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Le Lucky Luke de l’AJA

Clément Varin a été nommé membre d’honneur

L’ex-champion Clément Varin est devenu un expert en statistiques. LDD

Sélim Biedermann

«On l’appelle le Lucky Luke des statistiques!» Pas de Far West ni de bandits pour Clément Varin, mais le Prévôtois tire plus vite que son ombre lorsqu’il s’agit de modifier une donnée ou d’entrer un résultat dans les tabelles des spécialistes du tartan. Un monsieur précieux pour l’Association jurassienne d’athlétisme (AJA), souligne le président Sébastien Gerber au sujet de son «cowboy» toujours à l’affût de ce que publient les organisateurs de compétitions et les journalistes et tout sauf solitaire.

En effet, malgré sa surdité et son incapacité de parler, Clément Varin est bien entouré. L’ancien champion de demi-fond – il détient à ce jour encore sept records de la Fédération sportive des sourds de Suisse(FSSS) – ne manque d’ailleurs pas un débat concernant l’athlétisme jurassien grâce aux interprètes que lui fournit l’association des malentendants.

Et sa mémoire digne de celle d’un éléphant s’avère fort utile. C’est donc logiquement que cet expert en statistiques efficace et consciencieux s’est vu nommer membre d’honneur vendredi dernier à l’assemblée des délégués de l’AJA, à La Neuveville. «C’était une bonne surprise», glisse-t-il sommairement par courriel. «Et j’ai reçu une belle montre.»

Clément Varin, qui remplit son rôle depuis 2004 au sein de l’AJA, ne s’épanche guère davantage sur une distinction qui l’a pourtant beaucoup ému. Un moment touchant ayant permis de récompenser un bénévole dévoué, qui travaille comme dessinateur sur machines pour gagner sa croûte. Quand il ne transpire pas sur un vélo ou n’effectue pas quelques brasses malgré ses 60ans...

«Je ne peux par contre plus courir à cause d’un problème à un pied. Je le regrette. Mais j’éprouve beaucoup de plaisir en tant que statisticien et aide-organisateur de divers meetings, ainsi que dans mon engagement en faveur des sourds», relève celui qui donne systématiquement un coup de main pour préparer les championnats jurassiens d’athlétisme et épaule le responsable du bureau des calculs durant la compétition.

Le Prévôtois né à Porrentruy n’œuvre pas qu’à l’AJA. Il est aussi le statisticien du CA Courtelary (CAC) depuis 1990 et de la FSSS depuis 1977, dans laquelle il a été le responsable de la section d’athlétisme durant 28ans, rien que ça! Un monsieur engagé, disait-on, en outre membre d’honneur de la Fédération suisse d’athlétisme.

«Après mon père et mon grand-père, j’ai voulu moi aussi faire tout mon possible pour soutenir les jeunes sportifs et les sourds», explique l’ex-entraîneur du CAC – il avait un accompagnant pour mener à bien sa mission entre 1989 et1996 –, qui est moniteur Jeunesse et Sports au niveau 2.

Un titre européen

Malgré une motivation débordante, il n’est pas évident pour une personne sourde et muette de s’intégrer dans le monde des sportifs ne souffrant pas de ces handicaps. Mais l’ex-athlète au riche palmarès avait suffisamment de volonté. À 25 ans, il quittait le Groupe sportif Ajoie pour le CAC.

«Je n’avais pas de problème pour communiquer par oral avec certains», lâche Clément Varin, qui devait lire sur les lèvres de ses coéquipiers, et vice versa. «Mais avec d’autres, j’écrivais ce que je voulais dire sur un papier...»

Rien n’a jamais retenu le Prévôtois dans ses envies. Son énergie lui a ainsi notamment permis de participer à l’organisation des championnats d’Europe de cross en 1987 à Colombier et d’assumer la fonction de président des Européens d’athlétisme des sourds en 1995 à Lausanne.

Deux grands souvenirs. Comme la médaille d’or continentale remportée en 1991 du côté de la Norvège par l’équipe de Suisse féminine de cross-country des sourds qu’il entraînait. «J’en suis très fier», note-t-il à propos de ce titre.

Clément Varin peut désormais être fier d’être devenu membre d’honneur de l’AJA. Marié à Regina, elle aussi malentendante – contrairement à leurs deux jumelles de 31 ans –, il est par ailleurs devenu grand-papa il y a quatre mois: «Je suis tout content en famille», lance ce grand monsieur de l’athlétisme jurassien. Son bonheur est mérité.

 

Retrouvez le classement établi par l'AJA dans cet article.

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