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Caroline Agnou sur un petit nuage

Retour sur le titre européen M20 de l’heptathlonienne d’Evilard

Caroline Agnou a été rattrapée par les émotions lors de son tour d’honneur. Ronald Gay

Eskilstuna, Ronald Gay

Le soufflé est à peine retombé ce week-end en Suède chez Caroline Agnou, au lendemain de son mémorable triomphe aux championnats d’Europe M20. Sa joie était toujours aussi intense après une performance que l’on peut qualifier d’exceptionnelle.

Avec ses 6123 points, l’heptathlonienne  d’Evilard a relégué sa dauphine, la Belge Hanne Maudens, à 403 points, et la troisième, l’Allemande Louisa Grauvogel, à 419 points. Des écarts immenses! Elle est devenue la première Suissesse à coiffer cette couronne depuis Meta Antenen en 1966.

Les bonnes décisions

Petit rappel: au sortir d’une saison 2013 perturbée par une blessure tenace, Caroline Agnou se trouvait à la recherche d’un nouveau souffle pour relancer sa carrière.  Elle hésitait même à la poursuivre, car la motivation ne semblait plus trop au rendez-vous. Heureusement pour elle, l’arrivée d’Adrian Rotenbühler comme entraîneur a modifié la donne.

L’accent a été mis sur la saison de plein air 2014, au détriment de la partie hivernale en salle, où Caroline Agnou n’a fait que de rares apparitions. «Adrian n’a pas seulement optimisé mes méthodes de préparation. Il m’a également fait prendre conscience de ma position face au sport. Nous avons ainsi pris des décisions qui ont conduit au succès», avoue-t-elle.

L’apport à Eskilstuna de Philippe Huber lui fut précieux. «Il a de grosses connaissances et possède beaucoup d’expérience. En plus, il me connaît déjà depuis plusieurs années, depuis le lancement d’un projet destiné à la relève en concours multiples», fait-elle observer.
Savourer pleinement cet exploit figure en tête des priorités immédiates de Caroline Agnou.

«Après ces championnats d’Europe, mon but est d’apprécier à 100% avant de voir plus loin», dit-elle. «N’oublions pas que tout est nouveau pour moi: titre européen, nouveau record et limite pour les championnats du monde. Je dois encore digérer tout ça...»

En Scandinavie, Caroline Agnou s’est montrée sous un jour qu’on ne lui connaissait pas. Dans un premier temps, la Seelandaise de 19 ans a donné une impression de placidité totale. Mais lors du tour d’honneur, lorsqu’elle est parvenue à la hauteur de sa famille, elle a été submergée par l’émotion.

Une pointe de frustration

Même si sa contribution fut infime, Philippe Huber avait pour atout les connaissances nécessaires pour soutenir la sociétaire de Satus Bienne dans son entreprise. Il la connaît depuis quatre ans, suite au projet de Swiss-Athletics qui a maintenant abouti. Et les détails de ce genre de compétition, avec ses exigences et ses contraintes, lui sont familiers. «Caroline est très indépendante, ce qui facilite grandement le travail d’un coach. Je lui ai juste prodigué quelques conseils», affirme-t-il. «J’ai également l’avantage de très bien connaître Adrian Rothenbühler, son entraîneur.»

Pourtant, pas un seul instant le responsable de Swiss Starters Future n’avait imaginé que la Seelandaise atteindrait un total de points aussi impressionnant. «Si tout se déroulait de façon optimale, Caroline pouvait franchir la barre des 6000 points, m’étais-je dit au départ», lâche-t-il. «Mais qu’elle en ait ajouté 123 supplémentaires, je ne m’y attendais en aucun cas.»

Caroline Agnou a laissé entrevoir une pointe de frustration à l’arrivée du 800 m. Une situation qui n’a pas échappé à Philippe Huber: «Elle devait réaliser 2’18 sur la distance pour décrocher sa qualification pour les Jeux de Rio. Au final, il ne lui a manqué que 77 points. Je peux donc comprendre ce moment de déception.»

Mais le plus beau, dans cette histoire, c’est que l’athlète d’Evilard n’a pas encore exploité tout son potentiel. «Elle doit procéder à de nombreuses corrections dans certaines disciplines. Il s’agit maintenant d’affiner le travail», conclut Philippe Huber.

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