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Les sacrifices forcés d’Emilie Siegenthaler

La descendeuse biennoise poursuivra sa carrière chez Pivot Cycles en 2020. Mais pour parvenir à un accord avec la firme américaine, elle a dû mener des négociations qui se sont avérées plus compliquées que prévu.

Après cinq ans passés sur un vélo aux roues de 27,5 pouces, Emilie Siegenthaler passera à un 29 pouces la saison prochaine (photo Boris Beyer/LDD)

Christian Kobi

A la base, cela ne devait être qu’une simple formalité. Fin août, juste avant de boucler sa 12e saison au plus haut niveau, Emilie Siegenthaler nous confiait qu’elle était prête à repartir pour un tour, le 13e. Une simple question de détails à régler, estimait-elle alors. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, le temps s’est écoulé, et son nouveau contrat d’une année vient à peine d’être retourné dûment signé. «Cela s’est avéré plus compliqué que prévu. Les négociations ont traîné en longueur», soupire la descendeuse biennoise de 33 ans, membre depuis cinq saisons de Pivot Cycles.

En cause? La volonté de la firme américaine de se tourner davantage vers l’enduro, cette discipline qui mêle VTT de descente et cross-country. Deux des quatre membres de Pivot, les Néo-Zeelandais Bernard Kerr et Ed Masters, y ont brillé lors de la saison écoulée. «Ils ont super bien marché, ce qui fait que la marque est aujourd’hui proche des tout meilleurs dans cette discipline. Pour franchir un cap, les responsables souhaitaient engager une fille pour concourir en Enduro World Series.» Et les regards de se tourner, avec une certaine insistance, vers Emilie Siegenthaler.

Un trait sur les Crankworx
Descendeuse de premier plan jadis passée par le cross-country, la Biennoise avait le profil idéal pour être cette fille-là. Alors, elle a réfléchi. Un peu. «Je n’étais pas très chaude à l’idée de faire de l’enduro», avoue-t-elle d’emblée. «Certains garçons arrivent à concilier les saisons de descente et d’enduro, mais c’est très difficile. Je ne me sentais pas de faire ça. Et j’aime trop la descente pour faire les choses à moitié.» Les ennuis de santé avec lesquels elle avait dû faire face lorsqu’elle pratiquait le cross-country ont achevé de la convaincre. «Je n’avais pas envie de revivre ça!»

Face à ce dilemme, entre désir de conserver l’une de ses meilleures athlètes et volonté de se tourner vers l’enduro féminin, Pivot Cycles a coupé la poire en deux: il a décidé d’engager une autre fille, pure spécialiste d’enduro, et de conserver Emilie Siegenthaler pour la descente. De quatre, le team passera à cinq athlètes, dont deux filles. «Mais le budget reste le même», précise la Seelandaise, qui a dû se résoudre à quelques sacrifices. «Ma saison de Coupe du monde est assurée. En revanche, en 2020, je vais devoir faire l’impasse sur les Crankworx (réd: le circuit parallèle à vocation marketing) pour des raisons financières. Car oui, mon contrat est clairement moins bon de ce point de vue là.»

Lorsqu’elle évoque ces pourparlers, Emilie Siegenthaler parle d’un problème de communication. «La question de l’enduro est arrivée très tard sur la table. Je ne m’y attendais pas du tout», lâche-t-elle. Heureusement, la descendeuse a toujours veillé à assurer ses arrières financièrement, elle qui effectue en ce moment des remplacements dans une école biennoise. «Cet épisode m’a fait me rendre compte à quel point le sport est un business où tout va très vite. Et cela n’a rien à voir avec mes performances sportives», constate-t-elle, finalement pas si malheureuse d’avoir pu trouver un accord avec une équipe pro. Un statut qui reste celui d’une privilégiée dans le milieu du VTT féminin.

Sur un vélo 29 pouces
Si son nouveau contrat n’est plus tout à fait le même, Emilie Siegenthaler, elle, n’a pas changé. La descendeuse partira toujours aussi ambitieuse dans sa saison 2020. «Mon objectif sera à nouveau de faire un maximum de tops 5, et si possible d’améliorer mon classement au général par rapport à cette année (réd: elle a fini 6e). Mais cela n’aura rien d’évident, car plusieurs filles qui étaient blessées cette saison vont faire leur retour. Le niveau sera très compétitif», constate celle qui a décidé de passer d’un vélo aux roues de 27,5 pouces à 29 pouces. «Cela fait cinq ans que je roule sur le même vélo. J’ai envie de franchir ce cap.»

Les premiers tests sont prévus en mars. En préambule d’une saison, la 13e, qui a bien failli ne pas être comme les autres.

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