programme, la liste est longue, trop longue. «C’est rageant car j’ai l’impression d’avoir les clés de la porte en mains, mais de ne pas parvenir à l’ouvrir», image-t-il. «En fait, j’ai confiance en moi jusqu’à ce que je doive exécuter mon saut. Et là, soudain, ça coince.»

Un problème mental
Et si le problème, à tout hasard, se situait quelque part entre les deux oreilles? C’est en tout cas l’avis de Jean-François Ballester, qui coachait l’élève de Karel Fajfr – parti en Pologne avec d’autres patineurs de son groupe – à Lucerne. «Je pense que Nicola souffre d’un réel problème de concentration. Il a de la peine à gérer le stress, la peur de la contre-performance le bloque», estime le professeur du CP La Chaux-de-Fonds.

Le manque de compétition du citoyen de Renan n’a pas aidé à le débloquer, lui qui ne s’est présenté qu’à un seul concours cet automne. «Il aurait dû en disputer davantage», juge son entraîneur par intérim.

Entre Jean-François Ballester et Nicola Todeschini, même dans la déception, le courant semble passer. Il n’est impossible que cela débouche sur une collaboration plus étroite à l’avenir. «Nicola a besoin de se libérer. Aujourd’hui, il s’autogère trop, il veut tout contrôler. Il doit apprendre à mieux s’écouter», poursuit son coach du week-end, qui lui lance un appel du pied on ne peut plus clair: «S’il veut trouver la manière d’ouvrir la porte, je veux bien être son serrurier.»

L’occasion était bonne
Doté d’un talent indéniable mais incapable de gérer le stress de la compétition, Nicola Todeschini aura des choix à faire concernant la suite de sa carrière. Mais dans l’immédiat, il devra gérer l’immense déception de Lucerne. Car pour lui, l’occasion était bonne de prendre le dessus sur son rival Stéphane Walker, sacré pour la quatrième fois au niveau national malgré un score moyen (191,60 points).

Le Valaisan, diminué par une blessure à un pied, n’était pas au mieux. «J’ai même pensé à demander une pause pendant le programme libre car je me suis fait mal sur le premier saut», avouait-t-il, lui qui ne chaussera pas ses patins cette semaine pour se soigner.

Nicola Todeschni, de son côté, compte bien se remettre au travail immédiatement. Rebondir après une déception, telle est la marque de fabrique des grands champions. Le Jurassien bernois a l’occasion de prouver qu’il appartient à cette catégorie.

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