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VTT

Le vélo, instrument de plaisir et de découverte

Jamais depuis le début de sa carrière Emilie Siegenthaler n’avait eu l’occasion de passer tout un été en Suisse. La vététiste biennoise en profite pour écumer les sentiers du pays.

Où qu’elle aille, comme à son habitude, Emilie Siegenthaler ne manque jamais d’embarquer son vélo avec elle. Comme ici, au glacier d’Aletsch (photo ldd)

Christian Kobi

A cette époque de l’année, habituellement, elle enchaîne les manches de Coupe du monde de descente à la vitesse grand V, de Vallnord à Lenzerheide en passant par LesGets et Val di Sole. Mais cet été, forcée, contrainte, Emilie Siegenthaler ronge son frein. Et elle s’en accommode plutôt bien, à l’entendre. «J’en profite pour découvrir plein d’endroits en Suisse que je ne connaissais pas, ou alors très mal, comme le glacier d’Aletsch ou les Grisons», dévoile la Biennoise, qui où qu’elle aille n’oublie jamais d’embarquer son vélo avec elle.

Cela fait plus de 10 ans qu’elle n’avait plus connu un été «aussi tranquille, sans voyages à gauche à droite», souffle la descendeuse de 33 ans, 12 saisons de Coupe du monde au compteur. Dès lors, son programme estival se veut être un mélange «de moments de pur plaisir» passés dans les montagnes suisses ou dans la région, et d’autres plus sérieux, faits de séances de musculation et de physiothérapie. C’est qu’en début d’année, la multiple championne de Suisse avait dû passer sur le billard après s’être amochée le ligament intérieur du genou droit sur une piste de pump-track en Espagne. Un souvenir douloureux.

Pas à 110, mais à 95%
Aujourd’hui, Emilie Siegenthaler estime avoir bien récupéré de son opération. Tout juste avoue-t-elle sentir «un peu de raideur» dans son genou lorsqu’elle roule plusieurs jours à la suite. «Il me faudra du temps pour retrouver toute la souplesse et l’élasticité, et je manque aussi encore de force dans la jambe», concède la vététiste, qui roule désormais avec une attelle. «S’il y avait une course demain, je pourrais être au départ. Peut-être pas à 110, mais à 95%», ajoute-t-elle.

Une estimation purement anecdotique, car la saison de Coupe du monde est loin du portillon de départ. A ce jour, il est prévu que les descendeurs se retrouvent pour la première fois du 9 au 11 octobre à Leogang, en Autriche, à l’occasion des Mondiaux, avant d’enchaîner avec deux manches de Coupe du monde. «Leogang, à mon avis, c’est l’événement qui a le plus de chances de se dérouler, même si on ne sait pas si les Australiens, les Néo-Zélandais ou les Américains pourront y participer», soupire Emilie Siegenthaler, qui est aussi dans le flou pour la suite. Par la bande, il se dit que la manche finale de Lousa, au Portugal, serait à son tour sur le point d’abdiquer.  

Du temps à disposition
Et au niveau national? Les championnats de Suisse de descente, prévus à Leysin, ont d’ores et déjà été annulés. Reste la série Hot Trail, dont la prochaine étape fera halte ce week-end à LaBerra, dans le canton de Fribourg. Un événement auquel les meilleurs vététistes helvétiques sont activement «invités» à participer par Swiss Cycling. «C’est plus de l’enduro que de la descente comme on en a l’habitude», grince la Biennoise, qui hésite d’ailleurs à prendre avec elle son vélo de downhill. «Cette course sera tout sauf représentative de notre forme du moment en descente», dit-elle.

En attendant, Emilie Siegenthaler continue de rouler à la découverte de la Suisse. «Je ne suis absolument pas en stress. D’une certaine manière, cette situation est une chance pour moi de retrouver l’intégralité de mes moyens.» Quoi de mieux, pour y parvenir, que la beauté des paysages grisons ou du glacier d’Aletsch?
 

Des réserves financières bienvenues
Si cette saison quasi-blanche permet à Emilie Siegenthaler de bien récupérer au niveau physique, elle la prive en revanche d’importantes sources de revenus. Car en sus de son contrat avec son team, Pivot Cycles, la vététiste biennoise compte sur les primes en compétition pour amasser quelques pépettes. «C’est clair que c’est un peu galère au niveau financier», avoue-t-elle, «ce d’autant plus les remplacements que j’ai l’habitude de faire dans une école biennoise sont tous tombés à l’eau ce printemps. Heureusement, je suis quelqu’un de raisonnable et j’ai quelques réserves.»

Un côté cartésien qui l’incite à voir plus loin que le jour d’après. A l’automne, son dernier contrat d’une année signé avec Pyvot arrivera à son terme. «Ça m’embêterait de finir sur une non-saison comme celle-là, d’autant que je viens d’effectuer un gros travail pour récupérer de mon opération. Là, franchement, je suis bien motivée à repartir pour une saison en 2021.» Une première rencontre avec les dirigeants de la firme américaine pourrait avoir lieu mi-septembre, aux Gets, à l’occasion d’un événement sur invitation. «Une partie de mon team va sûrement se déplacer. Cela fait tellement longtemps qu’on ne s’est plus vus en vrai…» Ainsi va la vie en 2020. ck

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