Une marche présidentielle à cinq temps

Pierre-Alain Brenzikofer

Même s’il n’a pas inventé le fameux «Lève-toi et marche», Pierre-Yves Grivel ne perd pas une occasion de démontrer que son parti est toujours debout. Profitant d’une incroyable coïncidence, le président des libéraux-radicaux bernois organise ainsi une marche le 21 mai prochain, à Affoltern en Emmental, baptisée «Rencontre au sommet».

Il faut dire que les radicaux issus de ce canton squatteront les feux de la rampe, en cet an de grâce 2016. Johann Schneider-Amann? Président de la Confédération. Christa Markwalder? Présidente du Conseil national! Hans-Jürg Käser? Président du Conseil exécutif! Carlos Reinhard? Imminent président du Grand Conseil!

Le prochain après Couchepin
Oui, un sacré carré d’as bernois. Et même une quinte flush si l’on compte le président Grivel.

«En mettant cette marche sur pied, j’ai un peu songé à l’ancien conseiller fédéral radical Pascal Couchepin, qui conviait ses féaux et la presse à l’île Saint-Pierre, sourit Pierre-Yves Grivel. Pour nous radicaux bernois, l’événement d’Affoltern sera toutefois unique. Nous n’aurons en effet pas chaque année quatre représentants du PLR occupant d’aussi hautes fonctions présidentielles...»

Forcément, notre interlocuteur mise sur une forte présence, aussi médiatique que radicale. «Nous avons également invité Petra Gössi, la nouvelle présidente des radicaux suisses. L’autre conseiller national bernois Christian Wasserfallen sera évidemment de la partie, lui aussi.»
Le successeur de Hans-Jürg Käser au gouvernement, ce dernier? En tout cas, il ne cache pas son intérêt pour le poste.

Encore la marche de Berne
Forcément, les radicaux se rueront sur le site de leur parti pour connaître les détails de cette marche triomphale. Les simples curieux, avides de côtoyer des stars, se contenteront d’apprendre que tout commencera à 11 h le samedi 21 mai, sur le parc de l’ancien restaurant Löwen, à Affoltern.

Après une marche en commun sur la Lueg, suivie de l’une ou l’autre allocution, on redescendra la colline, comme on dit en tout cas dans le Jura bernois, pour se sustenter sous tente près du restaurant Lueg,  histoire d’entendre encore quelques allocutions présidentielles.
La manifestation se terminera aux alentours de 14h.

Mais pourquoi ce choix d’Affoltern en Emmental? «Parce que nous voulions honorer la région dont est issu Johann Schneider Ammann», précise Pierre-Yves Grivel. Hep, on ne rit pas!

Grivel réélu pour quatre ans

STANDING OVATION C’est assez rare en terre bernoise pour qu’on le signale. Après un premier mandat de quatre ans, précédé d’un intérim de six mois, Pierre-Yves Grivel a été réélu à l’unanimité pour quatre années supplémentaires à la tête des libéraux-radicaux de ce canton. La scène se passait mercredi soir, à Münsingen, où les délégués l’ont longtemps ovationné après son discours.

«Je ne pensais pas occuper ce poste aussi longtemps.Mais je suis très content, nous a confié l’intéressé. On me fait visiblement confiance. Et puis, je suis tout de même fier de diriger, comme Romand, un parti à 90% alémanique. Dans ce canton, ce n’est certes pas courant.»

En 2012, quand il avait accédé à cette fonction, Pierre-Yves Grivel avait émis le vœu que ses troupes retrouvent enfin le feu sacré. Il s’agissait de (se) forger une nouvelle motivation, d’oublier les échecs passés. Aujourd’hui, il parle plutôt de stabilité: «Nous avons maintenu nos élus au Grand Conseil en 2014 et nos deux conseillers nationaux en 2015. Au niveau des chiffres, nous sommes passés d’une force de 8,7% à une autre de 9,3%. Bon, j’aurais bien voulu décrocher un troisième siège au Conseil national. Quant au Conseil des Etats, il faut rappeler que Claudine Esseiva n’avait pas la partie facile face à des poids lourds comme Hans Stöckli et Werner Luginbühl.»

Pour 2016, le grand sportif qu’est Pierre-Yves Grivel entend cependant monter d’une ligue, comme il dit. Ce qui signifie, pour la troisième formation du canton, se hisser à la hauteur du Parti socialiste: «Nous devons être ambitieux. Les prévisions au niveau suisse nous prédisent un bel avenir.»

À MOUTIER LE 18 JUIN Lors de cette assemblée de Münsingen, Pierre-Yves Grivel s’est tout particulièrement réjoui que la majorité gouvernementale soit repassée à droite grâce à un Romand, en l’occurrence l’UDC Pierre Alain Schnegg: «Certains, dans mon parti, m’ont reproché de trop militer en sa faveur. Eh bien, le résultat est là aujourd’hui. Les partis bourgeois peuvent être fiers de ce résultat. Surtout, ils doivent poursuivre leur collaboration.»

Histoire d’en revenir aux radicaux, notre interlocuteur espère récupérer le siège de député perdu dans le Jura bernois lors des dernières élections, Roland Matti n’ayant pas (re)passé la rampe, au contraire de Dave von Kaenel.

Le président, forcément, n’a pas manqué de rappeler à ses pairs l’importance décisive du Jura bernois dans la politique. Evoquant le vote communaliste de Moutier, il souhaite que les conseillers d’Etat «se mouillent véritablement durant la campagne. J’attends un ferme soutien de leur part pour que la ville reste dans ce canton. Je n’ai pas de souci avec Bernhard Pulver et désormais avec Pierre Alain Schnegg. Mais les autres ne doivent pas se laisser aller. C’est leur tâche que de défendre le territoire du canton de Berne.»

Enfant de Reconvilier, Pierre-Yves Grivel est parfaitement conscient de l’enjeu. Il prévoit déjà d’organiser l’assemblée des délégués du parti cantonal à Moutier l’an prochain.

«Quant à la section du Jura bernois, présidée par Patrick Röthlisberger, elle marquera symboliquement la date du 18 juin cette année, juste un an avant le vote. Un pique-nique est en effet prévu à la montagne de Moutier.»

Le Lueg et maintenant la montagne de Moutier? Décidément, les radis voient haut!